L’histoire de l’avenue Carnot entre Mouillère et Flore
Suite du compte rendu de la réunion d’histoire de Vivre aux Chaprais du 23 mai 2024
Le premier article a rappelé l’origine de l’avenue Carnot et de son nom. Puis il a présenté les activités et les habitants du bas de l’avenue Carnot depuis le pont jusqu’à l’intersection avec l’avenue Fontaine Argent, jusqu’au n° 10.
On continue à remonter l’avenue en regardant d’abord à gauche (n° impairs)
Côté impair, du n° 13 au 17 avenue Carnot
Actuellement, au n° 15, le restaurant Le Jadis évoque le passé
Au n° 13, il y avait déjà un boulanger (depuis 1896) ainsi que Jean Kalt et son épouse Joséphine Hoffstetter, spécialisées dans la Tôlerie et Fumisterie. En 1927, le boulanger se nomme P. Robert, il côtoie un vendeur de meubles d’occasion A. Broihier
Des traces du passé sont visibles avec l’inscription Maison de l’homme chic
et en arrière plan, une tourelle avec balcon
Au 15 : déjà un cafetier (depuis 1896) puis la Brasserie des Bains en 1927. L’établissement sera tenu par un célèbre sportif
En 1937, les coureurs cyclistes du Tour de France dévalent l’avenue Carnot sur les pavés et entre les rails du tram
Au n°15 aussi, un directeur de caisse mutualiste de retraite, une institutrice, un monteur de boîtes, un loueur de taxi. En 1906, figure Simone Delacroix, une infirmière morte pour la France en 1917.
Au n° 17 un chauffeur et un facteur PTT. En 1926, on note la présence d’un américain, William Babbit ancien soldat, garagiste qui poursuit l’activité du garage Drouhard ou Modern Garage. Son épouse Marcelle Boury fut condamnée en 1943 à la dégradation nationale à vie et une interdiction de séjour dans le Doubs de 10 ans. Leur fils Robert est décédé en 1962 dans l’incendie du magasin de vélos de son beau-frère Jean de Gribaldy
Publicité pour l’un des nombreux garages de l’avenue Carnot
A droite, côté pair les n° 12 à 16
Au n° 12, la villa Zeltner
propriété est surtout connue par l’arrière donnant sur la rue de Vittel
Léon Zeltner (1878-1934), représentant de commerce et sa femme Marguerite Haffner (son père était directeur d’une fabrique de tissage). Le jeune couple est installé au 1 avenue Carnot. Marguerite Haffner va avoir un rôle déterminant dans la rénovation exotique de la villa par Pateu & Robert sur les plans de l’architecte Boutterin. Un autre membre de la famille Haffner, Eugène, l’oncle de Marguerite, entrepreneur a fondé en Indochine une exploitation d’hévéa dans la plantation de Xa-Trach. Eugène est tombé amoureux de son pays d’adoption au point d’épouser en 1875 une métisse indochinoise. Eugène revient régulièrement en France rendre visite à sa famille, il va servir de connexion entre l’Indochine et la France. Il va notamment travailler avec le mari de sa nièce, Léon Zeltner qui est associé à des affaires en Indochine. Léon est membre dans les années 1910 d’une association de producteur de caoutchouc. L’entrepreneur enrichi et revenu vivant de la Grande guerre rejoint sa famille après le conflit : sa femme, Marguerite et les trois enfants, Jeanne-Marie Jean-Marie, et Yvonne.
Au n° 14, de l’horticulture Calame au Sacré Coeur
L’horticulture Calame et les pipes Frossard
Au n° 14 un autre garagiste Magnin et l’horticulteur Raoul Calame en 1921
Mais en 1927 : c’est F Pinondel curé, le vicaire, le sacristain et une domestique. Entre temps l’église du Sacré Coeur a été construite par l’entreprise Melk sur les plans de l’architecte Guillemot. Une imitation de l’ancien avec les techniques modernes diversement appréciée.
En 1959, une épicerie et un bureau de l’entreprise Pateu
Au n° 16, le fabricant de pipes Frossard et un horloger P Anguenot.
Puis au fond de la cour, la Cie Française d’horlogerie Cetehor depuis 1952
Au n° 18, résidait en 1896, Joseph Ordinaire directeur de la Grande Laiterie, son épouse et une domestique. Plus tard , se trouvait ici, le Grand garage Carnot de Messieurs Daclin et Tissier
Depuis cette époque, un immeuble moderne a pris la place. Il a été le siège du cuisiniste VF Confort. Propriété de deux frères, éloignés de la région, il est tristement inoccupé depuis plusieurs années.
Au n° 20
En 1921, résident dans ce bel immeuble, plusieurs ménages dont le célèbre docteur Biétrix fondateur de l’Aiglon
un prof de lycée, le concierge et deux commerçants : un charcutier et un gérant des économiques bisontins
En 1952, il y a encore l’épicerie des économiques bisontins, le siège de la Société des Salines de Franche Comté et d’une mutuelle agricole
En 1965 aussi et la boucherie Benier Rollet
Au 22, Louis Guichard orfèvre, ses deux fils et un employé, idem en 1952 et 65
Au 24, en 1896 un Suisse marchand de vins, sa cuisinière et un lieutenant
En 1952-59, on trouve ici un poste de police. Quelqu’un aurait-il une photo ??
