Lucien Midol, le militant (second article)

Lucien Midol, le militant (second article)

Dans un article précédent, publié la semaine dernière, nous avons évoqué les débuts professionnels de Lucien Midol, mécanicien au PLM, résidant dans un petit hôtel des Chaprais, rue de Belfort. Voici la suite de l’itinéraire de cet homme hors du commun que les choix professionnels, syndicaux, politiques qu’il fit, allaient conduire bien loin des Chaprais. Jugez en plutôt….

Quand la guerre de 14 éclate, Lucien Midol est devenu secrétaire de son syndicat des mécaniciens et des chauffeurs du réseau PLM et adhérent du parti socialiste.

Il contribue pour une grande part à l’union des cheminots dans une grande fédération, et ce , dès 1917. Dès la révolution d’octobre, il en partage les idéaux et l’enthousiasme.

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Et la guerre terminée, il reprend la lutte syndicale. Ce qui le conduit à un premier séjour en prison, en 1919, pour fait de grève. Il inaugure d’ailleurs dans cette profession, la tactique des mouvements partiels avec des arrêts de travail brefs mais répétés.

Nouvelle grève des cheminots en 1920, durant laquelle il sera révoqué et recherché par la police. Il doit s’exiler en Suisse, à la Chaux de Fond, en passant par Morteau. De ce fait il ne peut participer, cette année là,  au congrès du parti socialiste à Tours au cours duquel une majorité décide d’adhérer à l’Internationale communiste et de constituer le PC – SFIC (section française de l’internationale communiste) qui allait devenir, en 1943, lors de la dissolution de l’Internationale Communiste par Staline, le parti communiste français.

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Congrès de Tours du 25 au 30 décembre 1920

Le PC décide, lors d’élections municipales en 1923,  de présenter des candidats qui ont été condamnés, pour raisons politiques : Lucien Midol est élu conseiller de Paris. Il rentre donc afin d’assister à la réunion du conseil. Les deux préfets qui y siègent refusent d’y assister en présence de condamnés par contumace. Les policiers essaient d’arrêter Lucien Midol à l’Hôtel de Ville, mais le président du conseil municipal aidé de nombreux conseillers le cache dans son bureau !
En 1924, Lucien Midol est élu au comité central du parti communiste, puis 2 ans plus tard, avec Benoît Frachon, au bureau politique.

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Pour la suite, voici ce que note Wikipédia :

« Après avoir été élu conseiller municipal de Juvisy puis député de la circonscription de Corbeil en 1932 et de celle de Longjumeau en 1936, il devient conseiller municipal à Athis-Mons en 1939.

Député membre du groupe ouvriers et paysans français il est arrêté le 8 octobre 1939, déchu de son mandat le 21 janvier 1940, et condamné le 3 avril 1940 par le 3e tribunal militaire de Paris à cinq ans de prison, 4 000 francs d’amende et cinq ans de privation de ses droits civiques et politiques pour être resté fidèle à la ligne du Parti communiste et ne pas avoir dénoncé le pacte germano-soviétique. Interné à la maison d’arrêt du Puy, il est ensuite transféré à Maison carrée en Algérie. Libéré après le débarquement allié en Afrique du nord, en 1943, il se consacre en particulier à la reconstitution des syndicats d’Alger puis est proposé au Général de Gaulle comme commissaire à la production industrielle dans le Comité Français de Libération Nationale».

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Lucien Midol, avec Waldeck Rochet, secrétaire général du PCF (1961-1964). DR.

Mais De Gaulle refusera sa nomination.

A la Libération, il reprend son activité de dirigeant du mouvement syndical et du PC.

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 Lucien Midol (DR)

A sa mort, à l’âge de 96 ans, il était le président de l’amicale des vétérans du PCF.

Nous avons rencontré, au mois de mars dernier, madame Paulette Midol, la belle fille de Lucien, marié à son fils cadet René. A 90 ans, cette dame qui vit dans un foyer logement des Lilas, en région parisienne est dotée d’une mémoire prodigieuse, d’une fraîcheur d’esprit étonnante et nous a livré des des souvenirs précieux sur son beau-père. Elle nous a également confié des documents photographiques inédits. Elle voue une grande admiration à son beau-père qu’elle appelle encore « papa » (lui-même la considérant comme sa fille….). D’ailleurs, à la retraite, devenu veuf, il a vécu de nombreuses années chez Paulette et René à La Courneuve. C’était le temps de la création de l’A 89 et il se rendait souvent sur le chantier de cette autoroute qui l’intéressait du fait de sa formation initiale d’ingénieur. Madame Paulette Midol le décrit encore aujourd’hui comme quelqu’un de modeste, courageux et serein. Il prenait d’ailleurs le bus pour se rendre, en sa qualité de député, à l’Assemblée Nationale! Ses indemnités de parlementaire étaient perçues par le PCF qui lui en reversaient une part qu’il devait fixer lui-même! Mais il réclamait peu!Il a d’ailleurs donné sa maison d’Athis Mons à son parti qui, ensuite, l’a revendue à la municipalité afin d’y édifier des logements sociaux.

Toute la famille Midol a participé à la résistance : l’épouse de Lucien a été emprisonnée à Rennes pour ses activités. Son fils Maurice et son épouse Antoinette ont déployé leurs activités politiques clandestines aux Halles à Paris; René et son épouse Paulette en Haute-Vienne, à Limoges. Miraculeusement, toute la famille devait se retrouver avec joie, à la Libération ! Quelles que soient les opinions politiques des lecteurs de cet article, il sera aisé de nous accorder pour reconnaître qu’il s’agit là d’une famille exceptionnelle!

La semaine prochaine nous évoquerons le second Lucien Midol, neveu du premier, qui habita lui,avec sa famille, 37 rue de Belfort et qui, enfant, fut élevé avec l’artiste peintre verrier André Seurre…..(voir notre article précédent).

 

 

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