La nouvelle femme, première fiction de Léa Todorov

La nouvelle femme, première fiction de Léa Todorov


Loin d’être un biopic sur Maria Montessori créatrice de la méthode pédagogique, le film est un récit passionnant sur la libération de deux femmes



Nous sommes en France en 1900. Une célèbre courtisane, Lili d’Alengy (Leïla Bekhti) apprend le décès de sa mère qui élevait son enfant, une petite fille considérée comme « une idiote » pour reprendre le terme de l’époque. Elle décide d’éloigner l’enfant, le plus loin possible, à Rome, dans un centre où travaille Maria Montessori, (Jasmine Trinca), elle aussi mère d’un enfant né hors mariage.
La nouvelle femme film

«La nouvelle femme », premier film de Léa Todorov est un film sur Maria Montessori, mère d’un enfant placé en nourrice pour sauver son honneur et paradoxalement auteure d’une méthode pédagogique scientifique pour aider les enfants rejetés par la société parce qu’ils sont différents.

A l’époque les « filles mères » (c’est ainsi qu’on les nommaient) cachaient leurs enfants dont l’existence hors mariage risquait de leur nuire socialement, professionnellement…. C’est ainsi que Lily d’Alengy franchira la frontière avec l’espoir de placer sa fille dans une institution italienne et de l’abandonner ensuite. « Les idiots restent idiots ; ils ne guérissent pas » dit-elle en parlant de sa fillette Tina. On apprend aussi que son mariage avait été annulé suite à la naissance de la petite fille déficiente.
Montessori nouvelle femme

Au bout de quelques semaines, Tina sa fille commence à sortir de l’ombre, apprend à parler, à compter. Sa mère qui joue du piano expérimente à son tour la place possible de la musique dans l’épanouissement du corps des enfants pris en charge dans l’institut.

Plus on avance dans le récit, plus l’emprise du patriarcat est dénoncé : Maria Montessori est bénévole. Seul son compagnon est salarié. Devant un aréopage de pédagogues, c’est lui qui se met en avant et lui refuse de prendre la parole. Et quand elle prend conscience de n’avoir ni existence, ni salaire il se contente de lui dire « Je t’aurais donné de l’argent, si tu m’en avais demandé ».

Les deux femmes vont progressivement se libérer du poids du patriarcat. Maria Montessori refuse d’épouser son compagnon ; pour cette raison, c’est lui qui aura la garde de l’enfant qu’elle ne verra pas pendant douze ans. C’est le prix à payer pour affirmer sa liberté. Les deux femmes inventent une sororité. Maria Montessori apprend à dire « je », à valoriser son travail, donne des cours d’anatomie. Elle engage les femmes à parler de leurs corps, de leurs droits et des droits de enfants. Le premier droit de l’enfant est le regard porté sur lui : léa Todorov les filme avec une grande délicatesse.

Ce n‘est pas un biopic sur Maria Montessori créatrice de la méthode pédagogique mais un récit passionnant sur la libération de deux femmes brisées par leurs histoires personnelles et qui trouvent dans l’application de cette nouvelle pédagogie créative, un des ressorts de leur émancipation. Le terme « Nouvelle femme » est utilisé par les historiens pour désigner les femmes féministes qui réussissaient à accéder à des carrières hors normes et à trouver leur place dans la société par le savoir.

La grande Maria Montessori était de celles-là.

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