Les Cafés-Histoire des Chaprais : une initiative plébiscitée
Sept séances de « café-Histoire » ont été organisées par le groupe « Histoire, Patrimoine, Mémoire » de « Vivre aux Chaprais » et ce, avec la dernière qui a eu lieu le 30 novembre, à la villa Médicis.
A l’initiative de la formule, M. Bernard Carré qui l’avait vécue en Bretagne. Le principe : évoquer, faire connaître, garder la mémoire d’un quartier, d’une ville, autour d’un thème, avec des témoignages d’autochtones, dans une ambiance conviviale. Depuis le premier, organisé l’an dernier sur l’avenue Fontaine-Argent, la formule a connu un succès renouvelé obligeant les organisateurs à avoir recours à un système d’inscription pour y participer et à doubler les séances. Les derniers ont eu lieu le 16, puis le 30 novembre 2017 dans le somptueux décor de l’ancien Grand Hôtel des Bains devenu aujourd’hui la Villa Médicis.
Un quatuor composé de Christian Buron, Jean-Claude Goudot, Alain Prêtre et Guy Renaud, avait préparé minutieusement la première séance. Il s’agissait d’évoquer les années où fut tentée à Besançon la création d’une station thermale. Le lieu de la rencontre était propice puisque l’hôtel Médicis, qui est aujourd’hui une résidence pour personnes âgées, fut un fleuron hôtelier de l’ensemble thermal qui s’étendait de ce bâtiment jusqu’à l’actuel boulevard Diderot.
Le site actuel
Le site à la fin du XIX° siècle
De ce vaste espace qui fut entouré jusque dans les années 1950 d’une clôture restent, outre la villa Médicis, l’actuel CDN, qui fut la salle des fêtes de la station, ainsi que le casino qui a gardé sa fonction première. La mode du thermalisme (fin du second empire/ fin XIXe) fut exceptionnelle. Le nombre de villes où l’on allait « prendre les eaux » fut considérable et de grands ensembles architecturaux, parfois à l’abandon, témoignent partout en France encore de cette vogue.
En 1866, deux francs-comtois découvrent du côté de Miserey une couche de sel gemme imposante, 55m d’épaisseur. Lorsque ce sel est extrait par le procédé classique d’injection d’eau chaude, il donne une eau dont la salinité est dix fois supérieure à celle de la mer
C’est en 1883 qu’est inaugurée la station thermale lancée par un homme d’affaire parisien du nommé Vialatte précise Jean Claude Goudot. Des architectes bisontins sont chargés de l’ensemble du projet Boutterin, Rouzet, Forien (à qui sont dus plusieurs bâtiments de style art déco du quartier telle la villa Lorraine de la rue de Vittel) . On fait appel pour la décoration aux meilleurs peintres paysagistes comtois Isenbart , Fanart, au sculpteur Becquet dont la statue de Terpsichore, déesse de la danse domine, encore le CDN. Deux fresques sont encore visibles au CDN précise Amandine Pollet venue au nom du théâtre apporter sa connaissance du site. Tout le quartier la Mouillère, (nom générique indiquant des zones humides) semble propice à cette activité : la beauté du site avec vue sur le Doubs et la citadelle, la gare de la Mouillère construite par l’architecte Ducat (celui de l’église Saint Ferjeux) qui peut drainer la clientèle suisse. Un funiculaire permet aux curistes d’aller après les soins s’oxygéner en se promenant sur les hauteurs de Bregille. Un centre médico-social, enfin, est créé, « les Salins de Bregille ». Installé sur les flancs de la colline du même nom, il peut descendre chaque jour ses patients bénéficier du thermalisme. »
Un funiculaire permettra aux curistes d’aller ensuite s’oxygéner en se promenant sur les hauteurs de Bregille. Un centre médicosocial toujours existant est créé, les Salins de Brégille installé sur les flancs de la colline du même nom. Il peut descendre chaque jour ses patients bénéficier des soins du thermalisme.
Les affiches, les cartes postales témoignent de l’appellation « Besançon les bains » qui fut utilisée pendant une cinquantaine d’années ; mais, souligne Evelyne Toillon , présente dans la salle, celle-ci ne fut jamais avalisée par les instances municipales. Un conseiller aurait, raconte-t-elle, déclaré « officialiser le nom « Besançon les bains » c’est comme si l’on passait la porte noire au Ripolin ».
L’hôtel des bains comprenait 80 chambres avec ascenseur, téléphone, etc. . Les salles de détente étaient luxueuses et l’on comptait bien attirer une importante clientèle étrangère.
