Théâtre au CDN en novembre
Le CDN propose un automne de création avec trois spectacles en novembre 2017
La bataille de Chaillot
Depuis 1983, Serge Pauthe n’a cessé de raconter cette Bataille de Chaillot qui fut celle que Vilar mena, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, pour bâtir le Théâtre national populaire. Joué plus de trois cents fois à travers la France et le Maghreb, ce récit incarné n’a rien perdu de son impertinence et de sa nécessité. « Je laisserai le mythe et l’épopée dans le lointain. Je ne jouerai pas la nostalgie, le spectacle-rétro des années cinquante. Je ne chercherai pas le sosie de Vilar pour le représenter à la scène comme à la ville. Je veux gratter nos racines et chercher d’où l’on vient, reconstruire notre histoire du Théâtre Populaire qui date d’à peine cent ans. »
De et par Serge Pauthe
Mercredi 8 novembre à 19 h Entrée gratuite sur inscription au 03 81 88 55 11
Je suis d’ailleurs et d’ici de Violaine Schwartz
Ils viennent d’Erevan, de Prizren, de Nouadhibou : d’ailleurs. Ils vivent maintenant à Besançon : ici. Auteure associée au CDN de Besançon depuis 2014, Violaine Schwartz a recueilli la parole d’anciens et d’actuels demandeurs d’asile rencontrés par le biais du Collectif de Défense des Droits et Libertés des Étrangers. À par tir de leurs témoignages, elle a écrit trois courtes pièces qui donnent à entendre la voix de personnes en exil, à la recherche d’un lieu où reprendre vie : Indéterminé / Alors, on chante ? / Les Judas. Un quatrième texte, La Nuit d’avant, a été composé lors d’un atelier d’écriture avec les jeunes comédiens du DEUST qui vont donner corps à ces voix. Sur scène se rejouent la violence qui a forcé ces exilés à par tir de chez eux, le hasard des chemins parcourus, la dureté et l’arbitraire des lois, l’angoisse des papiers à remplir, l’attente infinie d’une réponse positive en leur faveur, mais aussi les moments de répit, de solidarité, de partage. Après Comment on freine ?, qui tissait des liens entre les tragédies d’ailleurs et la vie d’ici, et Tableaux de Weil, écrit à partir des témoignages d’ouvrières du textile à Besançon, Violaine Schwartz poursuit avec Je suis d’ailleurs et d’ici l’exploration politique de la parole brute et sa transformation poétique en langue de scène. Le théâtre, cet ici qui permet d’accueillir l’ailleurs, devient alors le lieu où peut se dire et se nouer la rencontre avec l’autre.
Spectacle d’une heure au CDN vendredi 17 novembre à 19 h
La Mission, une pièce de Heiner Müller
1794, la Convention vote à Paris l’abolition de l’esclavage dans les colonies. Trois émissaires sont envoyés en Jamaïque pour y organiser le soulèvement des esclaves contre le joug britannique. Mais leur mission est interrompue par un contrordre : le gouvernement qui les avait envoyés a été destitué par Bonaparte et il n’est plus question d’abolir l’esclavage. Cet épisode avorté de la Révolution Française inspire à Heiner Müller, dans l’Allemagne de l’Est de la fin des années 1970, une pièce à la temporalité déconstruite qui confronte l’idéal révolutionnaire aux expériences historiques qu’il recouvre et aux trahisons qu’il subit. Matthias Langhoff avait déjà monté La Mission au Festival d’Avignon à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française, quelques mois avant la chute du mur de Berlin. Près de trente ans plus tard, il en propose une nouvelle mise en scène, cette fois-ci avec la jeune troupe professionnelle de l’École Nationale de Théâtre de Bolivie, née il y a treize ans de la volonté de créer un espace de culture dans un quartier déshérité à dix kilomètres de Santa Cruz. Cinq théâtres français se sont réunis pour permettre à leur public de découvrir en tournée cette aventure étonnante, qui confronte les diverses strates historiques de la pièce à la situation bolivienne contemporaine. Expérience de par tage au-delà des frontières, La Mission invite à questionner l’idée de révolution qui continue d’agiter la scène politique mondiale d’aujourd’hui.
Mathias Langhoff le metteur en scène allemand de naissance, naturalisé français, a dirigé le Berliner Ensemble et le Théâtre Vidy-Lausanne. Il est depuis plus de trente ans un metteur en scène voyageur, changeant sans cesse de pays, de théâtre, de public. Grand maître de la mise en scène européenne, héritier de Bertolt Brecht et du grotesque allemand, il a monté des textes classiques comme contemporains, suscitant souvent la controverse, jamais l’indifférence. Résolument engagé, Langhoff conçoit le théâtre comme le lieu où il est possible de réfléchir sur l’homme et sur son environnement. Plus de dix ans après avoir présenté Quartett de Müller au CDN de Besançon, il revient avec une autre pièce de Heiner Müller, à qui le lia une longue amitié
Spectacle de 2 heures mercredi 22 novembre à 20 h et jeudi 23 à 19 h