Qui habitait rue de la Liberté, il y a 100 ans ?

Qui habitait rue de la Liberté, il y a 100 ans ?

260 habitants dans 12 maisons : ouvrières, cheminots, petits commerçants … un habitat populaire

Certains se représentent les Chaprais comme un quartier bourgeois, se développant au milieu de jardins autour des loisirs symbolisés par les Bains et la promenade Micaud. Si on analyse les résultats du recensement de 1921 pour la rue de la Liberté située au coeur des Chaprais, on obtient une image assez éloignée de cette représentation idyllique et bucolique.

Le tracé de la rue n’a pas changé, mais plusieurs constructions sont récentes

La rue de la Liberté vue d’avion en 1926, entre la rue des Chaprais et la rue de la Cassotte

Depuis les années 1960, plusieurs immeubles ont été construits dans cette rue. Ils n’existaient pas il y a 100 ans. C’est le cas des immeubles situés au bas de la rue, aux numéros 2, 4 et 6.
immeuble n° 2 rue de la Liberté / rue de la Cassotte en 2014

C’est aussi le cas de ce grand ensemble dont l’entrée principale est située au numéro 8.
Les studios rue de la Liberté

Il fut construit à la fin des années 60 à la place de la bonneterie Druhen, une manufacture presque centenaire qui employa jusqu’à une centaine de salariés, essentiellement des femmes.

8 rue de la Liberté Druhen

Vendue à un concurrent, l’activité a été transférée dans les Vosges. Laissant la place à un projet de construction d’un building moderne de 4000 m² sur 6 niveaux destinés à l’origine à des bureaux.

Côté impair, l’immeuble vert en retrait est récent.
rue de la Liberté

D’où viennent ces 260 habitants ?

Comme dans d’autres rues du quartier, la majorité des 135 adultes, chefs de famille et actifs ne sont pas bisontins d’origine. 25 seulement sont nés à Besançon. 6 sont nés en Suisse, un en Italie.

Alors d’où viennent-ils ?
à part deux parisiens et un strasbourgeois, ils sont originaires de villages du Doubs ou de la région. Sa population est donc le résultat d’un exode rural. Ces personnes ont quitté leur campagne pour rechercher un emploi en ville.

Quels emplois occupent-ils ?

Ce sont des emplois d’ouvriers ou d’employés pour la grande majorité.
On dénombre 18 cheminots à la Compagnie PLM dont le gérant de la coopérative des cheminots, un boulanger au numéro 3.

Une douzaine de personnes sont classées journalières, quelques manoeuvres et déjà un chômeur (un ajusteur)

Une quinzaine, surtout des femmes, travaillent dans le textile ou l’habillement. Assez logiquement 7 travaillent à la manuacture de bonneterie Druhen qui est installée dans le bas de la rue au numéro 10. D’autres femmes sont couturières, lingère, repasseuse,  tricoteuse chez Pichon ou divers employeurs.

L’horlogerie et de façon plus générale la métallurgie occupe une dizaine de personnes : horlogers à façon (dont un Suisse) ou employée chez Lipmann, fertblantier chez Beckerich (29 avenue Carnot),

mécaniciens chez Douge (fonderie), aux automobiles Schneider ou au garage Faivre rue de la Liberté.

Quelques personnes travaillent à la Papeterie des Prés de vaux

Soirie et papeterie aux Prés de Vaux en 1883

L’un est fabricant de sacs en papier et plusieurs travaillent à la cartonnerie Gerst 20 rue des Villas

cartonnerie Gerst
Extrait de l’annuaire Fournier de 1926

Le bâtiment n’est pas absent : maçon, marbrier (italien), tailleur de pierres, peintre.

Une quinzaine de personnes travaillent dans le commerce deux aux Nouvelles Galeries mais les autres dans le petit commerce et la restauration

Y avait-il à l’époque le café restaurant de la poste ?
Bar restaurant de la Poste

Au numéro 12, sont domiciliés Marcel et Marthe Picard patrons d’un restaurant

Au numéro 11, habite Louise Jeanmaire patronne d’un restaurant qu’elle gère avec une cuisinière, une fille de salle (d’origine Suisse) et une domestique

l’Assiette Comtoise ?
l'Assiette comtoise en 2011

Une douzaine de personnes travaille pour l’Etat, principalement pour l’armée, au bureau militaire, plusieurs à l’Arsenal

ou pour la ville (cantonnier, femme de service à l’école des Chaprais) sans compter 4 employés des PTT qui ne travaillaient pas forcément au bureau de poste de la rue de la Liberté
Ancienne poste rue de la Liberté

D’autres professions sont plus rares : un instituteur (en retraite), une pianiste et un (oui, un homme) sténodactylo.

Quelle est la place des femmes parmi les chefs de fammille et les actifs ?
% femmes parmi les actifs

On n’est pas loin de la parité. Un effet de la guerre de 14-18

Deux exemples : ouvrières chez Druhen ou dans la restauration : au n° 11, 4 femmes pour tenir le restaurant Jeanmaire.

Quel âge ont les actifs ?

La plus âgée est née en 1846 : Jeanne Pionnet journalière habitant au numéro 12. Le plus jeune, René Dentre est né en 1905, il habite au n° 14 et est facteur. L’âge moyen des actifs est de 41 ans.

Les familles nombreuses sont rares. Au numéro 14, la famille Darbois a 7 enfants dont une fille employée chez Lipmann. Le père, né en 1875 à Pont de Poitte dans le Jura est ouvrier aux PTT.

Une cinquantaine de personnes vivent seules ou à deux.

Comment se répartissent ces familles entre les maisons ?

Assez inégalement.

Alors qu’on ne comptait que 3 ménages (une dizaine de personnes) dans chacune des maisons au n° 1 et 1 bis
N° 1 bis reu de la Liberté

On trouvait 17 ménages soit 40 personnes dans la maison au n° 12
Rue de la Liberté en 1964
En 1964, les constructions des n° 8 à 12 n’avaient pas beaucoup changé en 40 ans. Nouveautés la 2CV et la 403

12 et 14 rue de la Liberté incendié

et 16 ménages soit 39 personnes dans la maison du n° 14

30 personnes aussi dans l’ancienne construction au n° 7

Au n° 16, il y avait sans doute un atelier