Aller au bal aux Chaprais ? suite

Aller au bal aux Chaprais ? suite

La rue de Belfort, une rue animée, des lieux où l’on va danser. Suite du récit de Christian Mourey

L’association Vivre aux Chaprais organise des réunions sur l’Histoire et le Patrimoine au Centre Pierre Mendès France, la prochaine aura lieu jeudi 31 mars à 15 h. Il est prudent de réserver sa place par chaprais@gmail.com

Lors de la réunion Histoire des Chaprais du jeudi 3 mars, Christian Mourey a présenté un exposé intitulé Les bals aux Chaprais. Gambille et soirées « chochotte ». Il a bien voulu publier son exposé (en deux épisodes) sur www.chaprais.info. Merci à lui. Le premier épisode était consacré aux bals de l’Alcazar, du Café français, du Terrass hôtel et du Café A l’espérance au 28 rue de Belfort.
Café du Cercle rue de Belfort
En face, au 37 rue de Belfort, Le Café du Cercle. C’est le totem du quartier. La Commune Libre des Chaprais y a son siège social et cohabite avec une union musicale et une amicale cycliste.


Mairerie

A chaque animation de la Commune Libre, on plaque sur la façade du Café du Cercle un décor : « MAIRERIE »
Fanfare débridée pour la fête de 1936


Fanfare 1936 Chaprais

Cette fanfare prenait la tête de tous les défilés et cavalcades organisés aux Chaprais.


Le cyclisme était un sport très populaire à l’époque. Le Café du Cercle était le point de départ du Besançon-Baume les Dames et Besançon-Belfort aller et retour.

Mairerie course cycliste
Départ de course cycliste, l’homme imposant avec son drapeau : le Président Vieille


Un ensemble d’accordéons : Les Chats Noirs


Chats noirs accordéons


Ce n’est pas un orchestre de bal. D’ailleurs nous n’avons pas trouvé mention d’un bal au Café du Cercle. Cet ensemble participait à des galas, des concours. 5 coupes sont fièrement exposées. L’origine des instruments atteste de la réalité de l’implantation de la colonie italienne aux Chaprais. Assis, deuxième en partant de la droite, Angelo Sartori ,
membre également de l’orchestre de danse Eden Jazz très sollicité à la Libération, événement qui ouvre une période faste pour les bals publics à Besançon et aux environs. La fête de Marnay durait 4 jours. Le décor, certainement au Café du Cercle, la mascotte du quartier, le « chat prêt » à bondir.

Tout en haut de la rue de Belfort, une institution bisontine, l’Auberge Comtoise.
Auberge Comtoise rue de Belfort
On a oublié le jeu de quilles

Sous le nom de restaurant Lempereur, l’établissement figure sur le plan du programme du premier meeting aérien de Besançon en 1911 à Palente, alors polygone militaire. C’est la famille Courbet qui va dynamiser l’Auberge dans l’entre-deux guerres.
Reprise en 1960 par la famille Finckel, c’est l’apothéose. L’Auberge Comtoise est une ruche : hôtel, restaurant, routier, pompes à essence, dancing le samedi soir et le dimanche après-midi, le dimanche matin PMU. En semaine, c‘est le rendez-vous des lycéens de Palente. Le dancing va connaître l’explosion du rock et de la pop-music anglaise des années 60 qui vont galvaniser les boums étudiantes du jeudi soir.

Auberge Comtoise en octobre 1964
L’Auberge Comtoise (en travaux) en octobre 1964. Tout à gauche, l’entrée du dancing.
En avril 2004, l’Auberge est sacrifiée pour la réalisation d’un rond -point d’entrée de ville lacéré par la voie du tram.

Au cours des années 60, la pop anglaise ne s’est pas limitée à l’Auberge Comtoise.
Les enfants d’après-guerre organisèrent leur sur-pat (surprise-partie) non loin de là, à la Maison des Jeunes et de la Culture de Palente et à la salle des fêtes attenante.

The Moods

Les Moods à la MJC de Palente en juillet 1966. La MJC était leur camp de base

Boum avec The Moods
Au paroxysme de l’ambiance, les gars se couchent parterre, les filles tombent à genoux. Les danseurs sont photographiés depuis la galerie du premier étage. La pop-musique devient chamanique. Ni alcool, ni drogue. Seulement le répertoire des Moods reprenant les Beatles, les Rolling Stones, les Kinks et autres Them. Big Ben donne le tempo.


Jeunesses connectées des années 20 (2020), gardez-vous bien de pouffer. Vos grands parents sont peut-être sur la photo.

Jocker's Group 1967

1967, Salle des Fêtes de Palente, matinée dansante avec Michel Balland et Jocker’s Group
En octobre le groupe participe à la première partie du gala de Claude François au Palais des Sports. Ce soir là, l’idole dut se retirer une heure dans les coulisses après avoir essuyé un tir de tomates bien ajusté. Puis le show reprit sans encombres.
A partir des années 1980, les bals perdent de leur flamboyance. Les boums deviennent thés dansants. Quelques bals chics du secteur du casino municipal survivent un temps aux guinches populaires de la rue de Belfort. Il faut dire que là on avait démarré très fort au temps où Besançon s’espérait Besançon-les-Bains.

Grand bal au casino en 1906
Dimanche 27 mai 1906, Grand bal du concours hippique de Chamars, dans la salle des fêtes du casino (devenue le nouveau théâtre). Les messieurs seront en habit. Smoking non admis. Les officiers en uniforme et les dames en toilette de soirée. Le buffet est offert par la direction du Casino.
Concours hippique 1906
La tribune du Concours hippique

Salle des fêtes du casino
L’extérieur de la salle des fêtes devenue le CDN

Salle des fêtes du casino

D’autres bals de prestige furent organisés encore au restaurant du Casino et à l’hôtel Frantel voisin.


Tous les lieux cités où l’on a dansé aux Chaprais n’existent plus. Ils ont été détruits ou reconvertis. Ils étaient tous animés par des orchestres composés de musiciens parfois nombreux et longtemps sans sono. Bals de sociétés, bals publics, guinguettes restent synonymes de jeunesse, de gaieté, de liberté conviviale.
Des animateurs institutionnels tentent de faire revivre l’esprit guinguettes, mais de là à rebaptiser un jour une rue des Chaprais ou de Palente, rue des Guinguettes…. On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Mais bon bain quand même !