Coups de coeur de lecture suite
Compte-rendu de la Rencontre coups de coeur lecture du 4 septembre 2019 (suite)
Les vacances d’été à peine terminées, le groupe de lectrices presque au complet s’est retrouvé le 4 septembre pour échanger sur les auteurs américains. Un sujet aussi vaste méritera sans doute d’y consacrer d’autres séances; mais déjà beaucoup d’écrivains ont été évoqué avec passion et argumentations à l’appui.
Les 7 participantes ont ainsi pointé des sujets de société récurrents dans ce pays dont on a longtemps parlé en tant que «Rêve Américain». La réalité du quotidien de certaines communautés indiennes, noires, asiatiques ou sud américaines écorne quelque peu cette belle image.
Car il reste bel et bien des traces du passé colonial sur lequel s’est construit ce pays où demeure un racisme marqué envers les peuples précédemment cités. De nombreux narrateurs témoignent sur ces thèmes; 13 ouvrages ont été présentés au cours de cette rencontre.
En voici la liste et un aperçu du contenu.
Le premier article a présenté les livres de Douglas Kennedy, Barbara Kingsolver, Ron Rash, Madeline Miller, Céleste NG, Jim Fergus, Tracy Chevalier, Brady Udall et Richard Ford
Pour finir ce compte rendu Catherine parle de deux auteurs: Raymond Carver et John Cheever.
Raymond Carver : Nationalité : États-Unis. Né à Clatskanie, Oregon , le 25/05/1938 mort à Port Angeles, Washington, le 02/08/1988
Raymond Carver est un écrivain, poète, romancier et un nouvelliste de premier plan.
Il a grandi à Yakima, dans l’État de Washington. Son père, ouvrier dans une scierie, était alcoolique et sa mère travaillait parfois comme serveuse ou vendeuse. En 1956, à l’âge de 18 ans, il se marie avec son amie de lycée, alors âgée de 16 ans, Maryann Burk, alors enceinte. Carver a 20 ans à la naissance de son deuxième enfant. Après avoir obtenu son diplôme au lycée de Davis, Carver travaille et s’occupe de sa famille comme portier, ouvrier dans une scierie, ou comme vendeur.
Après avoir déménagé en Californie, Raymond Carver s’intéresse à l’écriture et prend des cours d’écriture et de création avec le romancier John Gardner, qui eut une influence importante dans la vie de l’écrivain. Il poursuit ses études à l’université d’État de Chico, puis à l’université de Humboldt en Californie, et enfin à l’université de l’Iowa.
Dans les années 60, Carver et sa famille habitent à Sacramento, où il travaille comme gardien de nuit à l’hôpital. Il étudie aussi à l’université d’État de Sacramento où il apprend beaucoup du poète Dennis Schmitz. Son premier recueil de poèmes, intitulé Near Klamath est publié en 1968 par le club d’anglais de l’université d’État de Sacramento.
1967 est une année charnière pour Raymond Carver marquée par la publication de son recueil de poèmes dans la respectable collection Foley, et par la mort de son père. C’est également cette année qu’il déménage pour la Californie, à Palo Alto, afin de pouvoir travailler comme rédacteur pour Sciences Research Associates, où il travaille jusqu’à 1970.
Dans les années 70 et 80, sa carrière d’écrivain ayant enfin décollé, Raymond Carver enseigne dans diverses universités américaines. De 1980 à 1983, il est professeur d’anglais à l’université de Syracuse. En 1974, après avoir quitté Iowa City, Carver se rend dans un centre de traitement pour lutter contre son alcoolisme. Il continue de boire jusqu’en juin 1977 et arrête alors grâce à l’aide des Alcooliques Anonymes. En 1982, il divorce de Maryann. Il vit en fait, depuis 1979, avec la poétesse Tess Gallagher. Ils se marient en 1988 à Reno, au Nevada. Deux mois plus tard, il décède d’un cancer du poumon.
Sa nouvelle « Parlez-moi d’amour » (« What We Talk About When We Talk About Love », 1981) est adapté au cinéma par Alejandro González Iñárritu sous le titre « Birdman » en 2014.
