La manufacture de bonneterie DRUHEN, rue de la Liberté

La manufacture de bonneterie DRUHEN, rue de la Liberté

Dans le cadre de l’examen du passé industriel des Chaprais, nous avions consacré un billet, Le 20 avril 2013, sur ce site, à la manufacture Victor Druhen. Nous posions la question du devenir de cette entreprise, suggérant qu’elle avait pu disparaître au cours de la crise de 1930. D’après l’étude de M. Daclin « La crise des années 30 à Besançon », on comptait alors 90 salariés (contre 150 à la fin du XIX° siècle).  

courrierdruhenMais l’entreprise n’a pas disparu à l’occasion de cette crise puisque nous avons retrouvé des factures de cette manufacture datées de 1949, 1951 et 1953 sous la raison sociale de Manufacture de bonneterie « M. Druhen successeur de Victor Druhen ». Par ailleurs, Lionel Estavoyer, historien, dans son ouvrage consacré à Besançon autrefois, précise que cette entreprise était située au 9 rue de la Liberté. Or ces mêmes factures  indiquent les numéros 8-10. Il est cependant difficile de se prononcer car le numéro 9 a disparu et les 8-10 sont occupés par un

A l'emplacement de la manufacture Druhen est édifié un immeuble d'habitation

L’immeuble d’habitation du 8-10 rue de la Liberté

immeuble d’habitation moderne (surtout des studios).

Au 10 rue de la Liberté, aujourd'hui est édifié un immeuble d'habitation

Le n° 10 rue de la Liberté aujourd’hui

 

 

Une publicité datée de 1923 indique qu’il y était fabriqué des sous-vêtements pour dames et enfants, des cotes suisse et anglaise, des camisoles, cache-corsets, brassières, culottes, combinaisons, ceintures, etc. Et des tissus extrafins pour ganterie et corsets, qu’on y faisait des teintures et apprêts, des suedés et mercerisés.

Une publicité parue en 1923 indique l'entreprise au 10 rue de la Liberté

Publicité de 1923

Les suedés étaient des tissus dont la finition était brossée ou grattée afin qu’ils ressemblent à du daim.

Quant aux mercerisés, le terme provient de son inventeur, John Mercer qui en 1844 a eu l’idée de traiter des fibres de coton avec de la soude caustique; ce qui leur donne un aspect lustré mais qui les rend plus solides et plus réceptifs aux teintures (on parle de mercerisation).druhenfacture

Revenons à l’entreprise d’origine fondé par V. Druhen.Dans « Les débuts du mouvement syndical à Besançon » de l’historien Jean Charles (éditions sociales), il signale la grève de 1896 des ouvrières de la fabrique de bonneterie Druhen qui demandent la suppression des amendes qui leur sont infligées sous divers prétextes. Il publie le document qu’il a pu retrouver  » qui, en cette occasion servit de base à la discussion avec la direction de l’usine ». Et Jean Charles précise « Nous en avons respecté le style et l’orthographe ».

 » Toute ouvrière qui arrivent en retard d’une minute est frappée d’une amende de 0fr10 (l’horloge, soit dit en passant, est toujours en avance).

Pour le fait d’avoir détourné la tête ou causé à une autre ouvrière, cela même pour demander un renseignement qui concerne le travail, amende : 10 centimes.

Pour être allée au lieu d’aisance sans s’être au préalable muni d’une carte qui constitue l’indication qu’elle s’est rendue en ce lieu, amende : 10 centimes; pour le fait d’y avoir séjourné plus que le temps jugé nécessaire par la surveillance : 10 centimes.

Si une ouvrière à la mauvaise inspiration de protester contre la fréquence des amendes etr la partialité avec laquelle elles sont infligées, elle se voit infliger une amende variant d’un à deux francs.

La moyenne des retenues effectuées sur les salaires des ouvrières du fait des amendes indiquées ci-dessus équivalent au chiffre de 80 à 100 francs par année…

Le gain des ouvrières varie suivant leur habileté d’un à deux francs par jour.

Les ouvrières sont responsables de toutes les dégradations survenues aux machines qu’elles emploient, de même qu’elles sont tenues à payer les déchets de coton et de laine… »

Et Jean Charles d’ajouter : « Ce texte dans sa sobriété est un terrible réquisitoire ».

Il n’est pas précisé quels furent les résultats de cette grève.

Voir l’histoire des Chaprais au XIX° siècle

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