En 1965, le docteur Jacquard (au 25 auparavant)
Côté impair de l’avenue Carnot, avant et après la rue des Noyers (devenue Krug)
Au 21 Henri Lasibille, un peintre
Deux adresses horlogères aux numéros 19 et 21
Au n° 19 Paul Lévy fait édifier un immeuble vers 1910.
L’entreprise est connue et a été récompensée pour ses fabrications et possède une maison de commerce à Paris. Son gendre Léon Engelander, né à Bruxelles, dirigea la société puis restera directeur de la société Unic qui succéda à l’entreprise Levy.
Au 21 avenue Carnot, s’installe vers 1931 la société Sarda dans un bâtiment construit par Paul Painchaux. L’entreprise a été fondée par Hyacinthe Sarda en 1893 et établie quai Veil-Picard. Un deuxième étage est rajouté en 1947.
Elle s’associe à la DIFOR (vente par correspondance) au début des années 60. En 1978, on trouve le fabricant d’horlogerie Cypris, puis une agence de la BNP. et depuis peu par l’agence immobilière Mourey.
Au 23, en 1921 Henri Martin (propriétaire) patron mercier avec sa femme et leurs huit enfants, deux employés PLM et un brocanteur
Le marchand de meubles Rognon y aura son magasin dans les années 1960-70
Au 25, un bâtiment antérieur existait : en 1895 se trouvait le charpentier Félix Château.. Puis un camionneur patron Charles Henri Bouton.
Le bâtiment actuel remarquable a été édifié pour le compte de Max Blum et Gaston Lévy. Ceux-ci vont s’associer en 1934 pour créer la Manufacture des Scies de Franche-Comté qui fabrique des appareils et instruments de voirie pour les villes, la navigation, les Ponts et Chaussées, chemins de fers, arsenaux, chantiers de construction. La société se trouve 10 rue de l’Avenir.
En 1927, résidaient ici le constructeur automobile Ravel, le fabricant d’horlogerie Cramer, un ingénieur, un capitaine et un pasteur.
En 1941, le siège de la teinturerie Thomas Sussly y est établi.
Au 27 un maçon chez Micciolo, des artisans serruriers et en 1927, Binetruy fabricant d’agglomérés.
Au n° 29 deux chefs d’entreprise Jules Beckerich ferblantier et Marie Louise Guyard libraire (une librairie fut présente jusqu’au moins en 1936). Le père de Jules , Camille a fondé l’entreprise et a acheté l’immeuble vers 1898. En 1895, on trouvait un boulanger Henri Gardet qui avec son épouse eut 16 enfants.
La ferblanterie Beckerich produisait des ustensiles de ménage
Le bâtiment fut détruit en 1967 pour être remplacé par un bâtiment moderne.
Au 31 la boutique Désir sublime est à vendre depuis … fort longtemps. Détient elle le record de temps de fermeture ?
Au 31, des photographes et des faits divers dramatiques
Au n° 31 résidaient 30 ménages en 1927.
Le 27 avril 1899, la Cour d’assises de Besançon a condamné Emile Auguste Leblanc, photographe, fils de Frédéric à six ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa maîtresse. La réclusion est commuée en prison par décret du Président de la République, le 27 juin 1900 il bénéficiera d’une libération conditionnelle.
En 1911, Charles Croissant, photographe, ancien associé de Frédéric Leblanc est condamné à 15 ans de travaux forcés et de la déchéance de la puissance paternelle pour coups et blessures ayant occasionnés la mort de sa fille âgée de 15 mois. Il était bachelier es lettres et es sciences. Au bagne, il est employé de bibliothèque, il est décédé à St Laurent du Maroni le 13 août 1923.
Moins dramatique, mais très spectaculaire, un accident de tram qui déraille et se renverse devant le n° 31 attirant des dizaines de badauds.
En 1908, un tram renversé devant le restaurant Kopp et la boulangerie Gardey. Il n’y eut qu’ un seul blessé (le conducteur) soigné en face à la pharmacie Cenay (n° 26) par le docteur Biétrix n°20
Au ° 33 et bis 30 ménages aussi dont 7 cheminots, 6 horlogers, des ouvrières …En 1895 sont recensées deux porteuses de lait . En 1901 jusqu’en 1936 y demeurait Louis Gueutal, professeur à l’Ecole d’Horlogerie.
En 1914, Alcide Lefranc est vendeur de cycles et réparateur de chambres à air
En 1921, sont recensés ici, un couple de coiffeurs, 2 employés PLM, 3 horlogers (chez Hatot, Geismar), un ancien notaire …
Actuellement, on y trouve le CLAAP : un local pour artistes.
A suivre, le 3e volet du compte rendu de la conférence sur l’histoire de l’avenue Carnot
Il sera consacré à la partie haute de l’avenue Carnot depuis la place Flore jusqu’à la rue de Belfort