Aux Chaprais, on connaît la musique….
Le prochain concert de l‘Harmonie des Chaprais dans le parc de la rue de l’Eglise, samedi 18 mai, à 16h00, nous a incités à explorer le passé musical du quartier. Et ce passé est fort riche, ce qui démontre, si besoin était, qu’aux Chaprais, on connaît la musique…depuis la naissance de ce quartier!
En effet, dans le Bulletin de la Société Syndicale pour l’amélioration des Chaprais, daté de novembre 1887, il est fait état d’un Cercle des Chaprais réunissant les bonnes volontés , afin d’améliorer le cadre de vie de ce quartier naissant (voir à ce sujet, l’article paru sur ce site, sur Le Cercle des Chaprais le 21 septembre 2013).
L’ouverture solennelle de ce Cercle se fit le 2 mars 1862. Et le bulletin de relever à ce sujet :
« …Ce jour là, nous donnâmes à nos amis une petite fête d’inauguration avec la concours de la Fanfare des Chaprais et quelques artistes de bonne volonté… »
« …La Fanfare des Chaprais qui nous avait si gracieusement prêté son concours avait eu des commencements bien laborieux.
Des jeunes gens à qui leur situation de fortune ne permettait pas la fréquentation des cafés ou des spectacles, amusements coûteux, se réunissaient chaque soir pendant la semaine et le dimanche après-midi, pour faire de la musique. Les fils Chapuis dont le père est tuilier au Vernois, arrangeaient les partitions. Charpy, Jean Gavirey, Morel, les frères Farey, Jules Coin, Médard Dubois, etc. furent les premiers exécutants de cette société de musique.
Mais la bonne volonté ne pouvait suffire à tout. Nos jeunes artistes manquaient des instruments les plus indispensables. Auguste Klein (un des fondateurs du Cercle) leur avait procuré en 1860 un tambour et facilité l’achat de quelques cuivres.
Trompette du XIX° siècle
Tambour XIX° siècle
Ces actes de mugnificence lui valurent la reconnaissance éternelle de ces braves garçons qui devinrent l’âme de nos fêtes. Aussi la pauvre fanfare était mise en oeuvre à l’occasion de chaque événement un peu important, s’associant à toutes les réjouissances du Cercle, auxquelles elle donnait du lustre et du retentissement »…
Donc,nous pouvons avancer la date de 1860 pour la création de cette Fanfare. On ne connaît pas la date de dépôt des premiers statuts (la grande loi sur les associations est de 1901). Par contre, la date de dépôt de nouveaux statuts est connue : un arrêté préfectoral en date du 7 novembre 1884 approuvait les nouveaux statuts; cet arrèté était transmis au Maire de Besançon qui demandait au commissaire de police (rappelons que la police est alors municipale et ce, jusqu’en 1941…) de notifier cet arrèté au Président de la Fanfare des Chaprais. Ce qu’il fit le 20 novembre 1884, un procès verbal l’attestant.
Reconnaissance officielle 1884
En 1882, elle est autorisée par arrèté préfectoral du 14 avril 1882, à organiser une tombola au capital de 1 000 f, composée de 2 000 billets à 50 c! Elle s’adresse donc au maire de Besançon, M. Victor Aristide Delavelle (voir à son sujet l’article qui lui est consacré sur ce blog en date du 24 décembre 2016) afin d’obtenir un lot pour sa tombola, car elle a besoin de financer sa participation au concours international de Genève.
A noter que le nom de la Fanfare, avant l’adoption des nouveaux statuts de 1884, est en 1882 Fanfare des Chaprais-Besançon.
Puis début 1884, elle s’intitulera Fanfare des Chaprais-Besançon et du Bataillon des Sapeurs-Pompiers. Elle écrit alors le 7 février 1884 au Maire de Besançon, M. Nicolas Bruand, afin de solliciter une subvention car elle avait à supporter… » des frais assez considérables pour réparations et achat d’instruments..et pour prêter son « …concours qu’elle s’est engager à prêter aux fêtes qui doivent avoir lieu à Besançon ». Le 9 février 1884 (vous remarquerez la célérité de la réponse!…) le conseil municipal accorde une subvention de 200 f (environ 400€ actuels). La lettre de remerciements de la Fanfare est lue au conseil du 14 mars.
Et le 11 avril 1884, le conseil municipal répond favorablement à une demande de lot pour la tombola annuelle de la Fanfare : ce sera une montre de dame en or!
En 1885, son siège est déclaré au 37 rue de Belfort, siège de la future société syndicale pour l’amélioration des Chaprais , du Cercle des Chaprais et de la commune libre des Chaprais (créée en 1930).
Siège au 37 rue de Belfort en 1885
Le 3 août 1885 le nouveau maire Nicolas Bruand (après la démission de Victor Delavelle) « …est autorisé à offrir (pour la loterie annuelle) une des montres à gousset en argent restant de la loterie horlogère de 1880″…
En 1890, le siège est déclaré 3 rue de la Liberté.
Siège 3 rue de la Liberté en 1890
Le 1er juin 1891, autorisation est donnée à la Fanfare d’organiser un concert Promenade Micaud, comme on appelait alors ce parc.
Demande d’autorisation concert 1891
Et ce « …au profit des pauvres et de notre société ». La Fanfare doit en effet participer à un concours, le 21 juin 1891 à Saint Germain en Laye. D’où elle revient couverte de lauriers! Dans son N° du 22 juin Le Petit Comtois indique, sous le titre Nouveaux succès de nos sociétés : La Fanfare des Chaprais, sous la direction de M. Bourgoin, vient d’obtenir le 1er prix au concours de Saint Germain en Laye. Un premier prix à vue avec félicitations du jury, 1ère section; un premier prix d’exécution ascendant avec félicitations du jury; L’excellent directeur de cette société, M. Bourgoin, a obtenu un premier prix avec félicitations du jury. Enfin des diplômes de mérite ont été alloués à MM. Lombard pour les services qu’il a rendus à la Fédération dont il est le représentant dans notre ville ».
La dernière trace écrite retrouvée est datée du 25 mai 1894. La Fanfare remerciait alors la ville pour le don d’un lot pour sa loterie et annonçait qu’elle participerait au concours musical de Lyon les 12 et 13 août 1894.
Oui, mais voilà! Lors de ce concours à Lyon, c’était La Concorde de Saint-Ferjeux (fondée en 1887 par le docteur Lepagnole) qui allait recevoir le 1er prix d’exécution ascendant avec les félicitations du jury et le 2° prix de solfège! Le Petit Comtois en date du 13 août en rendait compte, mais son édition du 16 août 1894 décrivait alors l’enthousiasme des habitants de Saint Ferjeux! Mais pas seulement puisque « a la gare attendaient des représentants de toutes les sociétés bisontines qui apportaient aux heureux vainqueurs des couronnes et des bouquets largement mérités ». Avec discours, à la gare, d’un membre de ma commission de la Concorde; puis arrêt à la Butte au Café Joly, tenu par M. Marchal, un des deux présidents de la Concorde (l’autre étant M. Gondy qui sera élu maire de Besançon en 1898 jusqu’en 1901 date de sa mort). Et enfin arrivée à Saint Ferjeux où deux demoiselles avaient tenu de bien beaux discours au nom de tous les habitants de Saint Ferjeux!
Nos chapraisiens ont dû regretter les honneurs certes, mais surtout le vin…et les demoiselles….