Histoire et patrimoine du quartier des Chaprais
Aperçu sur la conférence du 16 octobre 2025 (1° partie)

Le thème a attiré de nombreux participants à la Cassotte ce jeudi 16 octobre, des anciens habitants et de nouveaux venus. Contrairement à l’habitude, on ne se concentre pas sur une ou deux rues, mais il s’agit de résumer l’histoire et le patrimoine de tout le quartier en une heure et demie avec la projection d’une centaine de documents. Voici un aperçu.
Délimitation : Le quartier des Chaprais, c’est où actuellement ?
Officiellement, le quartier des Chaprais est situé à Besançon entre le Doubs au sud, le quartier Bregille à l’Est, le quartier de Palente au Nord, Battant et Saint Claude à l’Ouest.

Il est associé aux Cras qui monte jusqu’à la rue des Fluttes Agasses et le boulevard Blum.
L’origine des Chaprais

Roland Fiétier dans ses recherches parues en 1973 sur la banlieue de Besançon au Moyen Age
relève, dès 1234 ce terme sous la forme de chapré et chaprais. Selon Eveline Toillon Chapré, Chaprais seraient la contraction de champs et prés… Les vignes (V) sont importantes côté Bregille, tandis que les champs et prairies (T) dominent entre Bregille et la colline de la Viotte. 
Le plan en relief de 1722 montre des jardins et quelques maisons du côté de la Grange Coulon
Les Chaprais, ce sont alors quelques hameaux dont le principal (1/3 de la population) est un « hameau rue » le long de la route vers Strasbourg (actuelle rue de Belfort). Il est composé d’auberges et d’artisans permettant aux voyageurs d’y passer la nuit quand il sont surpris par la fermeture des portes de la ville
On remarque le ruisseau Fontaine Argent
Les accès possibles aux Chaprais
Ils sont très limités : la porte de Battant qui ne sera démolie qu’en mars 1956
puis la porte de Strasbourg devant la tour de la Pelote
En 1836 les Chaprais ne comptent que 640 habitants
Un pont « fil de fer » à péage a été construit pour franchir le Doubs en 1838. 
Il sera remplacé par le pont Saint Pierre en pierres en 1883
1814 : une année catastrophique pour les Chaprais
Pour faire face au blocus de la ville, le général Marulaz ordonne la destruction de tout ce qui pourrait cacher les troupes ennemies. Il fait raser 200 maisons de la banlieue pour ne pas qu’elles servent de point d’appui à l’ennemi. Le Chaprais sont réduit à un alignement de tas de gravats.
Détruite la villa de l’architecte Claude Antoine Colombot rue de la Mouillère et son magnifique parc qui allait jusqu’à la rivière. Détruite l’habitation du brasseur Joseph Greiner à la Mouillère ainsi que la demeure de l’abbé Millot aux Chaprais. Certains en mourront de chagrin. Mais étonnamment la villa du 28 rue de la Cassotte est épargnée
Il faut attendre 1873 et la levée des contraintes militaires liées à la construction pour que les Chaprais puissent se développer.
Le chemin de fer aux Chaprais
Le premier train arrive à la gare Viotte en 1853. Une gare construite en bois pour respecter les contraintes militaires
L’emplacement de la gare a fait l’objet de très vives controverses. Localement, on voulait une implantation la plus proche de la ville par exemple à la Mouillère, mais pour des raisons techniques et économiques la compagnie de chemin de fer a préféré l’implantation sur la colline de la Viotte.
Une deuxième gare a cependant été inaugurée en 1883 à la Mouilllère
Les chemins de fer, ce sont des voies, des gares et des espaces pour l’entretien du matériel : les rotondes. La première en U a été implantée en haut de la rue … de la Rotonde. Voir plan de 1862
Elle fut réutilisée par l’entreprise Pomona tandis que deux autres rotondes dont une coiffée d’une spectaculaire coupole ont été construites entre la rue de Belfort et l’actuelle rue Résal.
La Compagnie PLM devint le principal employeur aux Chaprais. 
Par exemple en 1926, les cheminots sont au nombre de 15 rue Rotonde, 10 rue Suard (+ coopérative), 39 rue du Chasnot, 12 rue Jeanneney, 15 rue Viotte etc
En complément des grandes lignes furent créées de petites lignes locales où circulait le tacot. 
La voie ferrée ce fut aussi le tram. 
dont plusieurs lignes traversaient le quartier.
Un rare accident, mais spectaculaire eut lieu en 1908 avenue Carnot.
La reconstruction du tram a nécessité des travaux de grande ampleur dans la quartier
Entre l’ancien tram et le nouveau, ce fut le règne de l’auto, des camions et des bus
Transports Picoche puis Henri Régnier (Monts Jura) occupent tout l’espace entre les rues de Belfort Chopard et 2 princesses.
Besançon les Bains
Grâce à la découverte d’eau salée à Miserey, Besançon n’est pas restée à l’écart de la mode des stations thermales à l’époque de Napoléon III 
Pour attirer les touristes, on construisit aux Chaprais, à côté de la promenade Micaud, non seulement des thermes mais aussi un Casino, une salle des fêtes 
et l’Hôtel des Bains (devenu la villa Médicis)
Pour l’hygiène des habitants, un établissement de bains-douches a été construit en 1913 rue de Belfort à l’angle de la rue Suard
avec une coupole qui a disparu. L’établissement héberge actuellement la crèche des Chaprais
Les guerres et la place de l’armée aux Chaprais
La guerre de 1870-71 a marqué le quartier des Chaprais. Elle a été racontée par Isabelle Febvay dans un livre intitulé la défense de Besançon
Ayant joué elle même un rôle important dans le secours aux blessés elle a été honorée au cimetière du Champ Bruley
Deux casernes ont été installées aux Chaprais : le parc à fourrage avenue Fontaine Argent 
et l’intendance rue des Docks devenue boulevard Diderot
Durant l’occupation allemande, le quartier de la gare et ses hôtels a été particulièrement touché avec des résistants chez les cheminots mais aussi dans des hôtels, alors que l’un d’entre eux est devenu plusieurs années le siège de la Gestapo.
Le bombardement de juillet 1943 a détruit la gare Viotte
et beaucoup de maisons des rues voisines rue de l’Industrie, rue de Belfort et jusque rue des Chaprais etc
Les combattants pour la libération de Besançon sont partis de la place de la Liberté où est dressée une stèle à la mémoire de 24 résistants tués.
L’arrivée des chars américains a été remarquée rue de Belfort à l’angle de la rue du Chasnot
La population des Chaprais
La population du quartier est restée faible dans la première moitié du XIXe puis a augmenté de façon considérable en triplant en 25 ans.
On remarque toutefois une nette baisse à la fin de la période. Pourquoi ?
Il n’y a pas eu de guerre à cette époque mais des épidémies.
Les épidémies de fièvre typhoïde ont décimé aux Chaprais les buveurs de l’eau polluée de Fontaine Argent

