Les épidémies de fièvre typhoïde aux Chaprais au XIX° siècle
La crise sanitaire que nous traversons nous incite à nous pencher, de nouveau, sur le passé. Et sur les épidémies que notre ville, et en particulier notre quartier des Chaprais ont autrefois connu. Certes ce n’est pas la première fois que nous le faisons. Ainsi, dès le 7 septembre 2013, nous publions sur ce site un article intitulé La fièvre Typhoïde aux Chaprais, à la fin du XIX° siècle. Nous avions évoqué cette épidémie grâce au Mémoire du docteur PERRON daté de 1890. Il y démontrait d’une manière rigoureuse et scientifique que cette fièvre provenait des eaux polluées de la source du ruisseau Fontaine-Argent qui alimentait alors en eau « potable » la partie haute des Chaprais depuis 1875.
Cet article fut ensuite suivi de celui de M. Christian Mourey, le 29 novembre 2014, concernant précisément ce « fameux » Ruisseau Fontaine Argent.
Le ruisseau Fontaine-Argent (photo C. Mourey DR)
Enfin, plus récemment, le 5 octobre 2019, nous évoquions Le docteur Perron et les Chaprais puisque nous avons découvert qu’il vécut et travailla dans notre quartier pendant près de 50 ans !
Dans une brochure de plus de 90 pages, en 1895, le Dr. F. PRIEUR, professeur suppléant à l’Ecole de Médecine et de Pharmacie de Besançon revient sur Les Epidémies de fièvre Typhoïde à Besançon . Et outre un hommage appuyé au docteur Perron en reprenant des passages de son analyse de cette fièvre aux Chaprais en 1888/1889, il cite au moins huit médecins de la région qui se sont intéressés au XIX° siècle à ce phénomène !
Les premiers, semble-t-il appartiennent à la Société de Médecine de Besançon. Ce sont les docteurs DRUHEN aîné, CHENEVIER, BRUCHON et bien sûr PERRON. Bien sûr le nom du docteur DRUHEN évoque, pour les chapraisiens, la manufacture de textile de la rue de la Liberté. Nous aurons l’occasion d’évoquer de nouveau cette entreprise dans de prochains articles.
Le docteur Druhen signalait d’ailleurs, qu’en 1846, 37 femmes (de 20 à 35 ans) d’une communauté religieuse de Franche-Comté avaient été touchées par la fièvre typhoïde.
En 1847, le docteur Alex MEYER appartenant à la même Société bisontine publie « La fièvre typhoïde est-elle contagieuse ? Sur quelles bases doit être établi son traitement. ».
En 1854, une épidémie de choléra sévit dans la ville : bilan 174 morts.
En 1855 la fièvre typhoïde provoque 10 morts à Besançon.
Puis 261 morts de septembre 1856 à décembre 1857 dont 78 militaires. Parmi ces 261 morts, on compte 110 personnes du sexe féminin. Tous les âges sont touchés : 13 victimes sont âgées de moins de 10 ans ; 63 ont entre 10 et 20 ans ; 131 de 20 à 30 ans ; etc.
En 1858, le docteur Druhen publie une Histoire raisonnée des épidémies de fièvre typhoïde observées dans le département du Doubs. Il signale au passage que la population de Besançon est alors de 56 509 habitants dont 5 200 militaires de garnison.
Le docteur DRUHEN est l’auteur de nombreuses communications et rapports
A partir de 1873 et jusqu’en 1884, quelques dizaines de bisontins meurent chaque année. Les militaires ne sont pas épargnés. Certainement parce que, comme l’écrit le docteur Perron en 1890, à propos de l’épidémie de 1888/1889 aux Chaprais :
« La fréquentation par les soldats des guinguettes, jeux de boules, bals publics de banlieue et autres divertissements qui abondent dans la zone moyenne des Chaprais et le vallon Fontaine-Argent alors décimés par l’épidémie, aura sans doute été pour quelque chose dans les cas signalés
A noter qu’en 1885, une épidémie de variole dure 18 mois et provoque 222 décès.
Bien sûr, aucune comparaison ne peut être faite avec la pandémie actuelle.
Sinon, comme pour les observations du docteur Perron concernant les militaires : restez chez vous !
Et n’oubliez pas que d’après l’Organisation Mondiale de la Santé, la fièvre typhoïde fait encore, chaque année, des milliers de morts dans le sud Est de l’Asie et le Nord Est de l’Afrique!
Sources : bibliothèque municipale d’étude et de conservation; Mémoirevive Besançon; OMS.