Sopro : théâtre au CDN
Au CDN du 6 au 8 mars, Sopro, une pièce de théâtre portugais de Tiago Rodrigues
Avec Isabel Abreu, Carla Bolito, Beatriz Brás, Romeu Costa, Marco Mendonça, Cristina Vidal
Scénographie et lumière Thomas Walgrave
Tiago Rodrigues est parti à la recherche de l’âme cachée de son théâtre et porte en scène celle qu’on ne voit jamais : Cristina Vidal, souffleuse du Théâtre National D. Maria II de Lisbonne. Représentante d’un métier de l’ombre en voie de disparition, la souffleuse insuffle la parole théâtrale. Sopro – qui signifie souffle en portugais –, c’est ce qui existe avant la parole, avant le mouvement, avant le sens, avant la forme, avant l’esthétique. Portant l’humilité passionnée des coulisses, elle est aussi celle qui sait combien les destins de Nina, d’Antiochus, et de tant d’autres fantômes, sont liés de manière inextricable avec les vies des interprètes qui les ont côtoyés. Alors, elle les convoque, les anime, les écoute. Hommage poétique aux artisans du théâtre autant que geste d’amour pour les acteurs, Sopro s’offre comme une réflexion, comme une méditation, sur ce qui resterait de cet art si les théâtres eux-mêmes disparaissaient. Aux attaques et érosions économiques que connaît la création partout en Europe, Tiago Rodrigues oppose un geste salvateur, une promesse de continuation, un souffle inextinguible.
Résumé
Quand le théâtre serait en ruines, quand ne resterait rien des murs, des bureaux, des coulisses, des machines, du décor, quelqu’un subsisterait: le poumon du lieu mais aussi du geste théâtral, le souffleur. Les voix, les sons, les musiques qui d’habitude habillent la scène sont maintenant en retrait et la respiration du théâtre entier, ce que personne n’entend, pour une fois, est devant. Gardienne de la mémoire et de la continuation, une femme a passé toute sa vie dans ce bâtiment où chaque jour on a joué,où on s’est réuni. Ce soir, elle souffle ses histoires, des vraies, des fausses, toutes écloses au théâtre. Elle est à vue, en scène. Tiago Rodrigues sort de sa boîte, de sa «maison», ce métier en voie d’extinction et convainc celle qui n’a toujours eu que le bout des doigts sur scène de venir «souffler» une époque disparue. Entrant par elle dans l’âme et la conscience d’un endroit à part, il tente de comprendre comment ce lieu respire et adopte son rythme. En un même mouvement, les comédiens donnent leur timbre au murmure des fantômes que la souffleuse exhale. On en vient à avant; avant que le texte existe, avant que la voix porte, dans un jeu d’avant-jeu où le théâtre prend sa grande inspiration.
Tiago Rodrigues
Révélation du théâtre portugais, Tiago Rodrigues est attaché à l’absence de hiérarchie au sein des groupes de création. S’il signe textes et mises en scène, ses comédiens ont une grande liberté de jeu et de décision. Ses pièces sont publiées en français par les Solitaires Intempestifs. Directeur du Teatro Nacional D. Maria II à Lisbonne depuis 2014, il y conserve l’économie de moyens qui est devenue sa grammaire théâtrale personnelle et devient, à plus large échelle, lanceur de ponts entre villes et entre pays, hôte et promoteur du théâtre vivant.
Au CDN mercredi 6 et vendredi 8 mars à 20 h
et jeudi 7 mars à 19 h
Avenue Edouard Droz
Esplanade Jean-Luc Lagarce
25000 Besançon
03 81 88 55 11