Quand Charles Krug succédait comme maire de Besançon à Antoine Saillard
Sur le site Vivre aux Chaprais, dans la rubrique description des rues du quartier, vous pouvez lire ces quelques lignes concernant l’historique de la rue Krug :
« Paul Charles Krug est né en 1872 à Strasbourg d’un père fabricant de choucroute.Il fit des études de droit à Nancy avec pour sujet de thèse Le féminisme et le droit civil français présentée en 1899. Il s’installa comme notaire à Besançon jusqu’en 1931. De tendance radicale socialiste, il a été élu conseiller municipal, et maire en 1919. Fait remarquable, il dirigea une municipalité comprenant aussi bien des adjoints radicaux comme Siffert (qui lui succéda), un socialiste : le docteur Baigue, et des hommes de droite comme Ducret et le docteur Heitz. Charles Krug est mort à Paris en 1947. En 1952, son nom fut donné à l’ancienne rue des Noyers. »
Apportons quelques précisions complémentaires à cette présentation synthétique. Et ce, parce que le personnage est, vous l’aurez compris, étonnant ! Il est ainsi l’auteur d’un rapport au Préfet, en 1922, sur l’état de la police municipale bisontine, rapport que nous publierons intégralement puisque Charles Krug n’utilise pas, c’est le moins que l’on puisse dire, la langue de bois administrative !
Son étude notariale était installée au 6 rue Delavelle.
Le 6 rue Delavelle aujourd’hui
Le 6 se situe en face de la belle villa qui est, aujourd’hui encore, le siège d’une autre étude notariale.
Il semble également que le 6 rue Delavelle était également le lieu de résidence de Charles Krug puisque nous le trouvons répertorié comme « notaire honoraire » dans l’annuaire Fourier de 1946, à cette adresse.
Son élection, en 1919, comme maire de Besançon, mérite que l’on s’y attarde.
Il est élu à la suite de M. Antoine Saillard qui fut maire de Besançon de 1912 à 1919, la première guerre mondiale ayant entraîné la prolongation du mandat du conseil municipal. Et l’élection de M. Saillard en 1912, semblait mettre fin à la longue lignée de maires se réclamant du parti radical-socialiste, commencée avec Victor Aristide Delavelle (notaire lui-aussi), en 1884 ! Cette continuité de maires radicaux-socialistes prendra fin, après la seconde guerre mondiale.
Antoine Saillard est souvent présenté (comme dans la liste des maires de Besançon publiée par Wikipédia) comme un libéral, catholique. Catholique, certes il l’est, rompant avec tous ces maires radicaux très anticléricaux, mais « libéral », c’est à voir…Car il est élu, au 2° tour sur une liste intitulée « Républicaine de défense municipale » qui comprend neuf transfuges des partis de gauche, dûment dénoncés dans Le Petit Comtois Du 5 mai 1912.
Il avait face à lui, au 1er tour une liste dite Fédération des comités libéraux et action libérale de Besançon. La liste républicaine (à laquelle appartenait donc M. Saillard) est conduite par M. Bredillot qui totalisera le plus de voix au second tour : 4 248 voix contre 4 144 à M. Laslandes de la liste dite de La Fédération (les « vrais » radicaux). Il est intéressant de noter qu’aux Chaprais, au 2° tour de ces élections, M. Bredillot totalisa 419 au bureau de vote de l’école de filles des Chaprais, et 357 à l’école de garçons contre 382 et 349 à M. Laslandes (M. Saillard 363 et 341) !
M. Saillard ne se représente pas en 1919, date à laquelle il devient député du Doubs.
Enfin, dernière observation concernant M. Saillard : il n’avait pas obtenu le plus de voix sur sa liste. Ce qui ne l’empêcha pas d’être élu maire.
Et ce sera également le cas pour M. Krug qui lui, eut la chance d’être présenté à ce poste par l’ensemble des élus figurant sur une Liste proportionnelle. En effet,après les résultats du 1er tour au cours duquel aucun candidat n’avait obtenu la majorité absolue, la fusion est réalisée avec des représentants des 3 listes en présence : la liste radicale et d’union démocratique conduite par M. G. Adler ; L’Entente Républicaine conduite par M. Bredillot ; et la liste Socialiste conduite par A. Jouchoux.
Tous les candidats de cette liste unique, au 2° tour, sont alors élus
Il est intéressant de noter que, sur les différentes listes, figurent au 1er tour des chapraisiens qui nous sont encore connus comme :
– pour les Radicaux, G. Adler (2808 voix); l’horloger Friez (2522 ), les entrepreneurs Désiré Micciollo (2 730 et Georges Pateu (2 707 , ou encore Narcisse Lanchy (2 663 ), sans oublier celui qui deviendra maire, Charles Krug ( 2 682 voix);
– pour l’Entente Républicaine le docteur Heitz (2 910 voix) ;
– pour les Socialistes, le docteur Maurice Baigue (2 007 voix).
Au second tour c’est toujours G. Pateu qui obtiendra, parmi les candidats résidant aux Chaprais, le plus de voix : 4 861. Viennent ensuite G. Adler 4 844; ; D. Micciollo 4 783 ; le docteur Heitz 4 744 ; C. Krug 4 630;M. Baigue 4 558.
Les bureaux de vote aux Chaprais se répartissaient alors entre un bureau aux écoles de l’avenue d’Helvétie et un autre à l’école des Chaprais ; et si G. Pateu obtient respectivement 473 dans le premier cité et 474 dans le second, G. Adler le talonne avec 472 et 475, suivis de D. Micciollo 460 et 484; du Dr Heitz 460 et 451 ; de M. Baigue 419 et 463 et du futur maire C. Krug obtenant 448 et 463 voix !
Charles Krug est présenté par tous les conseillers municipaux, quelle que soit leur sensibilité et il est donc élu maire de Besançon le 12 décembre 1919..
Portrait officiel du maire Charles Krug
Compte-rendu dans Le Petit Comtois du 13 décembre 1919
Nous publierons donc, par la suite, le « fameux » rapport C. Krug, sur la police municipale en 1922…
Sources : Mémoirevive Besançon; archives municipales; Le Petit Comtois; photo portrait officiel de C. Krug, mairie (DR).