Au CDN : Le Chagrin
Le Chagrin une pièce de théâtre au CDN du 5 au 7 janvier 2016
par la compagnie Les Hommes Approximatifs mise en scène par Caroline Guiela Nguyen avec Dan Artus, Caroline Cano, Chloé Catrin, Mehdi Limam et Violette Garo
Julie et Vincent se retrouvent après la mort de leur père. Il y a plus de dix ans qu’elle est partie travailler à Paris, lui est resté dans la maison familiale, il s’est occupé du père durant sa maladie et est employé dans une jardinerie locale. Face à la difficulté de s’exprimer en ce moment de deuil, en ce moment où s’est rompue l’attache du lien entre frère et soeur, tous deux renouent avec ce qu’ils ne sont plus : des enfants. Qu’est-ce que le chagrin de la perte d’un proche fait ressortir des déchirures du passé ? Quelles histoires raconter et se raconter quand le présent est percuté par des silences profondément enracinés ? Dans un espace chargé de souvenirs ou de fantômes, qui évoque autant la chambre de l’enfance que la chambre mortuaire, des solitudes se côtoient et cherchent dans le jeu un terrain d’expression pour déjouer les non-dits et faire affleurer les bribes de blessures cachées. Dans leur quête de représentation de la vie, dans leur souci des histoires dont chaque être est porteur, Caroline Guiela Nguyen et la compagnie Les Hommes Approximatifs construisent une théâtralité inhabituelle qui, dans le jeu des acteurs comme dans le développement de la narration, rappelle l’art brut qui inspire la scénographie. Construisant un espace sensible à partir d’une situation de vie très concrète, Le Chagrin sonde des territoires de l’émotion rarement explorés, où se dessine un imaginaire théâtral qui défie tout réalisme.
Pourquoi cette histoire évoque-t-elle Le Chagrin ?
Elle parle de tout ce que l’on a enfoui pour ne pas briser la quiétude, jusqu’à en oublier l’existence même. Et qui finit toujours par remonter à la surface. Très concrètement, Julie et Vincent à la mort de leur père vont devoir trier les papiers, ranger les vêtements, ouvrir les tiroirs, desceller des boîtes. Et derrière cette vie qui semblait ne pas faire trop de vagues, se dissimulaient des parcelles d’existence enfouie, des terrains entiers laissés pour compte. C’est par la fiction que nous construisons notre rapport au monde, d’où pour notre compagnie une volonté quasi “obsessionnelle” de raconter des histoires. Alors comment faire quand justement l’histoire ne nous a pas été racontée ?
Des histoires intimes et croisées :
Prenons par exemple à un enterrement, la sœur et le frère sont là, il sont plongés dans ce deuil-là. Quelqu’un sonne, c’est un homme qui vient réparer le congélateur, dans son pantalon vibre son téléphone c’est sa femme qui l’appelle 20 fois par jour parce qu’ils viennent de divorcer… On pourrait dire que cette situation est absurde tant elle met en présence deux réalités complètement différentes, mais nous ne le pensons pas, nous savons que dans nos vies nous sommes tous les jours traversés malgré nous par le monde, que nous sommes déviés de nos petites constructions intimes par d’autres vies que la nôtre. Et que le seul sens à trouver à cela est ici. Aucun lien, si ce n’est celui d’être en vie ensemble au même moment. Notre processus de travail et d’écriture implique cette polyphonie. Nous faisons avec les réalités qui se croisent sur le plateau.
Photos de Jean Louis Fernandez
Site web : www.cdn-besancon.fr/la-saison/le-chagrin
Au CDN Besançon Franche-Comté les mardi 5 et mercredi 6 janvier 2016 à 20 h et jeudi 7 à 19 h
Avenue Edouard Droz, esplanade Jean-Luc Lagarce tel 03 81 88 55 11