« La vie de ma mère », un premier film réussi

« La vie de ma mère », un premier film réussi



« La vie de ma mère » film émouvant évoque vingt-quatre heures de la vie d’une femme bipolaire et de son fils



Après la parade obligée des Césars, Agnès Jaoui à l’opposé d’autres actrices à la cinquantaine, accepte son âge. Mère juive dans « Le Dernier juif, » mère bipolaire dans « La Vie de ma mère » elle s’impose à l’écran, femme vivante et vibrante, libérée des contraintes de beauté imposées par le cinéma.

Pierre (William Lebghil) est fleuriste. Au volant d’une voiture il se rend chez un grossiste pour choisir des fleurs. Le film commence sur un ton badin. Plaisanteries et bonne humeur. Il se moque de l’habillement de son associé ; il parle de l’amour avec légèreté. « Est-ce qu’on est ensemble après une nuit d’amour ? » Le téléphone sonne. Judith, sa mère bipolaire (Agnès Jaoui) s’est évadée du centre où elle est soignée. Cela fait deux ans qu’il ne l’a pas vue. Le voilà rattrapé par la réalité. Le ton change. Le rythme s’emballe : en phase d’excitation, elle est insupportable. Il voudrait la ramener au centre de soins. Lors d’un passage au cimetière sur la tombe de son père, elle évoque le sens des cailloux posés sur les tombes, l’importance du souvenir ; dans une station-service, elle tente de s’échapper ; et quand il commande des sandwiches, elle veut manger sur les dunes du Pilat « : C’est mon endroit préféré au monde » dit-elle.

La vie de ma mère dune du Pilat

C’est aussi dans ce lieu du bord de mer que leur histoire se renoue. Plus tard allongé sur le sol, ils regardent ensemble les étoiles.
On les retrouve ensuite dans un bar karaoké où Judith prend le micro et chante :

« Fais-moi une place dans ton av’nir
Pour que j’ressasse moins mes souvenirs
Je s’rai jamais éteint, hautain, lointain
Pour qu’tu sois bien
Fais-moi une place dans tes urgences
Dans tes audaces, dans ta confiance
Je s’rai jamais distant, distrait, cruel
Pour qu’tu sois belle
J’veux pas qu’tu t’ennuies, j’veux pas qu’t’aies peur
J’voudrais qu’tu oublies l’goût du malheur
Je t’aime »

Pierre a compris. Il fait une place à sa mère dans son avenir. Elle aura un autre horizon que celui de nouer des morceaux des fils en plastique pour faire des scoubidous. « La vie de ma mère » sonde les rapports mère-fils à travers les prismes de la maladie et de l’amour.

Et c’est au tour d’Arno d’entonner

« Dans les yeux de ma mère,
Il y a toujours une lumière…
Ma mère, elle a quelque chose
Quelque chose de dangereuse
Quelque chose d’une allumeuse
Quelque chose d’une emmerdeuse… »

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