Histoire de migrations d’Alsaciens aux Chaprais

Histoire de migrations d’Alsaciens aux Chaprais

1. Les Alsaciens des Chaprais

Les Alsaciens ont marqué de leur empreinte la vie du quartier. Encore aujourd’hui de nombreux chapraisiens portent un nom à consonance alsacienne. Afin de commémorer les cent cinquante ans du début de cette migration, nous consacrons une série d’articles à ce sujet. Le premier numéro porte sur un aspect général de cette migration, les prochains seront une série de portraits.

Alsace Lorraine allemande 1871

En 1871, après quelques mois de guerre, le traité de Francfort scelle l’annexion de l’Alsace et de la Moselle par l’Allemagne. Cet épisode, n’en a pas moins eu des conséquences positives pour certains territoires. L’exemple le plus connu est celui du Territoire de Belfort, où grâce à l’immigration alsacienne, la population a quasi doublé entre 1872 et 1911 avec l’implantation d’usines comme la future Alstom.

De nombreux alsaciens et mosellans (près de 380 000) fuient leurs régions d’origine, parmi eux la famille de Marie Barbin, enterrée aux Chaprais et mère de l’acteur américain Rudolph Valentino (voir l’article d’octobre 2016). Les Barbin fuient en région parisienne avant de gagner l’Italie où elle avait déjà séjourné.

Le quartier des Chaprais connait un développement important à partir de la deuxième moitié du XIXème siècle. Les Alsaciens contribuent à l’expansion chapraisienne. Les premières arrivées importantes se réalisent pendant la guerre de 1870. Le nombre de réfugiés alsaciens pendant la guerre est déjà conséquent car plusieurs sources de l’époque indique qu’il constitue plusieurs groupes de volontaires dans l’armée de Bourbaki en 1871.

général Bourbaki

Rappelons que cette armée formée à la hâte après la naissance de la IIIème République, le 4 septembre 1870 tente dans les mois suivants de libérer la Franche-Comté de l’invasion allemande.

Après la perte de l’Alsace-Moselle, l’immigration prend quelque peu de l’ampleur. Certains alsaciens ne sont que de passage dans le quartier des Chaprais dont la gare est un lieu d’arrivée incontournable pour ces déplacés sur le chemin de l’exil vers d’autres territoires français, en particulier l’Algérie alors territoire français. D’autres s’arrêtent et s’installent dans l’ancienne Vesontio.

La compagnie du PLM avait exigé que la première gare de Besançon, due à l'architecte Ducas soit à la Viotte

La première gare Viotte en bois.

Il est intéressant de se pencher sur le profil de ces migrants d’un autre temps. Toutes les catégories sociales, religieuses et d’âge sont représentées.

L’Etat a recensé en 1872 la liste des personnes d’Alsace et Moselle optant pour la nationalité française et qui de fait doivent quitter leur terre d’origine. Une étude de cette liste permet de constater que quelques dizaines de militaires alsaciens et leurs familles s’installent dans la capitale comtoise et notamment aux Chaprais. Les autres corps de la République en font autant, il n’est pas rare de voir s’installer à Besançon des fonctionnaires d’origine rhénane. Le choix de la cité bisontine n’est pas anodin. Notre ville constitue alors avec Nancy, les deux premières grandes agglomérations à proximité de la nouvelle frontière franco-allemande.

Origine des Chapraisiens au 19 °

Origine des Chapraisiens en 1876

Une autre catégorie de population touche la bourgeoisie alsacienne principalement juive et catholique qui gagne Besançon et s’installe aux Chaprais. Dans ce cas, la venue à Besançon est tout sauf un hasard. Bien souvent des connexions existent déjà entre la Franche-Comté et l’Alsace.

Quelques entrepreneurs alsaciens émigrent en Franche-Comté dans les décennies précédentes 1870. A l’annexion de leur région d’origine, ces entrepreneurs font venir à Besançon leurs relations alsaciennes qu’elles soient familiales, amicales ou autres. La venue de ces familles alimentent l’architecture du quartier, plusieurs demeures construites à cette époque l’ont été pour des Alsaciens.

 

L’emploi est également développé par ces familles, des commerces, des usines sont ouverts et développés par ces familles devenus chapraisiennes. Les noms résonnent encore dans la mémoire des Bisontins. Parmi les plus connus citons Weil et Lip.

Emmanuel Lipmann né en 1840

Emmanuel Lipmann né à en 1844 à Neuf-Brisach

carte de publicité en couleurs pour la bière Gangloff avec dessin de l'usine

et aussi les Gangloff à la tête de la brasserie du vallon de la Mouillère. Jean Gangloff est un optant originaire de Moselle. Au vu du nom, il devait être d’origine francique (patois germanique de Lorraine).

Derrière les fonctionnaires, les militaires et les entrepreneurs, des anonymes qui occupent des emplois de tout types : artisans, ouvriers, domestiques,…. Ces petites mains contribuent au développement économique des Chaprais jusqu’à la guerre de 1914.

Sur ce plan établi sous la magistrature de Delavelle en 1883, on peut mesurer le développement des Chaprais

Ce plan Delavelle établi en 1883 illustre le développement des Chaprais

La victoire de 1918 et le retour de l’Alsace-Moselle sous le giron de la République Française n’en finit pas pour autant l’arrêt de l’immigration alsacienne. Dans les années 20 et le début des années 30, une nouvelle génération d’immigrés alsaciens arrive aux Chaprais, bien souvent issus de Strasbourg et du département du Haut-Rhin.

La crise économique de 1931, conséquence directe du Krach boursier de 1929, stoppe ces flux de population. Les usines ferment, les ouvriers sont au chômage. Les Chaprais comme le reste de Besançon sont touchés de plein fouet par la crise. Cette étape marque la trace de la dernière vague d’immigration alsacienne dans notre région.

Les arrivées des Alsaciens n’ont pas été massives, mais l’implantation de ces populations venues de notre région voisine a été durable et a permis aux Chaprais de connaitre un développement incontestable, écrivant quelques unes des plus belles histoires du quartier.  »

Revoir un article sur l’histoire des Chaprais : Répartition par rues des Chapraisiens au XIXe

 

 

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