Qui se souvient du Nouvel Hôtel, avenue Foch?
Quand la petite histoire…locale…rejoint la grande Histoire…..
Les anciens bâtiments du Nouvel Hôtel au 2 avenue Foch sont toujours là. Des appartements, un centre de rééducation et de balnéothérapie, une cuisine de fabrication de sushis occupent donc, aujourd’hui, l’espace de cet hôtel.
Nous n’échapperons pas à une première remarque : le 2 avenue Foch…fait-il partie des Chaprais?….Eh bien! pas sûr si l’on respecte les découpages administratifs!…Mais ce serait, sauf erreur de notre part, le seul bâtiment construit côté pair, avenue Foch. Le côté impair faisant bien partie des Chaprais….Alors….
Deuxième remarque que nous anticipons : cet hôtel a fermé en juin 1985, suite au décès de mr. Bernard Béligat, son exploitant. Alors pourquoi ne pas attendre juin 2015 pour en parler? Eh bien, parce que, un 5 février… (c’était en 1988…mais on ne va pas attendre 2018), l’Est Républicain publiait un article sur le devenir de cet établissement, intitulé « Morcelé, restructuré, l’ex « Nouvel Hôtel » ne sera bientôt plus qu’un souvenir ».
Ce bâtiment est d’une architecture classique en cette fin du XIX° siècle. Vous remarquerez sur la reproduction de cette vieille carte postale retrouvée, qu’au départ, la pergola n’existait pas…Mais qu’en 1909, lors de la venue du Ministre de la Guerre (nous aurons l’occasion d’en reparler…), elle est construite. Puis une annexe, de forme géométrique a été ajoutée afin d’agrandir l’hôtel d’une trentaine de chambres.
L’article de l’Est Républicain évoque la mémoire d’un des propriétaires de cet hôtel : mr. Jean Pinel «qui fut président du Syndicat des hôteliers, propriétaire à l’époque du Café du Commerce » et qui « savait entretenir, dans la région, la bonne vieille tradition hôtelière ». Il céda alors cet hôtel à la fin des années 40 à la famille Coquillard, qui le céda à Mr Raymond Habt qui, lui-même le céda à son gendre , Mr Béligat.
Ce que l’article ne précise pas (puisque son objet était d’évoquer le sort de ce bâtiment), c’est que Marguerite et Jean PINEL ont joué un rôle dans la clandestinité durant l’occupation!
Un document officiel intitulé « Hommage de la Résistance Française », signé par le colonel commandant la Franche-Comté atteste que mr. Jean PINEL s’est mis « à la disposition du réseau du capitaine Bayard et ont rendu de grands services à la Résistance en hébergeant de 1942 à 1944 de nombreux agents et alliés ».
Le 10 mars 1945 le Président du Comité Départemental de la Libération attestait que Jean Pinel, hôtelier, « chef de groupe SAMSON 1302 V NORBERT n°100 a accepté au péril de sa vie et de sa liberté de mettre son hôtel à la disposition des chefs militants et services de renseignements de la Résistance comme point de ralliement. En a fait un véritable quartier général, particulièrement actif et utile avec un courage et une discrétion exceptionnelle. A hébergé de nombreux parachutistes et aviateurs alliés. A installé un poste de radio clandestin. Proposition pour la médaille de la Résistance ».
Et ils ne doivent pas être très nombreux les bisontins qui peuvent s’enorgueillir d’avoir reçu du Général Dwight Eisenhower, agissant au nom du Président des États-Unis d’Amérique, un témoignage écrit de gratitude du peuple américain pour avoir aidé des soldats américains et alliés à échapper aux forces occupantes.
Enfin, ajoutons cet hommage du Colonel SAUVIN de la Fédération des Centres d’Entraide des Internés et Déportés politiques, en date du 15 août 1945, qui écrit : « Je ne voudrais pas fermer le centre d’accueil des déportés politiques sans venir vous exprimer ainsi qu’à madame PINEL, tous mes remerciements et ceux de nos camarades échappés des bagnes nazis, pour l’accueil particulièrement cordial et entièrement désintéressé que vous avez réservé à nos compatriotes à leur retour.
Je connaissais votre courageuse conduite de véritable résistant pendant l’occupation, vous venez de mériter un nouveau titre à la reconnaissance des patriotes en ouvrant largement et sans aucune rétribution les portes de votre confortable établissement à ceux qui, comme vous, ont mis l’intérêt de la Patrie au-dessus de toute autre considération, et ont payé d’une longue et douloureuse incarcération la haine qu’ils avaient pour l’envahisseur.
A leur descente du train, ceux-ci ont trouvé chez vous un bon lit, une bonne table qui leur ont fait oublier d’emblée reprendre goût à la vie, alors qu’à certains moments ils ont pu désespérer d’elle.
Soyez en donc remerciés chaleureusement, cher Monsieur et chère Madame et veuillez trouver ici, avec ma reconnaissance personnelle, celle de tous les déportés que vous avez si généreusement reçus ».
Ne serait-il pas judicieux de rappeler, sous une forme ou une autre, l’existence de cet hôtel et son rôle durant la seconde guerre mondiale?
Nous remercions monsieur Jean-Marie Pinel, Président de Renaissance du Vieux Besançon pour les documents qu’il a bien voulu nous confier concernant ses parents.