Entre la rue des Fluttes Agasses et le boulevard Blum, une impasse a perdu sa plaque

Gaby et Mireille, marcheuses habituées à aller des Oiseaux à la forêt de Chailluz en passant par la rue de la Famille, ont alerté la rédaction : une des rues qu’elles empruntent n’a plus de nom. La plaque a disparu.

Pourtant si l’on consulte le plan du Grand Besançon, cette impasse porte bien encore un nom : Edmond Préclin

Ce secteur se situe bien dans le quartier Chaprais-Cras, à son extrémité Nord

Cette rue de petites maisons est une impasse pour les voitures

Coïncidence ou pas, en venant des Orchamps par la rue de Verdun, une pancarte annonce des travaux et une mise en impasse.

Qui était Edmond Préclin ? Pourquoi lui a-t-on donné le nom d’une rue ?

Il ne semble pas avoir eu de lien particulier avec le quartier des Chaprais. Il est né à Paris en 1888 et a habité 25 rue Charles Nodier à Besançon où il est mort en 1955.

De milieu relativement modeste (son père était tonnelier), il est un des rares exemples de réussite sociale par l’école. Très travailleur, il réussit à se hisser parmi le 1% de la population qui à l’époque obtient son bac. Il commença sa carrière comme enseignant, d’abord dans le primaire puis dans le secondaire.

Il a obtenu l’agrégation d’histoire avec une thèse sur Les Jansénistes au XVIIIe siècle. Après avoir enseigné en lycée, il
devint professeur de faculté. Nommé à Besançon, il assura ensuite de nombreuses charges et fonctions dont celle de doyen de la fac de lettres de 1943 à 1949. Il exerça même la fonction de Recteur de l’Académie à la Libération.
Outre l’histoire religieuse, il s’intéressa aussi à l’histoire contemporaine des États-Unis en particulier. Il publia une quinzaine de livres et une multitude d’articles.

Il s’intéressa beaucoup à la Franche Comté en publiant un petit Que sais-je ?


Il fonda l’Institut des études comtoises et jurassiennes.

Avec sa thèse intitulée Les Jansénistes au XVIIIe siècle et la Constitution civile du clergé. Le développement du richérisme ; sa propagation dans le bas-clergé, 1713-1791, il s’est intéressé à un autre Edmond : Edmond Richer qui s’illustra lors de la guerre de religions. Il se rallia à Henry IV et devint « syndic de la faculté de théologie de Paris » en 1608.

Edmond Richer s’éleva contre la thèse de l’infaillibilité du pape et sa supériorité sur le concile. Sa doctrine entend appliquer le principe de gouvernement des communautés à tous les niveaux. Au niveau supérieur, le richérisme se confond avec la doctrine gallicane qui considère que le Pape est soumis, en termes d’autorité temporelle et dogmatique, au Concile, donc à l’ensemble des évêques représentant le peuple chrétien. De la même manière, l’évêque est soumis, au synode diocésain, donc à l’ensemble des curés représentant le peuple chrétien du diocèse. On comprend que le richérisme recueillait les faveurs du bas-clergé. Et enfin au troisième niveau, le curé est soumis à l’assemblée paroissiale, donc à l’ensemble du peuple chrétien de la paroisse. Cette conception a pu préparer les esprits à la Révolution de 1789. Mais il considère que pour maintenir la cohésion de l’église, seule l’autorité du roi est possible.

Edmond Préclin est devenu un universitaire réputé internationalement et un notable en Franche Comté

Edmond Préclin participa à de nombreuses conférences internationales d’histoire contemporaine et s’investit aussi beaucoup dans la vie locale. Il cumula les charges et fonctions jusqu’à devenir un notable important à Besançon : il a même présidé le Rotary Club et obtint la Légion d’Honneur.

L’Université ne l’a pas oublié en donnant son nom à un salon de l’hôtel de Courbouzon rue Chifflet occupé par la fac de lettres

Photo extraite de la Lettre des Lettres de 2018

Si vous disposez d’un portrait d’Edmond Préclin, nous serions heureux de le publier.

Prochaine réunion sur l’Histoire et le patrimoine des Chaprais, jeudi 12 janvier à 15 h salle 4 au Centre Pierre Mendès France

Thème : Entre Battant et les Chaprais, des fortifications et des portes et les démolitions