De la rue Delavelle Victor, notaire, à Victor Delavelle, Maire…

De la rue Delavelle Victor, notaire, à Victor Delavelle, Maire…

Dans un article précédent publié le 24 décembre 2016, nous avons essayé de dresser le portrait de Victor Delavelle, maire de Besançon de 1881 à 1884. Afin d’illustrer cet article, la photo de la plaque indiquant la rue Delavelle avait été insérée. Et deux chapraisiens plus attentifs que nous (encore merci à eux…) avaient signalé les contradictions entre les deux  plaques comme vous pouvez le constater sur ce photomontage de Guy Renaud, membre du groupe Histoire, Patrimoine, Mémoire des Chaprais. Côté Denfert Rochereau, Victor Delavelle est notaire et serait mort en 1919; alors que la date de son décès est 1907, le jour même de son anniversaire! Plus bas,  au coin de la rue Krug, Victor Delavelle était signalé comme maire de Besançon durant moins de 4 ans. Bref, au début de la rue, nous avions un notaire! Au bout de la rue, un Maire! Belle carrière en quelques pas!

Delavelle (Victor Aristide) maire de Besançon

Portrait peint de Victor Delavelle figurant dans la galerie des maires, à l’hôtel de ville (aujourd’hui inaccessible au public)

 

 

 

Comme nous l’avons indiqué dans cet article précédent, nous avons alerté la ville début janvier 2017 de cette incongruité. Et nous avons été aussitôt entendus puisque au début de ce mois de février, de nouvelles plaques ont été apposées. Merci donc à madame l’adjointe à la voirie Marie Zéhaf et au directeur de la voirie, M. Daniel Mourot. Vous dire que les habitants de cette rue dorment mieux depuis…serait abusif! Mais l’histoire de la ville y trouve son compte en précision.

Les 4 panneaux d'indication de la rue Delavelle, avant début février 2017, aujourd'hui...

Etes-vous tombé(e) dans le panneau?Photomontage Guy Renaud.

 

Nous indiquions dans cet article que « Victor Delavelle comme plusieurs de ses successeurs étaient des membres éminents voire des responsables de la loge maçonnique bisontine Sincérité, Parfaite Union et Constante Amitié Réunies, loge alors très influente« .

Or un lecteur nous signale l’article consacré à Victor Delavelle dans le « Dictionnaire biographique du département du Doubs » (éditeur : Arts et Littérature s.a.r.l.) de Max Roche et Michel Vernus qui écrivent, P. 145, entre autres :

… »Beau-frère de Jules Gros, il participa à la fondation en août 1883 du Petit Comtois, journal opportuniste, qui devint franchement radical. Il fut le premier directeur de ce périodique.

Malgré les apparences, il ne fut sans doute pas franc-maçon, car il eut des obsèques religieuses à St Pierre de Besançon le 18 mars 1907. »…

La question concernant son appartenance ou non à la franc-maçonnerie pourra paraître secondaire à beaucoup de nos lecteurs. Mais une question peut-être plus intéressante pourrait être posée. A cette époque, un enterrement religieux était-il un marqueur suffisant pour juger de cette appartenance ou non?

Dans un ouvrage collectif intitulé : »  250 ans de franc-maçonnerie à Besançon (1764-2014″) publié aux éditions du Belvédère, les auteurs indiquent, dans un chapitre intitulé « L’anticléricalisme, une spécificité française », p.98,

 

Photo de couverture du livre 250 ans de Franc-Maçonnerie à Besançon

 … »Au Grand Orient de France, en 1877, on supprime de la constitution la phrase : « La franc-maçonnerie a pour principe l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme ». Il devient libéral et sans dogme prônant l’absolue liberté de conscience. Coup de tonnerre dans le monde maçonnique qui rend cette obédience « irrégulière » aux yeux de la toute-puissante Loge unie d’Angleterre. Le pape Léon XIII par sa lettre encyclique Humanus genus du 20 avril 1884, aux accents médiévaux, s’en prend violemment aux francs-maçons.

Partout, les frères maçons-travail de fourmis-, dans leurs ateliers contestent de plus en plus fort l’action séculière de l’Eglise. On veut plus spécialement l’école gratuite, laïque et obligatoire (pour les plus jeunes) et tout faire pour diminuer, sinon anéantir, l’action du clergé en ce domaine particulièrement sensible. »…

 

Le Petit Comtois, dans son édition datée du 19 mars 1907, rend compte en première page et en page 2 des obsèques de Victor Delavelle :  » Dès 9 h 30, une nombreuse assistance se pressait dans la Grande Rue devant le domicile mortuaire de l’ancien maire de Besançon. Dans un des appartements du premier étage, une chapelle ardente, garnie de fleurs et de couronnes, était installée.

Autour du cercueil, tandis que les nombreux amis du défunt défilent respectueusement, quelques sœurs de la Charité récitent les prières liturgiques. A 10 h le clergé de la paroisse Saint Pierre vient procéder à la levée du corps et prononcer les rituelles psalmodie des morts »…

Photographie de la "Une" du quotidien Le Petit Comtois annonçant les obsèques de V. Delavelle

La « Une » du Petit Comtois du 19 mars 1907

 

Les autorités religieuses de Besançon auraient-elles été aussi présentes si Victor Delavelle avait appartenu à la franc-maçonnerie ?

Nous vous laissons le soin de conclure!

Sources : outre les deux ouvrages cités que l’on peut se procurer en librairie, archives municipales de Besançon, Mémoire Vive.

Voir la page consacrée à la rue Delavelle

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