Les Lumières de la Ville et les Chaprais

Les Lumières de la Ville et les Chaprais

Eh non! Nous n’allons pas évoquer dans cet article les illuminations de noël en cours d’installation en ville! Mais plutôt une très belle exposition en cours aux Archives Municipales de Besançon intitulée LES LUMIERES DE LA VILLE ?  Vivre à Besançon au XIX° siècle (1815-1914).

expo 2

Bien sûr, il est beaucoup question de la Boucle, puisque les Chaprais n’ont vu leur développement réel que dans la seconde moitié du XIX° siècle. Mais compte-tenu de cette longue période de l’histoire illustrée ici (un siècle), les Chaprais ne pouvaient être totalement ignorés par les archivistes de la ville. Les Chaprais font en effet partie de ce que l’on appelle alors la banlieue, même si, rappelons le, notre quartier est intégré à la ville (en repoussant les barrières des octrois), en 1880. Il comptait alors 2 871 habitants en 1876 et     5 818 en 1886 ( 56 511 habitants dans la ville) . Et les octrois sont bien évoqués comme « source de revenus pour la municipalité » ( 500 000 francs en 1870). Les barques lavandières ne sont pas oubliées et dans le catalogue remis gracieusement à chaque visiteur (ainsi que des reproductions de vieilles cartes postales de l’époque) une très belle photo est reproduite p.72 de celles installées quai de Strasbourg, au débouché du vallon de la Mouillère.

Photo des barques et des lavandières, quai de Strasbourg, au début du XX° siècle

Il a été choisi, à propos du développement de la ville et des Chaprais en particulier, d’évoquer La Société pour l’Amélioration des Chaprais fondée en 1887.

bulletin de la société syndicale pour l'amélioration des Chaprais

Les archives municipales possèdent à son sujet quelques documents dont la déclaration de la société en mairie et préfecture. C’est le Préfet qui sollicite le Maire de Besançon (alors M. Nicolas Bruand élu en 1884 et qui décédera en 1888) afin que celui-ci donne son avis sur cette association. Le maire va alors, dans sa réponse au Préfet, critiquer cette association qui ne cesse de revendiquer, susciter des articles dans la presse locale et pétitionner.

statuts société syndicale Chaprais

La réponse de la mairie à cette agitation prendra la forme d’une lettre de deux pages, reproduite à la machine à alcool et donc vraisemblablement distribuée à de nombreux exemplaires.

réponse N Bruand à soc Chaprais

réponse de N Bruand à la soc Chaprais suite

Cette lettre figure dans la vitrine de l’exposition et dans le catalogue de l’exposition à la page 29. Mais une petite erreur de légende s’est glissée et dans l’exposition et dans le catalogue (nous l’avons, bien sûr, signalée…). Car cette lettre est présentée comme émanant de la société alors qu’il s’agit de la réponse de la mairie. En voici la version au clair.

La Société pour l’Amélioration des Chaprais a fait signer une pétition au Ministre dans laquelle elle expose « que ce quartier est privé d’eau, dégoût, de chaussée pavée ou macadamisées, de trottoirs, etc. ».

Il paraît difficile de dénaturer à ce point la vérité.

Personne n’ignore que les Chaprais sont alimentés par les eaux de Bregille, Fontaine-Argent et Aglans, qu’il existe dans ce faubourg 14 bornes fontaines plus rapprochées entre elles que celles de la ville ; deux poteaux de puisage et plusieurs fontaines monumentales ; qu’il y a 1 800 m d’égouts et trottoirs asphaltés et 20 000 m au moins en gravois, avec ou sans bordure, enfin que toutes les rues sont pavées ou macadamisées et qu’il n’y en a aucune sur sol naturel.

Les pétitionnaires prétendent que la Ville s’est engagée à affecter les produits de l’octroi à l’amélioration des Chaprais.

Aucun engagement de ce genre ne peut avoir été pris. Si la ville consacrait à l’amélioration de chaque quartier les produits de son octroi elle aurait aucune ressource pour faire face aux dépenses des services publics, police, voirie, instruction publique, etc.

Mais la ville n’a pas attendu que les Chaprais fussent dans le rayon de l’octroi pour faire les améliorations réclamées dans l’intérêt général de ce quartier. Elle s’est imposée de lourds sacrifices pour les doter de belles rues, de maisons d’écoles, d’une salle d’asile, d’un bureau de poste et télégraphe, d’égouts, de trottoirs, et de près de 10 km de conduites d’eau et de gaz. Depuis 15 ans elle a dépensé près d’un million en améliorations  (non compris sa part dans la construction du pont Saint-Pierre) . Pour environ 300 000 Fr. ont été distribué aux habitants sous forme d’indemnités de terrain. Plusieurs projets parmi lesquels figurent la construction d’une école de filles, seront encore prochainement exécutés.

Cependant les produits de l’octroi, déduction faite de l’entretien afférent aux améliorations ci-dessus, ne s’élève pas au quart de ses dépenses.

Les pétitionnaires cherchent évidemment à créer une agitation dont le but est facile à deviner à la veille des élections municipales. Mais le bon sens de la population saura faire justice d’accusations aussi injustes qu’intempestives.

archives municipales

N’oubliez pas de courir à cette belle et passionnante exposition qui se termine le 16 novembre : vous pouvez y accéder librement du mardi au samedi inclus de 14 h à 18 h, avec possibilité de visites guidées à 14 h 30 le mercredi et 14 h 30 et 16 h le samedi;  puis du 23 novembre au 7 décembre uniquement les samedis à 14 h et 18 h avec visites guidées possibles  à 14 h 30 et 16 h.

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