Chantal Bertin participera à la Rencontre avec les artistes des Chaprais les 12 & 13 mars au FJT La Cassotte

La qualité et la diversité des artistes des Chaprais pourront être observées au FJT La Cassotte samedi 12 et dimanche 13 mars 2022 lors de la Rencontre avec les artistes des Chaprais.

Chantal Bertin, quel a été votre parcours artistique ?

En ce qui concerne mon parcours universitaire, j’ai d’abord fait des études de psychologie et obtenu mon Deug de psychologie à la faculté de Besançon, puis j’ai bifurqué sur des études artistiques et j’ai obtenu ma Licence d’arts plastiques à l’université de Strasbourg.

A la faculté de Strasbourg, on nous donnait un thème et nous « devions nous en débrouiller » alors j’étudiais des magazines en vogue à cette période comme Art Presse etc. Bref, ma faculté d’adaptation m’a permis d’obtenir ma licence qui n’était pas gagnée d’avance car je n’avais pas fait de Bac artistique.

J’ai commencé, hormis les thèmes imposés, de me lancer dans le travail des matières et de faire des tableaux abstraits que j’ai gardés. Puis à la sortie de la faculté, c’est tout naturellement que je suis devenue professeur d’arts.

Pour ce qui est de mon activité artistique, je me suis lancée dans une sorte de surréalisme, utilisant des végétaux séchés (petite, j’herborisais déjà), et des pistolets (formes en plastiques avec toutes sortes de courbes différentes que mon papa, qui était maquettiste, m’avait données). J’ai fait aussi quelques gravures dans le même style car je m’étais inscrite au cours de Mr Oudot aux Beaux-Arts avec les étudiants.

Les formes combinées devenaient des sortes de créatures à la fois organiques, végétales, minérales etc.

J’utilisais pour cela toute la panoplie des crayons de bois H, 2H etc. HB. B, 2 B etc. ainsi que des rehauts d’aquarelle et de crayons de couleurs.

J’ai fait également des aquarelles dans le même style.

Je me suis remis un peu à l’abstraction pendant le premier confinement ce qui m’a bien aidée à passer le cap.

Puis, la tentation de la photographie, étant toujours présente, j’ai présenté quelques photos à un photographe professionnel, Sylvain Prégaldiny, qui m’a beaucoup aidé, surtout dans la retouche avec Photoshop.

Vous avez déjà participé à plusieurs expositions, lesquelles ?

J’ai exposé

• De nombreuses fois mes aquarelles à Novil’Art,
• mes photos et tableaux-photos avec l’association Tambour Battant
• à Ranchot avec deux photographes professionnels, Carole Denéchaux et Sylvain Prégaldiny.
  
  
• A Espace d’un jardin, véritable écrin de nature pour les œuvres avec Eva Marty Sidibé. dans le superbe jardin de Pierre Chevignard. Je les en remercie ici chaleureusement.
• Et je fais partie désormais de l’association «  Art libre comtois » également.

Quant-à-mes œuvres surréalistes, j’ai du mal de m’en séparer…

Vos créations s’appuient sur des observations de la nature. Lesquelles ?

• Si je devais présenter ou expliquer la teneur de mon travail pictural ou photographique, je dirais qu’il est imprégné d’une sorte d’esprit Wabi- Sabi. J’expliquerai ce terme ou cet état un peu plus loin.

Pour mes aquarelles-techniques mixtes- collages, j’avais récupéré du papier d’emballage chinois à l’occasion d’un cadeau que l’on m’avait fait ; j’ai découvert que je pouvais le déchirer, le triturer, le maquiller, j’en ai exploité les possibilités et je l’ai intégré avec des feuillages étranges qui poussent chaque année le long de ma haie comme un parasite dont je ne connais pas le nom et qui poussent apparemment seulement depuis quelques années, les vrilles font des acrobaties et s’enroulent autour d’elles même. J’en ai vu également à Mouthier-Haute-Pierre.

