Portrait d’un jeune historien
Interview de Jordan Lahmar-Martins
Vous êtes historien ?
Oui, je commence une thèse en histoire.
Etre historien, ça veut dire quoi ? À quoi ça sert ?
En résumé, c’est rechercher des éléments du passé pour comprendre le présent, comprendre les relations entre les gens
Concrètement, en quoi consiste le travail d’un historien ? Passer son temps dans les bibliothèques, éplucher les archives, les vieux papiers ?
C’est cela en partie, mais aujourd’hui, il y a d’autres possibilités. Il y a beaucoup de documents sur Internet. Il y a d’autres sources en particulier en rencontrant les plus anciens, en recueillant les témoignages.
Vous vous intéressez à quelle époque ?
C’est assez large : du XV° siècle à nos jours. L’époque moderne et contemporaine.
Quels historiens célèbres vous ont particulièrement marqué ?
Fernand Braudel qui envisage les transformations sur de longues périodes.
L’historien du Moyen âge Ibn Khaldoun. Et dans un tout autre genre, localement, j’apprécie Jean François Solnon pour ses talents oratoires.
D’où vous est venue cette passion pour l’histoire ?
C’est familial. Ma grand-mère était férue d’histoire. Elle s’intéressait beaucoup à la seconde guerre mondiale et aux relations internationales. C’est grâce à elle que je me suis passionné pour l’histoire.
Quel a été votre parcours ?
J’ai fait mes études à l’Université de Besançon. J’ai complété ma formation dans le domaine juridique à Dijon et à Lyon. J’ai réalisé en 2012 une étude sur les tziganes. J’ai publié des articles dans la presse locale sur l’histoire de bâtiments de Belfort : église et lieux plus insolites. Je réalise des études généalogiques par exemple celle de Rudolph Valentino
Vous avez parallèlement une activité professionnelle salariée ?
Oui, je suis travailleur social depuis 5 ans une structure qui accueille les demandeurs d’asile à Besançon. Mon travail consiste à réaliser le suivi administratif, social, médico-social des demandeurs d’asile. Je propose une aide juridique (recours, accompagnement) de ces personnes. Je veille au respect des procédures. Je m’occupe de leur accompagnement social depuis leur arrivée jusqu’à leur insertion ou leur départ s’ils ne sont pas acceptés. Il y a aussi tout ce qui concerne l’hébergement. Le respect des règles de sécurité. Fort de cette expérience, j’ai publié de nombreux articles en rapport avec mon travail dont une histoire de l’asile.
D’où viennent ces réfugiés ?
Actuellement, ils viennent principalement d’Afrique ou des Balkans et aussi d’Afghanistan. Certains sont venus directement à Besançon parce qu’ils connaissaient, d’autres ont été orientés là par les services d’immigration. La proximité avec la frontière Suisse joue un rôle.
Avez-vous d’autres passions ?
J’aime les langues. J’aime apprendre les langues. Une langue en dit beaucoup sur la société, la culture des gens. Etant né dans une famille originaire du Portugal d’un côté et de l’Algérie de l’autre, je suis bien placé pour ressentir cette réalité. Et mon travail avec les réfugiés m’oblige à essayer de parler un grand nombre de langues. C’est ainsi que j’ai appris des rudiments d’albanais qui n’est pas une langue si compliquée que cela avec beaucoup d’emprunt au français.
Et d’autres loisirs ?
J’adore les jeux vidéo. Mais, en dehors des périodes de confinement, je ne reste pas toujours à l’intérieur. J’aime bien voyager dans la région et aux alentours. Pourquoi faire des milliers de kilomètres quand il y a tant à découvrir non loin de chez soi ?
Etes-vous franc-comtois d’origine ?
Oui, j’ai grandi à Belfort, ma famille vient en partie de Champagne
Depuis quand habitez-vous aux Chaprais ?
Je suis venu à Besançon en 2007 et j’habite aux Chaprais depuis 2017.
Comment avez-vous découvert l’Association Vivre aux Chaprais ?
Par son site web. Je m’intéressais à la vie du quartier. J’ai trouvé facilement le site www.chaprais.info qui est très riche.
Un appel a été lancé pour développer l’animation dans le domaine de l’histoire au sein de l’Association Vivre aux Chaprais. Vous avez répondu positivement à cet appel, pourquoi ?
J’ai envie de m’investir dans la vie du quartier. Je souhaite concilier deux préoccupations : développer le lien social entre les gens du quartier et partager ma passion pour l’histoire.
Avez-vous des idées, des pistes, des projets pour cela ?
Oui bien sûr ! Il y a la poursuite de ce qui se fait déjà : des recherches d’une part sur des monuments, des villas et autres constructions, sur les parcs, sur les rues (je prépare un article sur la rue Marie Louise) ;
d’autre part sur les grandes familles qui ont marqué l’activité industrielle, économique et culturelle du quartier. Mais aussi sur des gens « ordinaires » qui ont contribué au passé des Chaprais. Le quartier était un hameau maraîcher à l’origine, y a-t-il encore des activités « agricoles » ? Le quartier s’est développé grâce à la construction de deux gares et à un grand nombre de cheminots.
Il serait intéressant de mettre à jour toute la richesse de ce passé. Le quartier a été marqué par différentes vagues d’immigration, ce sujet m’intéresse aussi. Bref, il serait intéressant de mettre aussi l’accent sur l’aspect humain. Je propose d’aider les gens qui le souhaitent à rechercher leur histoire familiale.
Appel aux personnes intéressées
Si vous êtes, vous aussi passionné par l’histoire, rejoignez le groupe Histoire de l’Association Vivre aux Chaprais. En particulier, si vous êtes intéressé par une des questions exposées ci-dessus ou si vous avez d’autres propositions. Prenez contact en indiquant vos thèmes favoris, écrivez à chaprais@gmail.com