Daaaaaali ! la comédie de ce début d’année qui attire un public jeune…

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Quentin Dupieux revient avec un film déjanté, un anti-biopic remarqué



Et au milieu du piano coule une fontaine. C’est le premier plan du film de Quentin Dupieux ; une invitation visuelle à quitter la réalité pour s’approcher de son univers décalé. Dans l’univers du cinéaste une pluie de chiens peut tomber du toit ; un personnage peut sortir de chez lui par une échelle : on peut s’attendre à tout et même entendre dire que « Jésus est un fromage. »

Une jeune femme (Anaïs de Moustier) (ex-pharmacienne devenue journaliste rêve de réaliser un entretien avec Salvator Dali, mais elle ne parvient pas à le faire, car l’artiste est capricieux ; il ne veut pas d’un simple article dans un journal ; il veut la plus grande caméra du monde. Il veut toujours plus. Inutile de dire qu’il roule dans une voiture aristocratique !
D'aaaaaali Dupieux
Montrer les œuvres de Dali n’est absolument pas nécessaire à ce faux biopic puisque Dupieux s’intéresse au personnage et au surréalisme et pour être plus précis à la difficulté de passer à l’acte très présente dans l’oeuvre de Bunuel notamment dans le « Fantôme de la liberté », un film où des bourgeois attablés ne mangent jamais. Ici, la jeune journaliste ne parvient pas à interviewer Dali. Dès les premiers plans, Dali, raide comme un coton tige, se plaint de la longueur du couloir de l’hôtel et nous voyons grâce au montage, le temps se distendre et le couloir devenir de plus en plus long. Le cinéma permet tout à qui ose tout. Peut-être est-ce un écho lointain au pendules molles de Dali. Peut-être pas. Et peu importe. Ici il faut accepter d’être embarqué et de voir surgir des accidents à chaque instant : les rêves racontés par un évêque lors d’interminables repas font avancer le récit et produisent des escamotages du scénario. On emprunte alors un nouveau chemin où rien n’est prévisible. Chez Dupieux on n’avance jamais en ligne droite. Et pour mieux nous égarer dans l’univers présumé de ce faux Dali, Quentin Dupieux utilise six comédiens à moustaches : Edouard Baer, Jonathan Cohen, Gilles Lellouche, Romain Duris, Didier Flamand et Pio Marmaï.
Dali Dupieux
Dupieux braque le système cinématographique : il affirme qu’on peut faire des films avec un budget raisonnable et faire quand même beaucoup d’entrées. C’était le cas pour « Yannick » (450 000) spectateurs. Il fait des films courts et son décor ici se décline en trois lieux ; un hôtel, un bord de mer, la salle à manger où l’évêque raconte ses rêves (encore un clin d’œil à l’anticléricalisme de Bunuel).