Darwin, lui-même, aurait déjà décrit ce genre de phénomène qui est impressionnant. Je cite : «  Des fils font des acrobaties. Darwin, le premier, a décrit trois sortes de mouvements : la circumnutation, les tropismes et les nasties ». La vrille peut s’enrouler de plusieurs tours autour du support en une heure. Chez Passiflora caerulea, elle peut aussi s’enrouler sur elle-même (ressort) Le sens de l’enroulement est prédéterminé par une asymétrie de la structure de la vrille. 

Il en est de même de ma plante « Tournicoton » dont je ne connais pas le nom…. Avis aux férus de botanique de me le donner ! Car je continue, comme une gamine, à faire sécher des végétaux dans des bottins ou vieux livres, de préférence des feuilles tachées, déchirées ou curieuses.

J’ai en même temps peint, griffé le papier, collé d’autres éléments, aquarellé, etc.

En photographie, je m’intéresse également davantage à des éléments qu’à l’ensemble ou plutôt à des détails d’éléments de la nature ou d’éléments manufacturés qui paraissent insignifiants, minuscules, à priori non dignes d’intérêt comme une porte ou une fenêtre rouillée, parce qu’imparfaits ou trop singuliers et auxquels le regard pourrait échapper.

Caprices de la nature …

Feuilles mortes ou feuilles givrées, une plume ou un duvet d’oiseau jonchant le sol, marquages ou graffitis sur des tronc d’arbres, arbre chétif étranglé par la force des lianes ou tresses d’un lierre invasif et intrusif…

Beauté des choses éphémères, toute prêtes à disparaître, vision d’une vitre fouettée par la pluie qui rend la vue brouillée mais qui adoucit le regard.

Fugacité des éléments …

Soleil de face, fouettant lui aussi l’objectif, hasard de la prise de vue qui va dessiner une image imparfaite mais qui me séduit par son côté aléatoire …

Autoportraits ou reflets sur une vitrine au détour d’une ruelle

Vous dites être imprégné d’esprit Wabi-Sabi, pourquoi ?

La pérennité existe-t-elle ?

Je cite Léonard de Vinci :  Regarde attentivement car ce que tu vas voir n’est plus ce que tu viens de voir .

Pour en revenir au « WABI-SABI ». « Deux petits mots japonais qui peuvent nous aider à accepter notre singularité, à percevoir la beauté secrète du monde . Et à en apprécier son imperfection et son impermanence…. » – C’est une esthétique de l’humilité, un éloge de la singularité, choisir ce qui nous rend heureux etc.

Le wabi-sabi, un concept spirituel et esthétique … C’est surtout Leonard Koren, architecte et théoricien de l’esthétique qui a étudié durant de nombreuses années le concept de wabi-sabi et en a tiré un ouvrage « wabi-sabi », à l’usage des artistes, designers, poètes et philosophes, dans lequel il essaie de définir le wabi-sabi.

Qu’est-ce que le wabi-sabi au Japon : Vivre une vie simple, accepter et apprécier l’imperfection de soi-même et surtout du monde qui nous entoure : voici comment pourraient être dessinés les contours du wabi-sabi, concept esthétique et spirituel japonais, très ancré dans la culture nippone.

Le plus difficile, dans le concept du wabi-sabi, ce n’est pas que de l’appliquer, mais aussi de l’expliquer. La différence est subtile mais démontre bien qu’encore une fois, les concepts japonais se vivent et s’éprouvent davantage qu’ils ne s’expliquent, à l’instar de l’ikigai, cette quête d’une vie heureuse et équilibrée.

Mais il n’y a rien d’intellectuel dans mon travail. Je me suis simplement retrouvée dans cet esprit (terme que j’ai découvert par hasard en lisant un article d’un numéro de la revue « Psychologie » dans une salle d’attente.

侘寂–

Chantal Bertin.

Pseudo d’artiste : Bertheline

Photos Tous droits réservés Bertin Chantal