Une origine mise en évidence par plusieurs médecins dont le Dr Perron

Il faut remarquer aussi que la croissance de la population n’a pas été également répartie.
On peut comparer la population en 1862 de la rue des Noyers (future rue Krug) très densément peuplée en comparaison des rues voisines Carnot par exemple et de l’inexistence de l’avenue Denfert Rochereau et de la rue Delavelle
De même dans le secteur de la gare Viotte on remarque le contraste entre trois rues très densément peuplées Viotte, Rolland et Jeanneney avec des rues comme Garibaldi et Balcon
D’où viennent ces habitants ? un peuplement résultant principalement d’un exode rural
En 1926, 93 % des adultes sont nés en dehors de Besançon
La plupart venus de villages de Franche Comté
Et aussi des étrangers suisses, italiens, russes …
Il faut remarquer la présence de nombreux Alsaciens Lorrains ayant choisi le départ après 1870
Quelles professions ?
Avant 1914 encore beaucoup de « journaliers »
Des ouvriers et artisans horlogers
Des employés de la Cie PLM, de la poste, de l’armée, puis du commerce et de la banque
Des patrons, industriels ou commerçants
Des femmes actives souvent domestiques, lavandières, couturières etc ..

Quelques dates au XIXe siècle
1814 : blocus / Marulaz
1822 1e église St Martin
1838 pont fil de fer
1856 gare Viotte
1865 création de SNB
1870-71 défense : général Rolland
1884 gare de la Mouillère
A suivre
Prochaine réunion jeudi 20 novembre à 15 h 30 à la Cassotte

