Roland Gaudillière revient à Ornans saluer son ami Courbet
Quelle bonne idée que cette exposition de 39 œuvres du peintre Roland Gaudillière, à Ornans, dans le cadre du Bicentenaire de la naissance de Courbet. Et ce, du samedi 1er juin jusqu’au vendredi 7, de 10h à 19h, salle des Iles Basses, place Courbet (à proximité de la passerelle piétonne sur la Loue).
Comme le précise le communiqué de Presse :
“ En 1962, en compagnie de Robert Fernier, Roland Gaudillière est partie prenante dans le comité d’organisation de la première exposition des œuvres de Gustave Courbet à Ornans. Cette exposition fera date et sera décisive dans le projet de création du Musée Courbet en 1971“.
Roland Gaudillière est décédé il y a 20 ans : une exposition lui a été consacrée, l’automne dernier à la mairie de Montfaucon, commune où le peintre est inhumé, son atelier installé à la Malate dans la maison familiale. Cette exposition doit beaucoup à la mairie et à l’épouse du peintre, Annie Gaudillière, qui habite les Chaprais et qui s’active depuis des années afin de perpétrer la mémoire et l’oeuvre de son mari qui fut, lui aussi, chapraisien. Le Catalogue Raisonné des productions de Roland Gaudillière, qu’elle organise sur le net, en atteste. http://www.roland-gaudilliere.com/
Mais saviez-vous que Roland Gaudillière a passé une partie de son enfance à Ornans où sa famille habitait un hôtel particulier, place Courbet même. Son père avait installé là son cabinet dentaire tout en rayonnant sur Vercel et Valdahon. Ce père était d’ailleurs tout à la fois dentiste, médecin et vétérinaire et d’un dévouement aux autres tel qu’il reste dans les mémoires des anciens. Il est décédé en 1967.
Roland avait un frère Patrick, né 14 ans plus tard : ils n’ont donc pas été élevés ensemble. Ce musicien professionnel de talent, guitariste classique est décédé il y a 10 ans : il vivait en Espagne, à Alicante, où il était professeur au Conservatoire. Et ce, après une rencontre à Besançon, au Grand Hôtel des Bains avec l’illustre maître, Andrès Ségovia (1893-1987) !
Ce côté artistique des deux frères est, sans aucun doute, un héritage maternel :
Elza Gaudillière était en effet connue pour ses goûts artistiques et son appartenance à la haute société bisontine. Dans les années 50, elle circulait dans la région en Thunderbird et ne passait pas inaperçue. Elle est décédée en 1997.
Ce qui n’avait pas empêché les parents en 1952 de couper les vivres à Roland, qui, parti à Paris, devait survivre en travaillant à des travaux de nuit pour l’étanchéité du métro, tout en poursuivant ses études artistiques !
« La peinture comme un acte de foi » disait le peintre.
Les 39 tableaux présentés à Ornans embrassent l’ensemble de sa carrière. Et comme une sorte de clin d’œil à Courbet,est exposée une œuvre appartenant au Musée Courbet :
« Les deux amies » pièce maîtresse de l’exposition puisque Roland Gaudillière réinterprète la composition de Courbet « Le sommeil » Elle est datée de 1960 et il est indiqué à proximité de la signature du peintre : Hommage à Courbet ;
Exposé aussi un tableau appartenant au Musée des Beaux Arts et d’Archéologie de Besançon intitulé « Le Miroir ».
D’autres tableaux déjà connus mais que nous aurons plaisir à revoir témoignent de la palette d’inspirations diverses du peintre : Le phaéton ; La batteuse ; l’orgue de barbarie. Ou encore Le voyageur ; La lettre ; L’extrême onction et L’enterrement dans le Haut Doubs.
Son dernier tableau « Le dernière feuille » date de 1997 : il n’avait pas eu alors, la force de le signer.
Michel Sarrazin, journaliste, a bien voulu nous autoriser à reproduire une grande partie d’un texte qu’il a écrit sur :
Roland Gaudillière homme de lumière et d’humanisme
Chez ce peintre “ …la maîtrise artistique la plus totale prédomine. Il faut y voir là, un apprentissage solide des bases à l’Ecole des Beaux Arts de Besançon perfectionné aux Arts Déco à Paris.
Mais le travail « technique » ne suffit pas pour réaliser l’œuvre. Il faut de la profondeur intellectuelle, une vraie intelligence de l’âme. Le petit plus qui fait qu’une toile reflète autre chose qu’une image. Ce que Malraux résumait ainsi en parlant de toute œuvre d’art « comme une sorte de prière muette, un appel vers l’absolu, la quête d’un monde irréel, éternel et parfait ».
Roland Gaudillière, initié aux mystères de la lumière nous permet d’approcher son monde invisible et au fil de pratiquement un demi-siècle de peinture nous donne les clefs pour y accéder. Chaque toile est un message en soi, un instant symbolique et sensible qui nous raconte l’histoire du moment. Avec toujours comme une marque de fabrique, un regard humaniste, voire compatissant et indigné lorsqu’on évoque « les femmes de Sarajevo » ou nostalgique « sur le chemin de l’école ».
L’œuvre de Roland Gaudillière s’inscrit dans le grand canevas du chant du monde, c’est aussi une belle histoire de la peinture régionaliste qui ne cessera de nous interpeller et d’inspirer les jeunes générations d’artistes en quête de la beauté que révèle l’une des dimensions essentielles de l’être humain. Cet art qui confine comme le dit Malraux « l’honneur d’être Hommes ».
« Peut-on faire de sa vie une œuvre d’art » s’interrogeait Nietzsche ?
Oui! Mais n’est pas Roland Gaudillière qui veut! »
Sources : Madame Annie Gaudillière; site www.roland-gaudilliere.com