Les inondations à Besançon, autrefois, vues des Chaprais.

Les inondations à Besançon, autrefois, vues des Chaprais.

Après les inondations, à Besançon, que nous venons de subir, et en attendant la prochaine, jetons un regard sur le passé.

En 1876, un « employé secondaire de 1ère classe des Ponts et Chaussées », un dénommé S.E.HYENNE, devient le lauréat du concours d’histoire de l’Acadélie de Besançon, avec son étude intitulée : Ephémérides des principales inondatios de la rivière du Doubs survenues à Besançon depuis le XIII° siècle. Il  recense ainsi 28 dates, dont la première remonte au…2 janvier 1290!

Nous possèdons un témoignage de la crue du 26 janvier 1789, rédigé par le curé de Saint Martin de Bregille du nom de Bascoffe dans le registe des actes paroissiaux de son église. Rappelons tout d’abord que cette église a précédé l’église Saint Martin des Chaprais. Elle a été rasée sur ordre du général Marulaz afin de permettre de défendre la ville, derrière ses remparts, lors du siège des autrichiens de 1814! Il s’agissait alors d’avoir une vue dégagée afin de voir progresser l’ennemi et de tirer des boulets de canon. Cette église aurait été située près de la gare actuelle de la Mouillère?

« L’an 1789, le dimanche 25 janvier, jour de la conversion de Saint Paul, il courut un vent impétueux durant la journée presque entière, tombant de la pluie de tems en tems, il fit la nuit suivante et le lendemain un tems à peu près égal. L’air était assez doux: toutes ces causes déterminèrent si promptement la fonte des neiges (il en était prodigieusement tombé en cette année) que dans la nuit du lundi au mardi la rivière du Doubs s’enfla si fort que le pont de Bregille refait depuis dix ans seulement, a été, dans presque toute sa longueur, entraîné par la rapidité des flots; on voyait quantité de bois, meubles et autres effets entraînés au gré des eaux. Elles sont montées à hauteur de près de trois pieds (un peu moins d’un mètre) dans l’église paroissiale et dans la sacristie, elles en ont déplacé la plus grande partie des sièges, coffres et armoires. La maison curiale, quoique plus éloignée du Doubs, n’a pas été exempte de l’inondation : il y a environ un pied d’eau dans toute la longueur du rez de chaussée. plusieurs maisons du bas de Bregille ont  éprouvé plus ou moins le même sort. Les pertes que ce débordement a occasionnées dans la ville sont encore inestimables. On n’a pas souvenir, de mémoire d’homme, d’avoir vu ni d’avoir ouï parler d’un débordement semblable. Ecrit ce jour d’hui 3 février, 8 jours après le désastre. »

Un siècle plus tard, le 11 octobre 1889, Le Petit Comtois relève, en page 3 :« … Ce matin à 4 h la crue est arrivée à son maximum. La promenade Micaud est en partie recouverte par les eaux et l’eau recouvrait de sa plus grande hauteur, les piles du pont Saint-Pierre. »

Dans son édition du 12 octobre 1889, page 2, on peut lire :  » La crue du Doubs un épisode.

Malgré l’arrêt de la crue du Doubs, la pluie qui ne cesse de tomber à torrents permet de supposer qu’une recrudescence ne tardera pas à se produire.On ne cite jusqu’à présent aucun accident. Grâce aux précautions prises les pertes matérielles à Besançonne seront pas très considérables.

Nous devons signaler un incident qui, hier matin, a causé un moment d’émoi dans le quartier de la Mouillère. Tous les bisontins connaissent cette grande prairie qui se trouve en contrebas derrière les écuries Werlein et qui paraît si dépaysée au milieu des constructions qui l’entourent; dans cette prairie, un ancien aubergiste, M. Marchand, âgé de 73 ans, a construit une petite maison élevée seulement d’un rez de chaussée.

Quand l’eau gagna la promenade Micaud, des filtrations se firent près du milieu du pré qui peu à peu se couvrit d’eau. Avant hier soir, M. Marchand déménagea ses meubles ne laissant que son lit et envoya son fils et sa femme coucher sur un terrain plus solide, chez un ami; quant è lui, il resta dans son logement.

Hier matin, en s’éveillant il s’aperçut que l’eau avait pénétré dans sa chambre et se trouvait au milieu de son lit : il prit peur et se mit à crier au secous. ses cris mirent l’alarme dans le quartier : un horolger habitant la rue de la Mouillère, M. Muller, se porta au secours de son voisin et, en ayant de l’eau jusque sous les bras, arriva près de lui et l’aida à sortir sain et sauf de ce mauvais pas. »

Nous n’allons pas nous étendre sur la grande crue des 20 et 21 janvier 1910 qui a fait l’objet de nombreuses photographies et cartes postales. Retenons celles qui suivent, en particulier cette photo de L. Bevalot de l’inondation près du Grand Hôtel des Bains et d’une carte postale.

L’hôtel des Bains en janvier 1910
Photo L. Bevalot

inondations 1910 hôtel des Bains 3

 

inondation 1910 pont saint pierre

M. Alain Prêtre nous a également communiqué des photos qu’il a réalisées au gré de diverses crues, ces dernières années, en 1983 et 1990,  nous rappelant, s’il en était besoin, que malgré et à cause de l’eau qui coule sous les ponts de Besançon, le phénomène des inondations se reproduira, pour sûr!

Crue du 27 mai 1983

27 Mai 1983, passerelle Denfert Rochereau Photo Alain Prêtre (DR)

inondation Passerelle 27 mai 1983 02 (2)

 27 mai 1983 Photo Alain Prêtre (DR)

Crue du Doubs 17 février 90

17 février 1990 Photo Alain Prêtre (DR

inondations canal et Doubs pont de la Republique 02 1990 (2)

17 février 1990 Photo Alain Prêtre (DR)

Sources : Le Petit Comtois et cartes postales : site Mémoirevive, ville de Besançon, bibliothèque municipale; Alain Prêtre.

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