De Kelton à Fralsen : toute une histoire racontée jeudi et dans un livre
Née aux Chaprais, cette entreprise horlogère atypique est racontée dans le livre » Des Kelton remontent le temps »
Jeudi 30 septembre 2021, au Kursaal a été présenté le livre publié par les Amis de la Maison du Peuple et de la mémoire ouvrière de Besançon.
Après la projection de deux courts métrages introductifs mettant en image et en musique la réalisation, les quatre coordonnateurs ont expliqué la genèse de cette publication exceptionnelle.
Mireille Etignard a pris la parole en premier
L’ouvrage commence par un historique de l’entreprise créée par Stéphane Boullier
Les premiers sites étaient situés aux Chaprais, rue des Villas et rue des Jardins, puis rue de l’Avenir
avant la création d’une grande usine de 44000 m² boulevard Kennedy
Dans cette usine, on produisait tous les composants de la montre. Grâce à une embauche massive, la production est montée jusqu’à 3, 7 millions de montres en 1972. Elle était devenue une des plus grosses entreprises de la ville employant jusqu’à près de 3000 salariés.
Après cette progression fulgurante dans les années 60, ce fut la chute dans les années 80. Il ne reste plus qu’environ 80 salariés chez Fralsen.
Le modèle économique de Kelton, entreprise américaine était en opposition avec l’horlogerie traditionnelle française. Une production à grande échelle avec du personnel féminin faiblement payé permettait de vendre les montres à bas prix hors du réseau des horlogers bijoutiers (dans les bureaux de tabac).
D’où le célèbre slogan « Vous vous changez, changez de Kelton ! »
En effet, l’entreprise a recruté massivement des filles (dès 14 ans) dans les villages, se déplaçant chaque jour jusqu’à Besançon grâce à un réseau de 27 lignes de cars
Il y avait aussi un transport à l’intérieur de la ville certains employés venant de la rue de Belfort et de la rue du Chasnot
La situation des femmes le plus souvent à la chaîne dans les immenses ateliers de montage tranchait avec celle des hommes généralement plus qualifiés dans les ateliers de mécanique. Les premières avaient des blouses jaunes « les jaunottes » tandis que les hommes revêtaient des bleus.
C’est ce qu’a voulu rappeler Henri Traforetti en coloriant les photos ou en dessinant la couverture du livre
Michel Pagani et Françoise Marpaux ont présenté Marc Cachot ancien délégué CGT. Il a commencé à travailler à 14 ans et est devenu rapidement délégué CGT . Il a relaté brièvement son engagement syndical jusqu’à son licenciement en 1977. Il a insisté sur l’importance des actions syndicales dans les années 60-70 et sur la solidarité qui s’est exprimée financièrement lors de son licenciement.
Sans avoir eu le retentissement de celle de Lip, la mobilisation difficile des Kelton s’est exprimée à maintes reprises, avant ou pendant les licenciements (450 en 1985)
Dès le 26 avril 1968, une grève contre la diminution des salaires.
Et le 14 septembre 1973, en plein conflit Lip, les jaunottes se mobilisaient pour les salaires
Le livre contient des témoignages de plusieurs syndicalistes comme Albert Charpy, Christian Pillot et Nicole Flexas de la CGT, mais aussi Annie Fusis déléguée CFDT.
Françoise Marpaux a apporté des informations sur l’entreprise de Besançon qui n’est qu’un petit élément dans un grand ensemble fondé par le norvégien Fred Olsen (né en 1929). Une holding renommée Timex Group contrôlant une quinzaine de filiales dans différents secteurs économiques. Pour l’horlogerie, la première usine était installée à Dundee en Ecosse. de 1947 à 1993. Le nom actuel de l’usine de Besançon Fralsen est une contraction de France et de Olsen.
Un grand nombre de photos du livre a été apporté par Alain Prêtre, dessinateur chez Kelton. Il a publié antérieurement trois articles sur Kelton sur www.chaprais.info
On peut se procurer le livre-album (138 pages) pour 15 € + 5€ de frais de port à l’ordre des Amis de la Maison du peuple auprès de Claude Barbe 10 chemin de Canot 25000 Besançon
Plusieurs photos d’époque ont été prises par Faille de l’Est Républicain