L’état de la France vu des Chaprais, dans le roman de Romain Roussel

L’état de la France vu des Chaprais, dans le roman de Romain Roussel

Dans le roman de Romain Roussel, « La tête à l’envers » (voir notre billet précédent),Sylvain Travot, le héros de ce roman, est invité avec ses parents chez une des rares connaissances du père, mr. Poimboeuf…Après le repas, le père de Sylvain charmé par les discours de ce représentant de commerce qui semble avoir réussi, lui déclare :

« – Je trouve qu’il faudrait des hommes comme vous pour diriger le pays.

– Des hommes comme moi, monsieur Travot, n’ont pas de temps à gâcher. Sachez que je ne connais rien à la politique. Ne me demandez pas si je suis clérical, conservateur, progressiste, collectiviste ou radical. Je ne suis rien. Je suis un homme d’affaires. Parlez moi finance et économie, là je serai votre homme. Je me penche sur ces problèmes depuis trente ans et depuis trente ans je proclame sans être entendu que nous roulons à la faillite et à la misère parce que la fortune de l’état est mal gèrée. Savez-vous le chiffre de notre dette publique? Non. Il n’y a pas un français sur dix mille qui le connaisse. Eh bien! il dépasse à l’heure actuelle trente milliards! Dans votre ménage, vous prenez soin de ne pas dépenser plus que vous ne gagnez, n’est-ce pas? L’Etat, lui, ne se conforme pas à cette saine tradition. L’Etat mène une vie de fils de famille qui émet de fausses traites au nom de ses arrière-petits-neveux. L’État se permet des budgets annexes. Des comptes spéciaux. Des crédits supplémentaires. Des douzièmes provisoires. Comme si vous équilibriez personnellement à un centime près votre petit budget tandis que Mme. Travot (pardonnez-moi cette comparaison) et votre fils fabriquaient des dettes de leur côté. Le fardeau de nos engagements, par tête d’habitant, atteint 800 francs, alors qu’il ne dépasse pas 385 francs pour un Anglais et 378 francs pour un Allemand! La raison, vous la demandez? Hé bien! la voici: depuis le krach de l’Union Générale, ce pays vit d’expédients. Rien de surprenant si l’on songe qu’un de nos présidents du Conseil, ministre des finances en même temps, s’il vous plaît, se flattait de n’avoir jamais mis les pieds à la Bourse. Comme un instituteur qui se glorifierait de ne pas savoir lire ni écrire! ».

 

crieur de journaux 2Rappelons que sous la III et IV° République, le Président du Conseil est le chef du gouvernement, Président du Conseil des Ministres. Aujourd’hui, on dit Premier ministre..Nous n’avons pas trouvé qui était ce personnage politique, dans les années 1910, qui était à la fois président du conseil et Ministre des finances…

chiffonier joseph

Les propos  de ce personnage de roman ne vous rappellent rien?

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