Jacques Charrière, un abbé, grand Résistant, directeur de journal, habitant les Chaprais

Jacques Charrière, un abbé, grand Résistant, directeur de journal, habitant les Chaprais
La maison de la famille Cornet puis Charrière est située au 9 rue de la Cassotte

La maison de la famille Cornet puis Charrière

Jacques Charrière est né le 7 janvier 1912 à Besançon. Son père, né et décédé à Besançon (1880-1962) était médecin. En 1909 il avait épousé Marie Cornet (1889-1965), fille d’un autre médecin décédé en 1908. Il est à noter que ce dernier (le médecin Cornet) a résidé successivement au 6 rue du Chasnot, au 5 rue des Chaprais puis au 9 rue de la Cassotte, cette grosse maison bourgeoise qu’il fit construire et viendra habiter en 1906. Il en profitera donc peu puisqu’il meurt 2 ans plus tard! Marie Cornet y vivra  avec sa mère Marie Mayoux qui décède l’année du mariage de sa fille, en 1909! Ça va, vous suivez?...

L'abbé Jacques Charrière préside la dernière conférence de rédaction de Cité Fraternelle fin 1967

L’abbé Jacques Charrière, lors de la dernière réunion pour le dernier n° de Cité Fraternelle

Jacques était l’aîné de quatre enfants. Rien ne le disposait à la prêtrise puisque son père était plutôt anticlérical. Mais il semble que sa rencontre avec l’aumônier du lycée Victor Hugo (dans lequel il était élève), l’abbé Jean Flory (1886-1949) décida de son destin! Mr. Dominique Lambert a consacré une thèse universitaire à un hebdomadaire catholique franc-comtois « Cité Fraternelle » que dirigea précisément Jacques Charrière à la Libération. Il consacre donc plusieurs pages à ce dernier. Après l’obtention de son baccalauréat, Jacques Charrière entame, sur les conseils de l’abbé Flory, après un passage à la khâgne du lycée du Parc à Lyon, des études d’Histoire. Puis, sa licence obtenue, de 1936 à 1939 il se prépare au sacerdoce aux Carmes à Paris (où il retrouva l’abbé Jean Garneret, un ancien du lycée Victor Hugo de Besançon). Officier durant la guerre, sur la Somme, il fut le seul des 17 officiers de son régiment (le 60° RI) à n’être ni tué ou blessé ou fait prisonnier! Il est ordonné prêtre le 4 avril 1942 et rejoindra Besançon dès juillet. Il est nommé professeur au collège Saint-Joseph. Dès mars 1943, il rencontra le chef de la Résistance, le colonel MAURIN qui le chargea d’un secteur entre Loue et Lison. Il devint alors l’adjoint de Justin Bérion, directeur d’école à la retraite, chef de bataillon de réserve. Et ce sous le nom de lieutenant Valbert. Ce fut sous ce pseudonyme qu’il écrira plus tard, des livres pour la jeunesse, pour les scouts : Jean Valbert. » A l’approche de la 1ère Armée française, une compagnie de marche à cinq sections fut constituée et placée sous son commandement. » Son maquis dissous au camp du Valdahon à la mi-septembre, il choisit de s’engager dans la 1ère Armée et » participa aux combats de la libération du nord de la Franche-Comté puis de l’Alsace avant de prendre part à la campagne d’Allemagne où il séjourna 5 mois. »

Cité Fraternelle paraît à l'automne 1944: la une austère de ce premier n°

La « une » du premier n° de Cité Fraternelle

De retour en Franche-Comté, à la demande de Mgr Dubourg, il prendra les rênes de l’hebdomadaire Cité Fraternelle dont le premier numéro sortit le 26 novembre 1944. Le directeur en était un avocat en vue sur Besançon, maître Billey qui assurait alors la présidence du Comité Départemental de Libération (CDL) et  était président diocésain de l’Union des Catholiques. Mais alors qu’il avait affirmé dès le premier numéro : « Le journal ne fera pas de politique, du moins au sens habituel où l’on entend ce mot ».lors des élections du 21 octobre 1945 (en fait, il s’agit d’un double scrutin: un référendum sur l’Assemblée Constituante et l’élection de cette assemblée), mr Billey penche nettement, dans un éditorial publié alors, pour les modérés de droite, contre le MRP. Si bien qu’il sera poussé à la démission et remplacé par l’abbé Jacques Charrière qui manifestera à plusieurs reprises ses sympathies pour le MRP. En qualité de directeur ou de rédacteur en chef, Jacques Charrière fut l’âme de ce journal jusqu’à sa disparition  le 23 décembre 1967 pour des raisons financières.

Cité Fraternelle disparaîtra en décembre 1967

Le dernier numéro de Cité Fraternelle

Pourtant l’abbé qui habitera jusqu’en 1990 le logement du rez de chaussée du 9 rue de la Cassotte ne ménagea pas ses efforts, y compris en engageant une partie de ses deniers personnels pour faire vivre ce journal (prêt d’un million de francs en 1963 et caution d’un prêt du Crédit Lyonnais de 3 millions).

Jacques Charrière a écrit 4 romans pour les scouts sous son nom de Résistant : Jean Valbert

Les livres de Jean Valbert, nom de Résistance de Jacques Charrière

Parallèlement, l’abbé était aumônier de province des Scouts de France dès 1947 puis des Scouts d’Europe en 1951. Il a publié dans la collection Signes de Piste 4 romans à succès pour les jeunes : Grand Jeu en 1952, Les compagnons de la Loue en 1954, Matricule 152 en 1958 puis Échec au Roi. Il n’hésitait pas à revêtir son uniforme de commandant afin de lancer les grands jeux de piste des scouts!

Jacques Charrière est décédé il y a 20 ans, le 30 septembre 1994. Il était médaillé de la Résistance et Officier de la Légion d’Honneur. On peut se reporter à l’hommage publié pour les 20 ans de sa mort sur le site Jeuxdepiste.

Sources : Archives diocésaines, thèse de Dominique Lambert sur Cité Fraternelle (publiée en 2007 par les Presses Universitaires de Franche-Comté, encore disponible), Christian Mourey pour le domicile, Roger Chipaux, généalogiste pour les renseignements familiaux.

 

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