Portrait de Max Athanase, un artiste qui joue avec les mots
Interview de Max Athanase, un humoriste bienveillant, un artiste qui joue avec les mots,
Interviewer un artiste qui joue avec les mots, ce n’est pas une mince affaire. Surtout par téléphone, confinement oblige. Jugez le résultat
Vous êtes un humoriste ?
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Je ne veux pas transmettre les terreurs, les frustrations, les angoisses. Au contraire, je veux pratiquer un art guérisseur, qui aide l’autre. En application de cette devise :
« ne corrige pas le mauvais, augmente le bon ».
J’ai à coeur de « donner corps, non à la parole qui pense, mais à la parole qui panse les plaies de la parole qui blesse ». De l’humour oui, mais bienveillant, sans H : umour ! – comme… ?!
L’affiche d’un spectacle de Max Athanase dessinée par Marol
Pourquoi ce choix ?
J’ai peut-être souffert de paroles blessantes quand j’étais petit. (Lol). Je ne veux pas infliger cela aux autres. Je ne sais pas s’il y a plus belle chose que de faire apparaître un sourire sur un visage. Oui, la voilà, quand même LA raison de mes scribouillages : Oui, un sourire (… qui n’a pas de contraire, et surtout, qui peut venir de l’intérieur – sans cause extérieure – contrairement à un rire (et qui a un contraire, les pleurs). Ben voilà, tiens, une autre « explication », à posteriori de umour sans H : d’un autre type.
Vous êtes un artiste qui joue avec les mots ?
Ou bien… ce sont eux qui jouent avec moi ? (Lol). J’exprime des « bêtises intelligentes ». J’aime ce qui est paradoxal. Comme la pub pour un biscuit « croquant ET moelleux » ! Les mots, c’est pas seulement du sens, c’est aussi du son. « Pour trouver l’âme sœur, il faut le bon… âme-son »………………….
Mon écriture est essentiellement orale. Elle s’écoute. Je viens du spectacle vivant.
Et pourtant votre dernier spectacle était silencieux et écrit ?
Oui, j’ai proposé récemment au Pixel, un spectacle inhabituel. J’ai pris des risques. Je n’ai rien dit.
Je sais que le silence, c’est ce qu’on n’aime pas. Le silence met mal à l’aise. Mais j’aime bien faire un silence au début, ça repose ! L’idée est de passer d’un silence absence à un silence présence – ça m’a pris du temps ! « Homme de parole, et porte-parole du silence, je tiens silence ! » La preuve !.
Je brandissais quand même des aphorismes écrits sur des cartons.
Vous avez écrit et publié des Maxiomes, de quoi s’agit-il ?
Oui j’en ai écrit plusieurs tomes dont deux sont éditées aux Editions Perspectives à Liesle
« Prêter à rire, donner à penser » et « D’Umour et de Sagesse ». Comme le dit mon éditrice, Gisèle Henriot, ce sont des livres de pensées qui jonglent avec les mots, se jouent des sonorités, se nourrissent d’humour absurde mais que l’on trouve si justes qu’on est tenté de les recopier dans son agenda pour les faire siennes… Des livres intemporels qui, derrière le sourire, posent des questions, multiplient les interprétations et engagent la réflexion ou, des livres qui se lisent vite mais se digèrent lentement… comme on me dit souvent.
De courtes phrases ciselées qui saisissent avec humour à la fois le sens et l’absurdité de la vie. Toujours bienveillantes, elles savent trouver écho en chacun de nous et trottent longtemps dans notre tête.
Vous avez d’autres réalisations à votre actif ?
Oui, de septembre 1997 à juin 1998, j’ai proposé des chroniques quotidiennes « humoristico-philosophico-poético-je-cite-absurdo-brindezingue » sur Radio France Besançon.
J’ai aussi chanté le blues (rose), le folk (jaune) et la soul (rouge et bleue) : des succès récents ou moins de Dylan, Springsteen, Who, Cohen, Sinatra ou Gainsbourg, Ferrer, Gotainer etc .. Le répertoire se constitue également, pour moitié maintenant depuis le flyer, de compositions personnelles (une vingtaine à ce jour (Français et Anglais)
Comment avez-vous commencé ? Quels sont les humoristes qui vous ont inspiré ?
Si on veut citer un auteur français, je citerai Jean Tardieu. (Et Christian Bobin ! Et François Cheng ! Et Nasr Eddin !). Mais mon inspiration est surtout anglaise. Le nonsense anglais est un concept plus riche que le simple non-sens français. Je suis fan des Marx Brothers et des Monty Python. Et en France, Romain Bouteille m’a donné envie de monter sur scène, à la grande époque du Café de la Gare qui réunissait Coluche, Miou Miou et bien d’autres. J’adore Kamelott et ce que fait Alain Chabat.
J’aime bien aussi les Haikus, ces petits poèmes japonais composés de trois vers qui cherchent à capter l’émotion d’un instant et suscite une méditation. Par exemple :
Un lac millénaire
Une grenouille plonge
Le bruit de l’eau
Quel a été votre parcours professionnel ?
J’ai été professeur d’anglais pendant 10 ans. J’ai arrêté pour faire un spectacle: « C’est plus Fort Que Moi« . Je ne regrette pas : c’est dur quand on aime une langue de l’enseigner à des gens que cela n’intéresse pas.
Etes-vous d’origine franc-comtoise ?
Oui, je suis franc-comtois et bisontin « pur jus »
Que sont vos liens avec le quartier des Chaprais ?
J’y habite depuis presque toujours. Rue Suard après la rue Grosjean. J’ai d’ailleurs fait une chanson sur les Chaprais (en Anglais : Welcome to the Chaprais. Je… plaisante ! (pour l’Anglais !).
J’ai animé plusieurs spectacles au Café des Pratiques rue de Belfort.
Y a-t-il des événements qui vous ont marqué ?
Mon entretien avec Jean Giraud, alias Moebus le célèbre illustrateur de BD : BlueBerry et Métal Hurlant. Il aimait ce que je fais, mais il est mort avant de pouvoir collaborer.
Et la rencontre à plusieurs occasions avec un ami de Moebius : Alexandro Jodorowsky. Un être exceptionnel. D’une infinie bonté.
Et également mes rencontres récurrentes avec le guitariste-compositeur du groupe les Who dont j’ai vu 25 concerts. C’est pas seulement de la musique, il y a aussi des textes profonds.
Et puis cet événement qui m’a marqué, personnellement : la Rencontre-Inter-Tradition
J’adore ce dessin – du regretté Marol : c’est ce que je fais… avec les mots (j’espère !)
Vous aimez la nature ?
Oui les arbres, les oiseaux, les fleurs … aux Chaprais ou ailleurs
Comment se procurer ses Maxiomes ?
2 tomes aux Editions Perspective
6, rue des Grands Terreaux
25 440 Liesle
et l’ensemble chez l’auteur aux Chaprais
Comment contacter Max Athanase ?
max.athanase.25@orange.fr