Armageddon time, un grand film à l’affiche

Armageddon time, un grand film à l’affiche

Michèle Tatu recommande le film Armageddon time de James Gray

C’est un grand film à la fois  autobiographique et universel car il montre à travers la propre histoire du cinéaste que l’enfance n’est pas une affaire d’innocence.

Paul, le héros du film est odieux avec sa mère quand il commande des plats chinois plutôt que de manger ce qu’elle a préparé. Quant aux enfants de l’école privée, ils sont cruels et cultivent les préjugés raciaux. Pas question pour le cinéaste d’en faire des individus blancs comme neige. C’est la première approche du film.

Et cette vision va nous permettre d’aborder ce récit avec justesse. Nous sommes dans le Queens au début des années 80, Paul est le cadet d’une fratrie de deux enfants. Il va quitter son collège pour intégrer cravate nouée sur son tee-shirt et attaché case en main, une école privée sous parrainage de la famille Trump. Ses parents nourrissent à son égard de grandes ambitions :  ils voudraient que Paul fasse mieux qu’eux, qu’il réussisse. Le père plombier et la mère au foyer ne se satisfont pas de leur sort et projettent une vie meilleure pour leur fils.

Armaggedon time

C’est un récit d’apprentissage. Paul Graff a pour repère un grand-père qui a connu la Shoah et un enfant noir enfant afro-américain habitué à être humilié en toute circonstance : dès le début du film, on voit ce dernier mis à l’écart de la classe au pied du tableau. Lorsque les deux amis sont confrontés à la justice après un larcin, ils ne bénéficient pas du même régime. Paul prêt à condamner les injustices se met au centre de l’une d’elle en trichant sur son innocence. Cela a pour conséquence d’envoyer son ami Johnny derrière les barreaux : celui-ci paiera, car il est afro-américain.


Armaggedon time

 Paul découvre la ségrégation, l’assignation à une classe sociale et progressivement la méritocratie à travers le discours de Maryanne Trump (la sœur de l’ancien président). Dans son école on façonne l’élite américaine, pas forcément sur des critères de talents mais plutôt dans la perspective de la création d’un ordre néo-libéraliste. Paul Graff cultive ses rêves, passionné par la conquête spatiale et son désir de devenir artiste peintre. Une enfance calquée sur celle de James Gray car vous l’aurez compris Paul est le double de James Gray.
Même si le film ne se situe pas temporellement aujourd’hui, on comprend que le racisme, les différences de classes sociales, ont la peau dure. Même si l’idée du temps les années 80 est évoquée avec des couleurs automnales, on n’est pas loin de penser que les problèmes traités sont encore vivaces.

Magnifique récit d’une émancipation, le film revient sur la naissance de James Gray à l’art. Il ne sera pas peintre. Mais cinéaste pour notre bonheur. 

Michèle Tatu

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