Je me souviens de la SIOR : entretien avec M. Michel Arbey, ancien cadre

Je me souviens de la SIOR : entretien avec M. Michel Arbey, ancien cadre

A bientôt 90 ans, M. Michel Arbey peut évoquer son passé avec une mémoire quasi infaillible et une certaine fierté ! Pourtant, «  il n’en rajoute pas » comme l’on dit souvent.

michel arbey

Mais jugez plutôt !

Né à Besançon le 15 août 1927, il doit, à 15 ans et demi, pour des raisons impérieuses, quitter l’école d’horlogerie où il est en formation pour travailler dans une entreprise d’horlogerie qui fabrique des boîtes de montres en or et en acier chez Albert Edgard alors installé 11 rue de la Grette. Entré le 1er janvier 1943,  il y travaille jusqu’au 30 avril 1945. Puis  Beauchêne et Bredillot lui proposent de l’embaucher afin qu’il termine, son apprentissage du 2 mai 1945 au 5 décembre 1946. Il  enchaîne, aussitôt par un emploi chez Bourgeois, embauché par le directeur technique M. Robert Bouchet. Mais il doit  quitter cet emploi le 28 juin 1947 afin d’accomplir ses obligations militaires comme mécanicien dans l’aviation à la base de Dijon. Et dès sa libération le 15 juin 1948, il entre directement à la Société Industrielle d’Outilleurs réunis (SIOR) créée le 8 novembre 1947 par M. R. Bouchet, l’ancien directeur technique de chez Bourgeois, M. Marcel Brun outilleur à la Société Industrielle de Fabrication d’Outil de Précision (SIFOP), M. Gaston Régnier également outilleur à la SIFOP et M. Henri Leidelinger, quincailler à Fraisans et qui possédait un élément clef dans cette France à reconstruire après la guerre une autorisation alors indispensable pour acheter de l’acier. Nous sommes alors en juin 1948 ; l’entreprise vient de s’installer dans un atelier 95 rue de Belfort.

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Commence alors l’aventure formidable de la SIOR dans le quartier des Chaprais, puisque si l’entreprise déménage en 1956, c’est pour une usine nouvelle construite par ses soins au n° 20 de la rue des Jardins. Elle y restera jusqu’en 1993 année de son transfert définitif dans l’agglomération bisontine, à Chaudfontaine, où la SIOR en 1978 avait déjà commencé à aménager un atelier afin d’y transférer certaines de ses fabrications. La rue des Jardins avait alors perdu son dernier maraîcher, les jardins ayant été grignotés les uns après les autres par des constructions d’immeubles. Voir l’article sur l’histoire de la SIOR aux Chaprais

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Au sein de cette SIOR qui évolue, M. Michel Arbey évolue lui aussi. A 22 ans il est déjà, dans la classification professionnelle de l’époque reconnu comme Ouvrier professionnel 3° niveau (OP 3).  Ce qui a toujours été considéré comme le niveau envié des outilleurs.

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Le 2 octobre 1966, il devient cadre : il assure alors, à la tête d’une équipe comprenant des mécaniciens et des électriciens l’entretien (nous dirions aujourd’hui la maintenance) du parc de quelques 50  machines. Il est devenu une sorte de « roi de la mécanique » établissant le diagnostic des pannes et donnant les instructions pour leur réparation. Il s’implique alors dans la formation des jeunes qui sortaient d’école, dans les jurys de CAO auxquels ont toujours participé les professionnels. Il accompagne également des équipements commandés à l’étranger, comme en Allemagne afin de veiller à leur mise en route.

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L’heure de la retraite sonnera en le 30 août 1987. Commencera alors pour ce père de famille de trois enfants, grand-père, arrière, arrière-arrière, veuf puis remarié, l’ère des voyages, des randonnées, avec l’ascension du Mont Blanc pour ses 70 ans, accompagné de son épouse, et des treks à l’étranger.

Cette vie professionnelle bien remplie, ces activités physiques mais aussi son art du bricolage dans l’aménagement d’une grande maison à Saint-Vit, nous incitent à penser que cet homme là est du bois à faire des centenaires !

Illustrations : photos tirées de l’ouvrage METALIS, 75 ans d’aventure humaine publié en 2012. Tous droits réservés.

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