Nous poursuivons la publication –(voir notre billet précédent du 27 juin 2015)– des travaux de recherche de mr. Bernard Carré, sur les combats de la Libération de Besançon et la stèle de la Résistance, place de la Liberté.
En ce qui concerne les forces en présence, nous avons fait état, dans le précédent billet,des forces de l’armée américaine et de la Résistance.
Pour les forces allemandes, Robert Dutriez précise : « Depuis la fin août, deux catégories de troupes allemandes foulent le sol comtois. Primo : les unités chargées de l’occupation territoriale, assez réduites en nombre et fort disparates dans leur composition. Les autorités allemandes régionales ont procédé à des regroupements de petites garnisons et même à l’évacuation de certaines zones […] Secundo : des formations, qui, exécutant l’ordre de repli sur Belfort-Epinal, donné le 18 août aux troupes stationnées au sud de la ligne Nantes-Orléans-Pontarlier, convergent vers le Doubs et la Haute-Saône. Ce sont, en provenance du sud-ouest de la « 159e Infanterie Division (159° I.D.) », en provenance du sud-est de la France, de la « 198e Infanterie Division (198° I.D.) », de la « 338° Infanterie Division (338° I.D.) », de la « 11° Panzer-division (11° P.Z.) » et la « 189° Infanterie Division (1899 I.D.) ». A partir de la nuit du 6 au 7 septembre, la 159° I.D. constitue l’essentiel de la défense de Besançon. A la défense de Besançon, elle n’aligne que 1770 combattants. (DUTRIEZ, Robert, La Seconde guerre mondiale en Franche Comté, Besançon, Cètre, 2003).
M. Carré a également retrouvé, au Musée de la Résistance, à la Citadelle de Besançon, le rapport de Jean Grillier, commandant du groupement de FFI de Besançon, rapport rédigé le 25 octobre 1944, concernant le déroulement des combats du 4 au 8 septembre 1944.
» Début septembre 1944 : les maquis autour de Besançon multiplient les actes de sabotage, détruisent les voies (de chemin de fer), les aiguillages afin de paralyser les mouvements de troupes allemands.
Le 4 septembre, en fin d’après-midi, les opérations commencent par la prise du pont d’Avanne par une avant-garde américaine guidée par des FFI de Besançon.
Le pont d’Avanne est le seul pont à demeurer intact durant toute la guerre et les combats de la Libération.
Le 5 septembre. L’effort américain se porte sur la rive gauche du Doubs.Les soldats américains sont situés à la sortie nord de Beure et, vers Fontain, en direction du Trou au Loup. A leurs cotés, les FFI sont présents […] Les FFI mènent des actions contre des convois ennemis dans la région de Mazerolles et vers Marchaux, au nord ouest et au nord est.
Les Résistants en profitent aussi pour récupérer armes et munitions dans la Caserne Vauban […]
Le 6 septembre. Le 7° Régiment d’Infanterie [américain] et plusieurs chars se déploient vers Rosemont, les Tilleroyes, Saint-Ferjeux et La Bouloie. Les Allemands ripostent vivement, des opérations de nettoyage sont menées conjointement entre armée américaine et résistants français. L’artillerie continue son œuvre et les FFI persistent dans leurs opérations de harcèlement vers la Route de Gray.
Le 7, l’offensive décisive est déclenchée malgré la pluie : un échelon d’attaque se lance sur les axes Chapelle des Buis – Citadelle – Rue de Dole – Quartier Battant – Montboucons et Palente. Une couverture de 7 bataillons et de tanks progresse et atteint en fin de soirée l’arc Grandes Baraques – École – Pouilley-Les-Vignes – Franois et la Marne.
En même temps, certains éléments des compagnies FFI installées en maquis pénètrent dans la ville et prennent possession de bâtiments publics. Jonction est faite entre tous au début d’après-midi lorsque les Allemands font sauter les Ponts Battant et Saint-Pierre, objet de la trêve conclue le 6 par les FFI […] Les combats continuent, les accrochages deviennent de plus en plus violents.
Le même jour, le 7 septembre, la Citadelle est prise en fin de journée.
Le 8 septembre : la compagnie Vuillemin poursuit sa marche sur Besançon où elle peut pénétrer à 7h du matin. Le capitaine Grillier lui désigne la Caserne Condé comme cantonnement. À peine installée, la section Goy doit être envoyée à la Caserne Vauban où des éléments ennemis sont retranchés. Le nettoyage de cette caserne étant fait, elle est appelée à [10h] à Montrapon où des nids de résistance allemands sont signalés. Les opérations sont dirigées par le Capitaine Vuillemin. Une vingtaine de prisonniers sont faits, mais il y a à déplorer un tué,H. Bouton, père de 6 enfants, et un blessé « .
Rappelons le bilan du 8 septembre : 80 américains sont tués, les FFI perdent 40 hommes et les pertes civiles sont évaluées à au moins 50 tués […]
Parmi ces hommes tués, nous retrouvons les 24 Résistants dont les noms figurent sur la stèle de la place de la Liberté.
Note de l’auteur du billet : les photos de couverture des différents ouvrages concernant cette époque ne sont pas des publicités, bien sûr! Auteurs et éditeurs ne nous ont rien demandé, ni offert! Certains de ces livres sont difficiles à trouver aujourd’hui. Aussi, si ces ouvrages vous intéressent,consultez votre libraire et/ou bouquiniste.
A suivre : prochain billet, sur ce blog, le 4 juillet 2015, sur la stèle et son inauguration en 1946.