Comment l’architecte Alphonse Delacroix a-t-il conçu ce parc sur le bord du Doubs ?

L’origine et la chronologie.

C’est en 1830 qu’un premier projet est présenté pour aménager ce terrain militaire au bord du Doubs. En 1840, Alphonse Delacroix présente un plan et une notice pour une promenade de l’île aux moineaux. Le terrassement et les allées sont réalisés l’année suivante et les plantations d ‘arbres en 1843. C’est en 1844, que le maire de Besançon Léon Bretillot décide de l’appeler Promenade Micaud du nom de son prédécesseur, à l’origine de cette commande.


Le Parc sera agrandi plus tard par Brice Michel qui mit notamment en place des rocailles et cascades.

La spécificité du projet Delacroix

Quand Delacroix dépose son projet, il existait déjà à Besançon deux promenades Granvelle et Chamars. Son projet est à la fois complémentaire et en rupture complète. A l’époque déjà, on opposait pour simplifier le jardin à la française tracé au cordeau de lignes droites, avec des massifs bien taillés au jardin à l’anglaise avec ses lignes courbes et ses grands arbres. Le projet de Delacroix relève résolument de cette seconde conception. Il s’inspire aussi de parcs allemands ou italiens, mais est très en avance sur des réalisations comme les Buttes Chaumont à Paris.

La lecture des explications de Delacroix révèlent un projet très élaboré avec des préoccupations très modernes.
Dès l’entrée, située du côté du pont de la République, on remarque une composition pour mettre en valeur l’environnement, c’est à dire le Doubs et la Citadelle en arrière plan.

La rivière est perçue comme un lac venant agrémenter la promenade. Un espace est dégagé entre deux grands arbres permettant un angle de vue de 22 ° réputé le meilleur pour le regard humain. Dans cette première partie du Parc, Delacroix a conçu des espaces différenciés : un « rond point pour les petites filles », et un espace plus dégagé pour les garçons avec un « promenoir » aux nombreux bancs pour les parents.

Le grand sapin de Nordmann a été planté près de l’entrée

Le kiosque à musique est plus tardif, construit en 1895, à l’emplacement du rond-point pour les jeux des filles.

Le parc est également différencié pour être apprécié selon les saisons et selon l’heure de la journée.

Delacroix a des préoccupations hygiénistes : le parc doit aider « au bien-être nécessaire aux habitants de Besançon ». Certains secteurs sont rehaussés pour profiter du « bon air ».

On remarque un bosquet de transition qui cache la vue sur la suite de la promenade. On remarque trois hêtres différents dont un hêtre à feuilles de fougères, très rare.

Un belvédère est aménagé pour apprécier le barrage sur le Doubs.

Une autre partie a été aménagée pour créer un « plafond de verdure » avec beaucoup de grands platanes.

De nombreuses espèces d’arbres ont été plantées (hêtre pourpre, févier d’Amérique, savonnier, pin laricio, pin pignon, pin du lord, paulownia, marronnier rouge…), achetées chez des pépiniéristes des Chaprais comme
Lavigne ou plus loin chez Baumann, de Bollwiller (68). Pour donner une ide de l’ampleur de cette réalisation, on peut retenir que plus de 400 arbres ont été plantés dont 111 platanes commandés au pépiniériste Lavigne des Chaprais,

D’autres ont été commandés plus loin, à Bollwiller dans le Haut-Rhin, aux célèbres pépinières Baumann fondées vers 1740

Certains arbres existaient déjà comme ce gros arbre

qui n’a pas survécu et s’est brisé

Que reste-il de cette époque ? une bonne partie, mais pas tout.



Par exemple la canicule de 1911 (après les inondations de 1910) ont causé de graves dégâts aux Glacis et à Micaud.

En revanche, il y a eu d’autres plantations comme le Ginkgo qui est plus récent.


Le Ginkgo photographié en novembre à Micaud

Le magnolia à grandes fleurs est plus récent aussi

La pelouse centrale, entourée d’une allée de ceinture de forme ovale est remarquable : volontairement, elle n’est pas plate mais relevée sur les bords pour donner une impression plus vaste.

Quelques constructions en bois ont servi de chalets de « nécessité » ou de restauration. La première, rustique, faite de rondin de bois, fut dessinée par Alphonse Delacroix, en 1870.

Puis le chalet du gardien

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Plus tard, le Bristol proposait des repas froids à toute heure pour 1,50 F avec vin de pays

Merci à Emmanuel Parisot, paysagiste et historien des jardins d’avoir fait découvrir toutes ces explications à l’occasion d’une journée en mémoire de l’architecte Alphonse Delacroix.


Emmanuel Parisot au Parc Micaud avec Christian Mourey

La Société d’Émulation du Doubs (dont Delacroix a été président) a organisé, avec Renaissance du Vieux Besançon et Les amis de la Grange Huguenet, une « Journée Delacroix » ce vendredi 2 juin, avec une visite de la Grange Huguenet (propriété de Delacroix) et la présentation d’immeubles publics ou privés de Besançon, avec les explications de Pascal Brunet, Christiane Roussel et Emmanuel Parisot.

Alphonse Delacroix, est né le 10 janvier 1807 à Dole et mort le 7 janvier 1878 à Besançon. Sa sépulture ne passe pas inaperçue au cimetière des Chaprais

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Après des études à Besançon, Alphonse Delacroix réussit brillamment le concours de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. En poste à Besançon en tant qu’architecte du département du Doubs et du diocèse il est à l’origine de nombreuses réalisations à Besançon tant privées que publiques. Passionné d’archéologie et de géologie, il est à l’origine de la reconstruction de l’aqueduc d’Arcier et de la découverte du gisement de sel de Miserey.

Les photos anciennes ont été proposées par Christian Mourey

Pour contacter Emmanuel Parisot Parcelle d’histoire 14, rue Mégevand 06.99.21.87.25
www.parcelledhistoire.fr