Les Chaprais en 1905
Le 4 octobre 1905 paraît dans le quotidien local L’Eclair Comtois l’article suivant :
Nos lecteurs le savent, depuis 1903 une partie de la banlieue est comprise dans l’agglomération urbaine. La limite de celle-ci qui ne dépassait pas avant cette époque, pour les Chaprais, le pont de chemin de fer a été porté à la Croix de Palente (à 500 ou 600 m environ du pont précédent).
On pourrait croire qu’à la suite de cette extension du périmètre, la villa accorderait aux agglomérés les mêmes prérogatives qu’aux urbains, ou du moins une partie. Or il n’en est rien !
C’est ainsi que, malgré plusieurs demandes, ils n’ont pu obtenir que l’éclairage soit prolongé sur la route de Baume. Depuis 40 ans, époque de l’apparition de l’éclairage par le gaz à Besançon, la canalisation n’a jamais dépassé les bâtiments de l’ancienne gendarmerie.
Avant l’éclairage au gaz, des lanternes : dessin G. Coindre
Le dernier réverbère se trouve une cinquantaine de mètres tout au plus du pont de chemin de fer.
L’éclairage au gaz rue de Vittel (photo Bevalot DR)
Mais il est une chose plus nécessaire encore que l’on s’obstine à leur refuser, même en offrant de payer le tiers de la dépense, (la ville en exige la moitié), c’est l’eau ! Et cependant quelles sont les personnes qui ont plus besoin d’eau que les jardiniers ! Nous n’en connaissons guère.
Pour arroser leur jardinage ils sont obligés d’aller chercher de l’eau dans des tonneaux jusque dans le chemin de l’église ; les plus proches ont 500 à 600 m de trajet à accomplir et les plus éloignées près d’un kilomètre.
Il est aussi à noter qu’ils ne sont pas les seuls à aller s’alimenter d’eau à cet endroit. Les cultivateurs de Palente dont, les trois quarts du temps les citernes sont à sec, s’approvisionne au même endroit.
Cette situation est très préjudiciable à la culture maraîchère dont elle empêche le développement. Il serait, me semble-t-il, désirable qu’elle cessât.
Saint-Fiacre, patron des maraîchers sur église Saint Martin des Chaprais
Un troisième grief est formulé par les habitants de ce quartier. Il s’agit de la distribution des lettres et des télégrammes.
Il n’y a qu’une seule distribution par jour. Elle se fait le matin. Le facteur qui dessert cette partie de la ville commence sa tournée à sept heures du matin ; il se rend d’abord aux Prés-de-Vaux, puis à Charigney, fait Bregille, le Mont de Bregille et termine au point qui nous occupe. Quand il y arrive il est plus souvent deux heures de l’après-midi que midi.
On comprendra aisément que ce fait peut causer de sérieux préjudices et entraver dans une très large mesure l’extension de l’industrie horticole et, ce que l’on ne peut admettre, c’est qu’à 200 m à peine du point extrême de l’agglomération, les habitants ont quatre distributions quotidiennes.
Il en est de même pour la distribution des télégrammes. Il faut payer un express si l’on veut les recevoir aussitôt leur arrivée.
Ce sont là, certainement, de très sérieux inconvénients qui menacent de compromettre un commerce florissant et nous ne doutons pas que nos édiles auront à cœur d’y remédier, du moins nous le pensons.
Puisque nous parlons en ce moment du quartier des Chaprais, qu’on nous permette de citer un autre inconvénient moins inquiétant il est vrai que les précédents, mais assez désagréable. Nous avons signalé, il y a quelques jours, la présence d’un lac à Saint-Claude. Aujourd’hui nous signalerons celle d’une rivière ou Chaprais.
Comme dans le quartier de Saint Claude et pendant les fortes pluies la route nationale est impraticable depuis le nouveau terrain de manœuvre de Palente jusque près du pont de chemin de fer.
La route est transformée en un ruisseau amoureux et profond. Cette eau dévale du terrain de manœuvre, rendu imperméable par le piétinement des chevaux et le roulement des caissons, et coule sur la route qu’elle détériore, creusant des trous, enlevant les matériaux qui la composent et les emmenant à des distances considérables, où ils vont se former en tas.
L’armée acquiert des terrains de plusieurs hectares en 1903 à Palente. Avant l’aérodrome, était-ce un champ de manoeuvres?
L’administration des ponts et chaussées a bien fait cimenter les bas-côtés de la route, mais ceci n’y a rien fait. Après chaque abondance de pluie elle est obligée de faire visiter et réparer la route.
N’y aurait-il pas possibilité d’éviter cet inconvénient en installant une canalisation spéciale sur le terrain de manœuvre ?
H.C.
Source : Mémoirevive Besançon