Qui se souvient de M. Ange Sala, un chapraisien qui a compté dans les Beaux Arts?
Singulier destin que celui de M. Ange Sala qui devait le conduire d’Italie à la Tunisie… puis aux Chaprais et lui faire jouer un rôle important dans le domaine des Beaux Arts !
Ange Edouard Sala est né en 1893 dans le petit village de Godiasco, canton de Voghera, province de Pavie en Lombardie.
Ses parents sont cultivateurs. Ils vont émigrer en Tunisie, après la Première Guerre Mondiale du fait de la crise économique et de la montée du fascisme en Italie nous indique sa fille Mme Duvernoy qui habite toujours, à 91 ans, la maison familiale aux Chaprais. Cette émigration en Tunisie s’explique par le fait que des cousins sont déjà installés dans ce pays. En effet une première vague d’immigration italienne s’est produite à la fin du XIX° siècle et une colonie italienne importante va y prospérer. Le destin de la Tunisie oscillera d’ailleurs entre l’Italie et la France et ce jusqu’à l’instauration du Protectorat français en 1883.
Donc installation de la famille en Tunisie : Ange qui travaillait déjà en Italie, dans une banque, va donc poursuivre, en Tunisie, dans cette voie. Mais il révèle très vote ses talents de dessinateur et de peintre. Il va d’ailleurs se lier avec de nombreux artistes émergents tunisiens. En témoignent les dons de ces artistes à Ange Sala, accrochés encore aux murs de la maison familiale. Ange Sala est réputé « avoir l’œil » et le gout sûr !
En 1927, dans quelles circonstances exactes ? Ange va croiser, en Tunisie, le chemin d’une bisontine, née à Cleron en 1901, Marie Magnin. Marie est donc jeune, belle, intelligente, et aventurière : elle se trouve alors dans ce pays car elle est secrétaire de l’organisateur de la Croisière Noire, organisée par André Citroën et qui, en 1924 devait relier Colomb Béchar à la ville du Cap (devaient suivre en Asie, la Croisière jaune puis la Croisière Blanche à travers le Canada et les Etats Unis).
Mariés dès 1928 deux filles naîtront de cette union : Jacqueline et Colette dont nous aurons l’occasion de reparler.
La vague de nationalisme qui va secouer la Tunisie de Bourguiba (qui aboutira à l’indépendance de la Tunisie en 1956) entraîne le départ de la famille pour la France, à Besançon où le père de Marie est ébéniste. Ce dernier a construit sa maison aux Chaprais en 1931, avec son atelier au rez de chaussée.
Ange va ouvrir, dans les années 50, une galerie réputée, appelée L’Atelier au 18 rue Pasteur. Il y expose les jeunes peintres comme par exemple Roland Gaudillière. A propos de cette exposition en mars 1955 dans la presse : « cette exposition marque la réouverture de la Galerie de la rue Pasteur. Elle est un nouveau et fort séduisant témoignage de l’inlassable affection avec laquelle M. Sala veille sur l’éclosion des jeunes talents et de leurs efforts. L’expérience que poursuit depuis plusieurs années déjà – et pour longtemps encore nous voulons l’espérer – cet ami enthousiaste, compétent et désintéressé, mérite mille fois d’être encouragée et appuyée ».
Ange Sala autoportrait (collection privée)
Ange Sala est effectivement tellement désintéressé qu’il ne s’intéresse pas à l’aspect commercial de cet art qui pourrait le faire vivre. Et il doit, après cette expérience, rejoindre un poste subalterne au Musée des Beaux Arts de Besançon et ce, grâce au maire de l’époque Jean Minjoz.
Mais ses compétences trouvent très vite à être employées par la Conservatrice de l’époque, une chapraisienne également, Marie-Lucie Cornillot. Elle en fait son bras droit et, fouillant dans les réserves du musée, il y découvrira, en 1958, un Rubens et des trésors en matière de faïences qui feront l’objet, en 1962 d’une exposition.
Ange Sala et le Rubens redécouvert
Ange Sala et les faïences au MBA Besançon
Compte-tenu de son passé professionnel compliqué, il travaille jusqu’à 78 ans avant de prendre sa retraite. Il décède en 1982 et son épouse Marie en 1987.
Depuis, la maison familiale des Chaprais est toujours restée dans la famille.
Crédits photos : B. Faille (Mémoirevive Besançon), jcg, Lofo7, Unifrance.org, wikipedia