Ouvrages :
Les vitamines du bonheur de Raymond Carver
« Je suivis son regard… A côté du vase, sur le napperon, un moulage de dents, les dents les plus tordues et irrégulières que j’aie jamais vues de ma vie. Il n’y avait pas de lèvres sur ce truc affreux, pas de mâchoires, juste des dents en plâtre plantées dans quelque chose qui ressemblait à d’épaisses gencives jaunâtres…
Ca, c’est les dents d’Olla avant qu’on lui mette des appareils, dit Bud à Fran… Ma tête à couper que je ne sais pas pourquoi elle les garde. »
Des dents sur le poste de télévision, un bébé « tellement moche que je ne trouvais rien à dire », des gens très ordinaires, des vies simples et, miracle de l’écriture, le monde s’auréole d’une étrangeté presque métaphysique. Petites joies désolantes, infinie tristesse…
Douze nouvelles de Raymond Carver. Douze univers clos, douze fascinantes variations sur la condition humaine.
Les trois roses jaunes de Raymond Carver
De tous les écrivains de notre époque, Raymond Carver est sans doute celui qui a le mieux exprimé les vertiges « d’une classe sociale sans mémoire, celle des petites gens agités par les tracasseries du moment, les drames de la vie conjugale, du chômage et de l’alcoolisme ».
(Jean Vautrin)
Ses nouvelles sont des fables laconiques où passe le souffle d’un destin antique. L’homme s’y mesure à ce qui le dépasse : l’incapacité d’aimer, la force de survivre, l’approche de la mort. Ses premiers textes paraissent dans des magazines au début des années 60. Très vite, il est reconnu comme un maître du genre. Le New Yorker signe avec lui un contrat exclusif. Robert Altman s’est inspiré de quelques nouvelles de Carver pour son film Short Cuts (1993).
Débutants de Raymond Carver
Débutants est le manuscrit original, inédit à ce jour, d’un des livres les plus célèbres de Raymond Carver, Parlez-moi d’amour, qui parut aux États-Unis en 1981 après avoir été amputé de moitié par son éditeur. La publication de ce texte dans sa version intégrale constitue un événement de première grandeur. Elle permet de mesurer la force d’une écriture qualifiée à tort de minimaliste.
En découvrant ce livre dans toute sa fraîcheur, on comprend mieux l’importance de la révolution opérée par Carver dans le domaine de la nouvelle, cette « short story » née en Europe et portée par les Américains à son point de perfection par Hemingway, Flannery O’Connor et – bien plus tard – J. D. Salinger.
Carver a arraché la nouvelle à son cadre doré et l’a fait pénétrer dans des lieux où elle n’était jamais allée : le lit aux draps froissés où s’attardent les amants, la cuisine en désordre après le petit déjeuner, la salle d’attente de l’hôpital, le jardin encombré de meubles en vue d’un dérisoire vide-grenier, tout ce bric-à-brac que forment nos vies, comme un décor de théâtre en attente du moment où la vraie pièce va enfin pouvoir commencer.
Avant de devenir le « Tchekhov américain » célébré à la fin de sa vie par le Sunday Times, Raymond Carver aura été cet écrivain audacieux, inventant pour la littérature de nouveaux territoires, cherchant à imposer son style à un éditeur réticent.
John Cheever : Nationalité : États-Unis.Né à Quincy, Massachusetts, le 27/05/1912 mort à Ossining, New York , le 18/06/1982
Il est surtout renommé pour ses nouvelles. Il en a écrit plus de deux cent. Le recueil « The stories of John Cheever » (1978) a obtenu le Prix Pulitzer de la Fiction en 1979. L’œuvre de Cheever compte aussi cinq romans, dont « The Wapshot Chronicle » (1957), lauréat du National Book Award en 1958.
Le décor de ses écrits, les immenses banlieues américaines, autour de New-York et en Nouvelle-Angleterre, lui a valu d’être surnommé « le Tchekov des faubourgs » (« the Chekhov of the suburbs »). Il est en effet considéré, aux États-Unis, comme l’un des auteurs ayant, avec « Updike », le mieux dépeint la vie des classes moyennes américaines durant l’après-guerre.
Citons pour info, quelques ouvrages de John Cheever, non développés au cours de cette rencontre :
«Le ver dans la pomme, Les Wapshot, Falconer, Déjeuner de famille, L’ange sur le pont».
Les personnes intéressées par le groupe de lecture peuvent rencontrer ses membres jeudi 3 octobre lors de la soirée conviviale de Vivre aux Chaprais au FJT La Cassotte
La prochaine réunion aura lieu le mercredi 16 octobre sur le thème La littérature nordique