Vestibule de l’établissement thermal
Après dilution, l’eau salée, transportée par bac puis saumoduc qui suit la ligne de chemin de fer jusque la Mouillère, permettait aux curistes de venir soigner, selon les affiches de l’époque, les problèmes de santé des femmes et des enfants
Mais la vocation de station thermale de Besançon ne se poursuivit pas au-delà de 1932 soit quarante années seulement de plein exercice effectif . Il suffit de regarder la listes des stations thermales existantes ou ayant cessé leurs activités en France pour se rendre compte que la concurrence était rude, même si les affiches proclamaient « Besançon à six heures et demi seulement de Paris ». Sur cette fragilité vint se greffer la guerre de 1914 qui vit les installations thermales devenir un immense hôpital de l’arrière, puis ce fut la grande crise économique de 1929.
Qu’allait devenir cet ensemble monumental ? La ville, dans un premier temps racheta les installations, les loua ; ce qui lui donnait plus de soucis que de rentabilité ou d’usage.
La salle des fêtes devint un cinéma tenu par Roger et Evelyne Fallet qui durant la seconde guerre mondiale se distinguèrent par des faits de résistance à l’époque où la feld-kommandantur en avait fait son mess et son lieu de loisir. Après la seconde guerre mondiale, les installations thermales sont rasées et laissent place à l’hôtel Mercure et aux habitations qui font face au parc Micaud. « Lors de cette grande démolition, raconte Guy Renaud, j’avais 23 ans et fréquentais la maison des jeunes. On est allé demander au maire Jean Minjoz l’autorisation de récupérer toutes les canalisations en cuivre en vue de financer nos activités de loisir notamment l’achat d’une ferme dans le haut Doubs. Cela rapporta 60 000 francs, ce qui était une belle somme pour l’époque ».
Au cours de la seconde séance, le jeudi 30 novembre, toujours à la Villa Médicis, madame Marie-Hélène Joly, directrice adjointe de la villa, a présenté ses recherches qui durent depuis plusieurs années et les documents personnels amassés au fil du temps. Passionnée, passionnante, elle nous a conté le quotidien dans ces lieux mythiques, réservés, il faut le dire, à une riche clientèle. Les cures thermales ont été expliquées; les jeux du casino, les réceptions dans la salle des fêtes du Casino dont le toit pouvait ouvrir sur le ciel étoilé, les beaux jours, la vie aussi bien au Grand Hôtel des Bains que dans les jardins du casino, les excursions ont été racontées!
Les auditeurs de France culture connaissent tous la célèbre émission de notre éminent historien franc comtois Jean-Noël Jeanneney « Concordance des temps ». L’Histoire se répète …. avec des variantes passionnantes. La volonté d’attirer les touristes dans notre magnifique cité de Besançon avait présidé à cette entreprise. La problématique reste encore d’actualité si l’on en croit les nombreuses professions de foi de ces dernières années allant dans ce sens.
GGL
Photos : Alain Prêtre, Mémoire Vive Besançon. DR.
M. Jean-Claude Bonnot, auteur du livre « Gestapistes et Agents Troubles Franche-Comté Bourgogne » dédicacera son livre à la librairie l’Intranquille, rue des Granges, le vendredi 8 Décembre 2017 de 15h à 18h00.
Réponses au petit quizz sur Besançon les Bains
Voici les bonnes réponses à ce quizz que vous trouverez dans un article, publié en date du 11 novembre 2017
1.- Quel est, d’après vous, l’établissement qui a ouvert le premier, en 1892
B.Le Casino
2.- Quels sont les architectes comtois à qui il a été fait appel pour la construction de l’Hôtel des Bains ?
A.Maurice Forien
B.Marcel Boutterin
C.Alfred Ducat
Tous les trois !
3.- La Villa Médicis s’appelait, auparavant ?
A.Le Grand Hôtel des Bains
4.- Les eaux salées de l’établissement thermal provenaient de ?
B. Miserey Salines
5.- L’établissement thermal a fermé ?
B. D’un manque de rentabilité
6.- La gare de la Mouillère a été inaugurée en ?
B.1884
7.- Président de la République Française, il a pris un repas au Casino lors d’un déplacement officiel à Besançon. De qui s’agit-il ?
B.Albert Lebrun (visite officielle le 2 juillet 1933)
8.- L’établissement thermal a été détruit en ?
B.1967/68
9.- Le réseau Casino était ?
- Un réseau clandestin de renseignements sous l’occupation allemande
10.- La salle des fêtes du Casino est devenue, au cours des ans? A.Un foyer pour soldats B. Un Cinéma C. Un théâtre. Tous les 3 !