André Boucton, architecte et sa maison 8 rue Grosjean, aux Chaprais
André BOUCTON, architecte, avait aménagé sa maison 8 rue Grosjean, aux Chaprais. En fait il a reconstruit sur une bâtisse appartenant au sculpteur Laethier qui avait son atelier à cette adresse (nous aurons l’occasion d’évoquer, dans un prochain billet, ce sculpteur).
Mais qui était André BOUCTON ? Il n’est pas franc-comtois d’origine. Il est né le 28/10/1891 à Alger. Son père, Maurice (1855-1909) était déjà architecte. André suivra l’école des Beaux Arts à Alger et obtiendra son diplôme d’architecte en 1923. Il travaillera, dans un premier temps sur la reconstruction de maisons et de fermes dans la Marne détruites pendant la guerre 14/18. Il se serait installé en Franche-Comté en 1926.
Sa sensibilité à la mode des arts déco de l’époque se retrouve aussi bien dans sa maison de la rue Grosjean que dans une de ses réalisations célèbre à Besançon, le Building,( rue Proudhon). Et l’on peut lire ces lignes, le concernant, dans le n°318 de juin 1928 de « L’Illustré Paris, Province, Colonies » : « Besançon s’américanise ou plus exactement se modernise et s’adapte au progrès. Elle va être la première ville de nos provinces françaises qui possèdera son building ». Cette réalisation était une commande de la Société Anonyme du Crédit Foncier de Franche-Comté. Elle comportait un hall du tourisme, un lieu pour y déposer ses bagages, téléphoner ou recharger ses appareils photo. Des vitrines d’exposition mettaient à l’honneur la culture comtoise.Au sous-sol était créée une vaste salle (qui fut un temps cinéma) pour les spectacles et conférences.
La production d’André Boucton est qualifiée de « foisonnante et diversifiée » par le commissaire d’une exposition, Guy LAMBERT, consacrée tout à la fois à cet architecte et à Paul GUADET(1873-1931) autre architecte, conseil à la direction de l’enseignement technique, professeur à l’Ecole des Beaux Arts de Besançon (exposition de l’automne 2014, à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Belleville : « Une ambition pour les métiers Paul Guadet et André Boucton l’architecture de l’enseignement technique » Cet ouvrage est toujours en vente).
André Boucton est donc l’auteur du Préventorium de Palente, du sanatorium de 200 lits de Villers le Lac (1931-1939, mais démoli depuis), de la maison d’enfants des « Gentianes Bleues » de Jougne (1934), de l’Hôtel Nord et Magdelaine à Vesoul (1928), des Bains-Douches de Montbéliard (1933), du Pavillon des Gaudes Monts Jura à l’exposition universelle de Paris de 1937 (démonté puis remonté depuis à l’école nationale du bois de Mouchard), d’une maison à Mesnay (Jura), du 5 rue Siffert à Besançon, de l’ancienne usine Weil rue de Vesoul( démolie depuis), etc.
Il fut aussi conducteur des travaux (1928-1932) de l’Ecole d’Horlogerie de Besançon de Paul Guadet.Et à la demande d‘Auguste et Gustave PERRET, il suivra les travaux de construction de l’horlogerie Dodane (1937-1943).
Mais revenons à sa maison/atelier de la rue Grosjean :« la simplicité des volumes contraste avec les ouvertures sur la nudité des surfaces » écrit Guy Lambert. Le dernier niveau a été ajouté en 1931. Au dessus de la porte d’entrée, le moulage très Arts Déco a été dessiné par André Boucton lui-même. Il représente sa famille.
En 1966, André Boucton adresse une lettre au Président du Conseil Régional de l’Ordre des Architectes, dans laquelle il écrit :
« J’éprouve un sentiment profond d’inquiétude en constatant chaque jour qui passe l’amenuisement, pour ne pas dire la disparition, dans notre profession, de toute âme et de la poésie; ce qui la place désormais sous la coupe des technocrates insensibles à quelque œuvre de l’esprit ».
Si vous aviez quelques doutes quant à ses propos, allez vite admirer la maison du 8 rue Grosjean…et comparez avec les réalisations actuelles…
Sources : « 100 ans d’architecture dans le Doubs » publication du CAUE du Doubs; brochure de présentation de l’exposition citée sur Paul Guadet et René Boucton par mr. Guy Lambert; Alain Prêtre.