Peu d’habitants, mais des activités variées : agriculture, notaires, tribunal, clinique avant les grandes constructions

Troisième volet du compte rendu de la réunion d’histoire des rues des Chaprais : après les rues des Villas et des Villas Bisontines voici maintenant la rue Delavelle.

La rue Victor Delavelle, est une rue en sens unique qui relie l’avenue Denfert-Rochereau jusqu’au croisement de l’Avenue d’Helvétie et de la rue Charles Krug. Son histoire est récente, le premier recensement date de 1921. Sa première mention dans les archives date de 1908, mais elle n’est pas prise en compte au recensement de 1911.

Qui était Victor Delavelle ?
Victor Aristide Delavelle est né à Maîche le 16 mars 1826 et mort à Besançon le 16 mars 1907. Alors que la plaque indique 1919 ? Il était un notaire de 1866 à 1901.

Ce fut aussi un homme politique, maire radical de Besançon en 1881. Il démissionne en 1884, il est réélu la même année avant de démissionner.
Beau frère de Jules Gros, il participa avec lui à la fondation du Petit Comtois en août 1883. Il en fut même le premier directeur. Il est inhumé au cimetière des Chaprais.

Jusqu’en 1911, la rue ne comporte que très peu de constructions. Et entre les deux guerres, elle ne rassembla qu’une vingtaine d’habitants. Mais elle n’était pas désertique pour autant.

Côté impair

L’arrière de l’école maternelle de l’Helvétie

Au n°3 se trouve la Maison de l’Agriculture. L’immeuble a été construit en 1914 pour la Fédération des Associations Agricoles du Doubs dont l’ancêtre du Crédit agricole. Ce fut également le siège des bureaux du commissariat général de la Foire Exposition Comtoise (créée en 1922), de Coopadou et du journal La Terre de Chez Nous.

Les plans ont été établis par l’architecte Alphonse Burcey, installé 53 Grande Rue à Besançon.
Deux bâtiments sont établis, l’un le long de la rue Delavelle dédié aux réunions et à l’habitation et l’autre situé de l’autre côté de la cour qui accueillait un entrepôt de marchandises.

Des logements de fonctions ont été occupés par François Thiébaud, le directeur du Syndicat des Fruitières de 1921 à 1931, Louis Jules Garapon le directeur des Services Agricoles de 1921 à 1936, ainsi que des professeurs d’agriculture comme Paul Aurivel en 1936.
La Coopérative d’Approvisionnement du Syndicat des Fruitières et la Coopérative de Stockage des Céréales, deux des associations présentes dans la Maison de l’Agriculture sont remplacées par la Coopérative agricole du Doubs, crée le 7 décembre 1945 et installée jusque là square Saint-Amour. Elle s’installe rue Delavelle en 1955 sous le nom de Coopadou. Devenue Terre Comtoise en 2009, elle s’installe en 2012 à Vaux les Prés.
Un service d’archives de la région Bourgogne Franche-Comté est désormais installé entre la rue Delavelle et l’avenue Denfert-Rochereau

Le 29 novembre 1954, la Société immobilière de la Maison de l’Agriculture cède à la Caisse régionale de Crédit agricole une parcelle de son terrain . Cette cession permet à la Caisse de faire construire son siège (actuel n° 1 ter) en 1955. Elle le délaissera une vingtaine d’années plus tard pour celui édifié en 1971-1972 au 11 avenue Elisée Cusenier.

Le bâtiment sera vendu le 18 décembre 1984 au Conseil général du Doubs, qui le mettra en 1987 à disposition du Ministère de la Justice pour héberger le Conseil de Prud’hommes, bientôt rejoint par la Tribunal de l’Application des Peines et le Service pénitentiaire d’Insertion et de Probation (tous deux ont quitté les lieux le 9 janvier 2014). Une association d’Aide aux Victimes est également présente.


La villa Carrel au 1 bis

Félix Prosper Carrel, demeurant à Cannes (rue des Thermes), fait bâtir sa demeure en 1929-1930 suivant les plans de l’architecte Pierre Noë (1899-1970), établi au 11 rue des Villas.
Il la revend en 1938 à la Chambre départementale d’Agriculture du Doubs. Elle occupe le bâtiment jusqu’en 1974, puis loue la villa à la Direction régionale de l’Agriculture.
A compter d’avril 1998, vont se succéder l’Union régionale des Caisses d’Assurance maladie (Urcam), puis en 2010 l’Agence régionale de Santé (ARS), et depuis le 1er septembre 2011, l’étude notariale de maître Hutin, puis Lalloz et Allemand.

Côté pair de la rue Delavelle

La Villa du docteur Ernest Sexe, spécialisé en ophtalmologie se situait à l’angle de la Rue Krug et Delavelle. La construction commença en 1911, par l’entreprise Pateu-Robert. Il installa son cabinet de consultation. En 1937, son fils Jean lui succède. En 1940, la villa est réquisitionnée par les allemands.Elle abrite les services de l’administration des logements de troupes jusqu’au mois d’avril 1941 environ. En juillet, les consultations reprennent. Après la guerre, dans la cour du 2 rue Delavelle, il fait construire une modeste clinique ophtalmologique de 8 lits.
La villa comportait des éléments architecturaux remarquables
A l’entrée

Un bel escalier

Des carrelages Art déco par exemple dans la salle de bains

La propriété fut vendue et la maison fut démolie en 2001

Pour construire un immeuble de 5 étages

Au numéro 4 se situait depuis 1911 des entrepôts appartenant à des marchands de vins : se succèdent Louis Marguier et Paul Leschot puis Fernand Marguier, en 1923 on trouve à la Foire Comtoise Jonquier Gabriel et Fils, spécialistes en vins du Roussillon et des domaine d’El Taous (Algérie); et à partir de 1934 Hippolyte Julia, qui y installe également ses bureaux.



Au 4 bis, en 1931, est recensé un notaire Fernand Bourgeois et un horloger Claudius Ogier.

La villa Krug
Plusieurs plans et en particulier le plan Boutterin de 1937 montrent une grande propriété située à l’angle de l’Avenue Denfert-Rochereau et de la rue Delavelle. Celle-ci appartenait depuis le début du siècle à Paul Charles Krug.

Qui était Charles Krug ?

Charles Krug est né en 1872 à Strasbourg où son père était fabricant de choucroute. Il fit des études de droit à Nancy, avec une thèse sur le féminisme et le droit civil français. Il s’installe comme notaire à Besançon.jusqu’en 1931.

De tendance radicale socialiste, il a été élu conseiller municipal, et maire en 1919 jusqu’en 1925. Fait remarquable, il dirigea une municipalité comprenant aussi bien des adjoints radicaux comme Siffert (qui lui succéda), un socialiste : le docteur Baigue, et des hommes de droite comme Ducret et le docteur Heitz. Charles Krug est mort à Paris en 1947.
Cette propriété a été petit à petit vendue à partir de 1936 jusqu’en 1944 puis la villa démolie en 1953 et plusieurs immeubles furent construits


En 2014, il y avait encore deux commerces