Histoire de la rue des Villas Bisontines

Histoire de la rue des Villas Bisontines

Depuis 1888, un double alignement de villas pour industriels et notables
Histoire Delavelle, Villas, Klein

Suite du compte rendu de la réunion d’histoire des Chaprais du jeudi 14 mars 2024. Après la rue dites des Villas composée surtout d’établissements industriels principalement d’horlogerie, sans quitter complètement l’horlogerie, nous nous intéressons maintenant à la rue des Villas Bisontines : un ensemble résidentiel original.

Aucune rue avant la fin du XIX° siècle.
vallon de la Mouillère avant les constructions
plan route de Strasbourg

Ce lotissement résulte de la vente par Stéphane Blondeau en 1885 d’un terrain à une Société Anonyme de Construction des Villas Bisontines. Parmi les promoteurs de cette opération immobilière, on trouve des noms célèbres : Marcel Boutterin, architecte, Paul Trouvet (Le Petit Comtois), Henri Baigue, entrepreneur en ferblanterie et futur maire de Besançon et Théodore Sauvanet.
Les premières ventes furent effectuées en 1888. La société a connu des difficultés financières, une vente par adjudication de quatre maisons) a eu lieu en 1893.
Le recensement de 1891 dénombre déjà 80 habitants dans cette rue. 24 ménages, des notables : doyen de fac, profs, magistrats, colonel, fonctionnaires des contributions, administrateurs, industriels et rentiers
accompagnés de 10 domestiques. On remarque 9 citoyens suisses.


Côté pair :

Le numéro 2 est acquis par adjudication par la famille Thurel en 1893. Parmi les habitants, on remarque des industriels de l’horlogerie Paul Ernest Anguenot qui s’associera aux frères Pétolat
Pétolat et Anguenot

et Junius Gondy fondateur de l’Union horlogère de l’Est

Junius Gondy Union horlogère de l'Est

Junius Gondy est le frère de Claudius Gondy (1843-1901)
lui-même aussi horloger qui a habité dans cette rue au n° 12
Les deux ont fait de la politique Junius élu à Pontarlier et Claudius à Besançon.
Claudius Gondy maire de Besançon
Président de la Chambre de commerce, Claudius Gondy fut maire (radical) en 1898 et conseiller général
Gondy maire de Besançon
Sa sépulture au cimetière des Chaprais ne passe pas inaperçue

Un beau mariage
Au 6 et 8 les familles Vuillemin et Ihler. Henri Jean Joseph Vuillaume, médecin colonel, directeur du service santé et fils du maire de Belfort a épousé sa voisine, Hélène Marie Ihler, fille du fondateur de la banque Ihler Schlumberger et des assurances La Séquanaise.

René Ihler est un magistrat qui fut Président de la Cour d’Appel de Besançon
Un autre haut magistrat a vécu au n° 10 : Jean Baptiste Meusy, il fut lui aussi Président de la Cour d’Appel de Besançon
Paul Sardin a été propriétaire de trois villas les numéros 5, 10 et le 14 qu’il revendit à Louis Jouchoux marchand de vins, à ne pas confondre avec Auguste Jouchoux ouvrier horloger, militant syndicaliste et conseiller municipal.


Côté impair

Au numéro 1, à partir de 1901, figure dans les recensements la famille Baverez. Le père Charles Félicien est lieutenant d’artillerie. Parmi ses enfants, on note la présence de Marcelle.
Marcelle Baverez résistante, déportée
Marcelle Baverez devient religieuse hospitalière. Durant la guerre, elle sauva de nombreuses personnes condamnées à mort et hospitalisées à l’hôpital St Jacques. Elle devient la responsable d’un service de renseignements et d’un réseau de faux papiers. Dénoncée, elle fut torturée à l’hôtel Clévans rue Lecourbe avant d’être déportée à Ravensbruck avec un millier de femmes dont Geneviève de Gaulle. Là-bas, elle soigna ses camarades avant de succomber à la typhoïde

Au numéro 3 Jules Andrade est professeur à la Faculté de sciences mais aussi physicien mathématicien, horloger. Professeur à Rennes, il avait pris position en faveur de Dreyfus et critiqué ouvertement le général Mercier qui avait fait traduire Dreyfus devant le Conseil de Guerre. Il lui a demandé, dans une lettre ouverte, quelques jours après le J’accuse d’Émile Zola de dire la vérité. Il fut d’abord muté à Montpellier avant d’être affecté à Besançon.
Janine Andrade disque
Janine Andrade est la petite fille. Son père Gustave est médecin. Janine passa les premiers mois de sa vie chez ses grands-parents paternels rue des Villas Bisontines. Partie étudier à Paris, Janine sort en 1931, premier prix de violon du Conservatoire de Paris . Elle fait alors carrière comme soliste, brièvement interrompue durant la Seconde Guerre mondiale, enchaînant les tournées au Japon, en Afrique du Sud et en Amérique du Sud.
Le numéro 7 de la rue des Villas Bisontines a longtemps appartenu à la famille Monjardet. Son premier acquéreur. Georges Jacques Monjardet est un carrossier industriel, conseiller municipal. Il fut carrossier du constructeur automobile Ravel. Il fut également administrateur de Th Schneider et des Messageries et Transports Automobiles des Monts Jura. En 1936, il emploie 36 personnes.

Carrosserie Montjardet

La suite du compte rendu de la conférence de Delphine Lantuas sera consacrée à la rue Delavelle
Conférence histoire rues Villas Delavelle