Alain Sauter le maître artisan du globe terrestre

Alain Sauter le maître artisan du globe terrestre

Portrait d’un géographe artisan d’art aux Chaprais

Globe Sauter

Vous allez participer aux Rencontres avec les artistes des Chaprais les 14 & 15 mars à la Cassotte Pourquoi ?

Rencontres artistes visuel 19

J’ai été invité, mon atelier est situé aux Chaprais, j’aime bien le quartier. Cela me semble une bonne chose de participer à son animation.

Vous considérez-vous plutôt comme un artiste ou un artisan ? 

Il me semble qu’un artiste travaille principalement pour son propre plaisir, alors qu’un artisan travaille pour le plaisir des autres. Je suis un peu des deux : un artisan d’art.

Vous avez une activité professionnelle originale et rare : une manufacture de globe terrestre, pourquoi ?

Oui, je suis le seul en France à avoir fabriqué de façon artisanale des globes terrestres comme cela se faisait au 16 ° ou 17 ° siècle.

Le géographe par Vermeer en 1669

Ainsi Le géographe de Vermeer date de 1669.
Nous ne sommes qu’une dizaine en Europe à pratiquer cette activité traditionnelle. C’est assez confidentiel !

Quelle a été votre formation ?

J’ai un parcours atypique. Au départ, j’étais dans un lycée agricole pour me préparer au métier de jardinier. Puis je suis venu dans le Jura pour préparer un BTS sur les espaces naturels à Montmorot près de Lons. Etudier me plaisait, j’ai voulu continuer à l’Université. J’ai suivi des études longues de géographie à la fac de Besançon. J’ai préparé une thèse durant 5 ans sur le thème du paysage au regard des politiques publiques. J’ai pris les exemples des villes de Montbéliard et de Morez.

Quel a été votre parcours professionnel ? 

J’ai été enseignant chercheur durant 6 ans à l’Université de Paris Sorbonne

Pourquoi avoir abandonné votre poste d’enseignant ?

J’aimais bien le contact avec les étudiants, j’aime bien enseigner, mais concrètement, cela ne représente qu’un quart du travail. Je ne supportais plus le reste avec toutes les contraintes administratives d’une « grosse usine ». Je ne le regrette pas !

D’où vous êtes venu cette passion ?

J’ai rencontré un anglais Peter Bellerby qui était le seul au monde à faire des globes comme au 16 ° siècle. Ce fut une révélation. J’ai trouvé là tout ce que j’aimais faire : de la géographie, du travail manuel et artistique. Je me suis lancé un challenge : réussir moi aussi à fabriquer des globes terrestres.

Alain Sauter et un globe

Comment procédez-vous ? 

En plusieurs étapes. Tout d’abord, je fabrique deux demi sphères en plâtre et toile de jute par « traînage » sur  un moule métallique

globe Sauter moule

Puis j’assemble les deux morceaux cela donne une boule blanche

Le tracé est réalisé par une imprimante. Il y a beaucoup de travail informatique. Ensuite, on a un problème de géométrie à résoudre : comment utiliser du plat pour faire du rond ?

Globe Sauter fuseau

Il faut découper des bandes de papier et coller les fuseaux sur la sphère en limitant les plis sans les déchirer. C’est un travail très délicat.

Puis vient le côté artistique : mettre de la couleur. J’utilise l’aquarelle qui est translucide pour laisser apparaître les informations géographiques (pays, villes, frontières …). J’utilise des pinceaux haut de gamme pour donner un aspect « coiffé / décoiffé » comme disait le coiffeur Dessange.

Globe Sauter pinceau

Combien de temps cela prend ? 

Entre la commande et la livraison, il faut compter 6 mois de délai. La réalisation d’un petit modèle demande environ 8 heures de travail qui s’étalent nécessairement sur plusieurs semaines :  il faut prévoir du temps de séchage. Nous proposons 4 tailles : gabarit de 21 cm de diamètre, de 32, de 50  jusqu’à 80 cm.  Les gros modèles nécessitent beaucoup plus de temps.

globe Sauter

Quels matériaux utilisez-vous ?

Tout est fait sur place et en n’utilisant que des produits français haut de gamme : du plâtre, de la toile de jute, du papier, des pinceaux, des tubes d’aquarelle, du bois etc …

Globe Sauter 32 cm

Un support possible pour un globe de 32 cm
Nous travaillons sur des tables à dessin qui ont été fabriquées par l’entreprise Alpia de Besançon.

Travaillez vous seul ?

La manufacture est en quelque sorte victime de son succès. Je n’arrive plus à faire face à la demande. Depuis peu, j’ai embauché Cécile pour m’aider. C’est une dijonnaise installée à Besançon.

Globe Sauter Cécile

Pourquoi un tel succès ?

Au-delà de la mode du « slow made », du « made in France » et du 100 % recyclable ou biodégradable, les globes nous renvoient aux sphères lumineuses pleines de promesses de notre enfance, ils parlent à l’explorateur qui sommeille en chacun de nous, ils rendent au monde trop complexe et illisible sa douce rondeur. Bref, ils nous invitent à la rêverie !
Je cherche à faire un objet personnalisé qui traverse le temps et qu’on pourrait transmettre de génération en génération comme mon grand père m’a transmis une montre Lip que je porte toujours.

Qui sont vos clients ?

à 80 % ce sont des particuliers qui veulent se faire plaisir ou faire plaisir. La boutique Utinam est un revendeur. Les grands globes sont commandés par des institutions ou des entreprises : une agence de voyage, une clinique de Vichy, le château d’Amboise dernière demeure de Léonard de Vinci (mort en 1519) etc …

Combien ça coûte ?

Entre 250 € et 8000 € principalement selon la dimension demandée

Globe Sauter modèles

Votre atelier est installé dans des locaux relativement vastes rue du Cercle.  Le globe dans le cercle, c’est bien choisi non ?

Oui c’est assez cohérent, mais ce n’est pas tout à fait un choix volontaire. L’agence immobilière m’a obligé à quitter mon ancien local. J’ai dû rechercher une solution en catastrophe. Au centre ville, c’est trop cher et je n’avais pas envie d’être relégué dans une zone industrielle. Une amie m’a signalé ce local disponible aux Chaprais, à côté de chez elle. Il m’a plu.

6 rue du Cercle Globe Sauter

Quels sont vos liens avec le quartier des Chaprais ? 

J’ai habité longtemps rue de la Liberté. J’ai déménagé à regret vers Montjoux. J’aime bien ce quartier. Je vais faire mes achats à pied chez les commerçants du quartier : à la Royale, chez les boulangers, chez le poissonnier. J’ai acheté mes lunettes chez Jimmy, l’opticien etc …

Un géographe, doit-il voyager beaucoup ?

Oui, autant qu’on peut. J’aime voyager, mais je n’ai plus guère le temps d’avoir des loisirs. Mon dernier grand voyage était au Chili, le prochain sera en Chine.

Comment contacter Alain Sauter et commander un globe ?

Voir son site web globesauter.fr

6 Rue du cercle, 25000 Besançon (sur RDV uniquement)
Email: ecrire@globesauter.fr

Globe Sauter flyer

et les samedi 14 et dimanche 15 mars 2020 au FJT La Cassotte 18 rue de la Cassotte on pourra le rencontrer et voir ses réalisations

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