Théâtre au CDN : Bérénice un texte de Jean Racine mis en scène par Célie Pauthe
Avec
Clément Bresson Titus
Marie Fortuit Arsace
Mounir Margoum Antiochus
Mahshad Mokhberi Phénice
Mélodie Richard Bérénice
Hakim Romatif Paulin
Durée 2 h 15
Bérénice, au centre de l’œuvre de son auteur, en 1670, est une pièce singulière dans la production de Jean Racine : c’est une tragédie où il n’y a pas de sang. Elle paraît peut-être d’autant plus douloureuse. Se séparer est pire ici que mourir. C’est le sort des trois personnages de la pièce : Bérénice, reine qui aime l’empereur Titus et qui devait l’épouser, Antiochus, qui voue un amour sans espoir à Bérénice. Il s’agit seulement de prononcer un mot, si dur, si tendre : adieu
« Titus, qui aimait passionnément Bérénice, et qui même, à ce qu’on croyait, lui avait promis de l’épouser, la renvoya de Rome, malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de son empire ». À partir de ce bref épisode de l’histoire romaine, et se donnant comme défi de « faire quelque chose de rien », Racine compose une oeuvre-manifeste, tragédie de la séparation et de l’amour radical. La simplicité y fait la force de l’action scénique, et l’épure des vers devient une respiration intime, un souffle vital transmuant la douleur en beauté.
Célie Pauthe a redécouvert Bérénice à travers un court-métrage réalisé par Marguerite Duras en 1979, Césarée. Dans ce film-poème, qui sera présent dans le spectacle, l’auteure-cinéaste imagine l’après séparation, le retour de Bérénice à Césarée, sa ville natale de Judée, dont elle était reine et qu’elle quitta pour suivre Titus, le colonisateur, destructeur du temple de Jérusalem, fils de l’empereur Vespasien, envoyé là pour mater la révolte de Judée. Marguerite Duras, en rêvant sur Césarée, se souvient avant tout de la reine des juifs qui, par amour, quitte son peuple, sa religion, son pays, pour suivre le colonisateur.
Comme Médée, Bérénice trahit par amour, et comme elle, elle sera abandonnée. Et donc, quand elle comprend qu’elle est quittée à son tour, tout cède sous ses pieds, elle n’a plus de parents, plus de terre, plus de religion, plus de passé et plus d’avenir. Bérénice a tout perdu.
Pour Racine, l’enfant de Port-Royal, élevé au lait de la radicalité janséniste, comme pour Duras, l’amour est un pari qui engage corps et âme, et qui ne peut se vivre qu’en s’abandonnant intégralement à l’autre, au risque de s’y perdre, de s’y dissoudre, de s’y détruire. L’amour est tout sauf une terre de négociation et de compromis. Mais en est-il un autre qui mérite d’être vécu ?
Dans la pièce, la question amoureuse n’est pas seulement une question de couple, puisque Racine fait d’Antiochus un personnage essentiel. C’est en effet à Antiochus que Racine confie la plus grande partition, c’est à lui qu’il donne le premier et le dernier mot de la pièce, et c’est un geste dramaturgique d’autant plus fort que le personnage a été de toute pièce incrusté, greffé, par l’auteur.
Au CDN du mercredi 24 janvier 2018 au vendredi 2 février
à 20 h les mercredi, les vendredi et le mardi 30 janvier
à 19 h les jeudi et à 18 h le samedi 27 janvier
CDN Besançon Franche-Comté
Avenue Edouard Droz Esplanade Jean-Luc Lagarce 25000 Besançon
03 81 88 55 11
Horaires
> Lundi de 14 h à 18 h,
> Du Mardi au Vendredi de 9 h à 12 h et de 13 h à 18 h
> Les Samedis de représentation à partir de 16 h